La Chronique Agora

Bon marché, le pétrole à 100 $ ? (1)

Par Chris Gilpin

Vous vous rappelez quand la plupart des investisseurs professionnels grognaient parce que le baril de brut à 40 $ était "surévalué", que le brut à 60 $ était "insoutenable" et qu’un baril à 80 $ "n’arriverait jamais" ? Mais nous voilà avec un pétrole dépassant les 90 $ — et montrant beaucoup de motivation pour atteindre les 100 $.

Nous pensons que le brut va effectivement franchir les 100 $, et qu’il continuera à grimper ensuite. Certes, le brut pourrait baisser à court terme, mais sa destination finale est claire : des prix bien plus élevés. Ce sont peut-être de mauvaises nouvelles pour l’économie US, mais ce pourrait être de bonnes nouvelles pour vous, si vous êtes correctement positionné. Oui, mais où ? Commençons par regarder l’ensemble du tableau…

Très simplement, la Terre est en train de se retrouver à court d’un cocktail magique : du pétrole qui soit à la fois de bonne qualité et facile à extraire.

Il y a 20 ans, une douzaine de champs produisaient un million de barils et plus par jour. A présent, ils sont quatre, et l’un d’entre eux, le champ Cantarell, au Mexique, dans la Baie de Campeche, est en train de s’effondrer. PEMEX, la société pétrolière nationalisée mexicaine, prévoit que la production de Cantarell déclinera de 14% par an à partir de maintenant. C’est le scénario optimiste. La production réelle du champ, en 2006, a en fait chuté de 26% ! Si les pires craintes de PEMEX se réalisent, Cantarell passera bientôt sous le million de barils quotidiens, ce qui ne laissera plus que trois champs à un million de barils par jour sur la planète d’ici la fin de l’année.

A la place de ces anciens gros producteurs, on trouve des dépôts compliqués et peu économiques : les sables pétrolifères d’Alberta, les schistes bitumineux des Etats-Unis, le pétrole lourd du Venezuela et les ressources d’Arctique. Ces sources non-conventionnelles sont très coûteuses à exploiter.

Pour remettre les choses en perspectives : les réserves pétrolières conventionnelles d’Afrique du Nord peuvent être extraites pour 4 $ le baril seulement. Mais le coût moyen des sables pétrolifères est estimé à 28 $ le baril, tandis que les coûts des schistes bitumineux peuvent dépasser les 40 $ le baril. Inutile d’être un génie de la finance pour voir que plus nous dépendons du pétrole "non-conventionnel", plus les prix devront grimper.

Et vous savez déjà que la concurrence pour acheter ces barils va en augmentant. La Chine et l’Inde se fraient un chemin sur la scène mondiale, et font monter les enchères pour assurer leur part du pétrole moyen-oriental. Un super-tanker plein de pétrole brut est désormais aussi populaire qu’un taxi un jour de grève : tout le monde essaie de le héler.

Nous avons atteint un tournant en termes de fondamentaux offre/demande pour le brut. Même le PDG de Chevron, David O’Reilly, l’a récemment annoncé : "une chose est claire : l’époque du pétrole facile est révolue".

N’importe quel économiste vous dira qu’une fois corrigés en fonction de l’inflation, les prix du brut ont atteint leur sommet en 1980, durant la crise énergétique provoquée par la guerre Iran-Irak. Entre avril et juillet de cette année, un baril de pétrole se vendait 39,50 $. En utilisant les chiffres gouvernementaux US de l’indice des prix à la consommation (IPC), ce prix record pour le baril est estimé à 90 $-102 $, en dollars actuels.   

Mais ces chiffres de l’IPC sont extrêmement douteux.

John Williams, de Shadow Government Statistics, fait partie des spécialistes qui suivent de manière indépendante les données financières afin de tenter de fournir une image plus honnête de l’état de l’économie. Williams a recalculé l’IPC de manière à ce qu’il suive ses versions précédentes — contrairement au gouvernement, qui bidouille la formule chaque fois qu’il le juge nécessaire. A défaut d’autre chose, défaire les nombreux changements appliqués à la formule de l’IPC au cours des ans nous permet de comparer des pommes à des pommes, en matière d’inflation, plutôt que des pommes à des citrouilles génétiquement modifiées.

Si l’on suit l’IPC tel qu’il était calculé en 1980, le taux d’inflation actuel aux USA est 7% plus élevé que l’annoncent les statistiques "officielles". Donc au lieu d’avoir une inflation ne dépassant pas les 3%, comme voudrait le faire croire le gouvernement américain, si l’on se base sur les calculs de Williams, on se rapproche plutôt de 10%.

Nous verrons dès demain ce que cela signifie pour le pétrole…

Meilleures salutations,

Chris Gilpin
Pour la Chronique Agora

(*) Chris Gilpin est membre de l’équipe de recherche sur l’énergie de Casey Research, LLC. Energy. Il contribue également à la lettre d’information américaine Casey Energy Speculator. Et pour en savoir plus sur la hausse des prix du pétrole… et tous les moyens d’en profiter, continuez votre lecture.

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