La Chronique Agora

Le Bitcoin va-t-il retomber à zéro ?

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Son histoire faite de bulles et de krachs a été marquée par la croissance presque continue de l’intérêt que lui portent les investisseurs institutionnels comme les particuliers. La première des cryptomonnaies continue toutefois d’être menacée par son succès…

Voltaire, qui avait vu le Système de Law s’effondrer, avait écrit : « Une monnaie papier, basée sur la seule confiance dans le gouvernement qui l’imprime, finit toujours par retourner à sa valeur intrinsèque, c’est-à-dire zéro. »

Alors que FTX et sa nébuleuse de sociétés satellites, qui étaient valorisé plusieurs dizaines de milliards de dollars il y a encore quelques semaines, ne vaut désormais plus rien, on peut se poser la question de savoir si le Bitcoin, comme toute monnaie-papier va revenir lui-aussi à « 0 ».

Pour cela, revenons au tout début de son histoire.

Une succession de bulles qui éclatent

Officiellement, le Bitcoin est né le 3 janvier 2009, le jour de la publication de son code source. La première plateforme d’échange s’est ouverte en mars 2010, et le Bitcoin changeait alors de mains parmi les rares initiés à 0,003 $ l’unité. La première transaction avec des biens réels eut lieu le 22 mai 2010. Laszlo Hanyecz (l’un des premiers développeurs du Bitcoin) a payé la facture de ses deux pizzas contre 10 000 BTC… soit 30 $.

Sur investing, les cours démarrent le 18 juillet 2010 et vont atteindre la folle valeur de 1 $ pour la première fois le 9 février 2011 – soit 333 fois sa valeur initiale. Quelle aubaine ! Mais en réalité, la cassure de cette résistance va ouvrir la voie à une véritable bulle spéculative.

Le BTC va ainsi connaître une progression exponentielle et atteindre les 32 $ le 8 juin 2011, soit plus de 10 000 fois son cours de départ en seulement 11 mois.

Comme toutes les bulles spéculatives, celle-ci va exploser, et les cours vont rechuter brutalement à 2 $ pour une longue consolidation.

En 2013, une nouvelle bulle spéculative va se développer avec une hausse exponentielle, amenant le cours à 280 $. Cela sera la première étape d’une nouvelle poussée démentielle à 1 245 $. Fin 2017, les cours vont tout aussi brutalement monter à 19 798 avant de s’effondrer vers 3 349 $, en janvier 2019. La suite, tout le monde la connaît : le Bitcoin va faire deux violentes poussées haussières, qui feront culminer son cours à 69 000 $ le 10 novembre 2021.

Depuis ce fameux 10 novembre, les cours chutent et un bitcoin ne vaut, au moment d’écrire ces lignes, plus que 16 200 $ environ. Cela représente une consolidation de plus de 75% depuis le sommet.

Sans être un expert en la matière, les vagues d’Elliott sont réputées aller par 5, que ce soit à la hausse ou à la baisse. Sur le graphique ci-dessus, vous pouvez voir les 4 premières vagues, 2 impulsives baissières et 2 correctives. Pour le béotien que je suis, il manque la cinquième impulsive baissière, qui pourrait ramener les cours à « zéro ».

Le prochain pas pour les cryptos

Pour moi, qui suis resté un observateur (agacé), le Bitcoin est une expérimentation commanditée par l’oligarchie monétaire voulant tester les monnaies numériques, d’une part, et la technologie de la blockchain, d’autre part. Ce premier prototype consommant beaucoup d’énergie a montré ses limites. C’est une Ford T au regard des Ferrari, qui ont vu le jour depuis.

Les cryptomaniaques auront clamé, urbi et orbi, que c’était la monnaie enfin libéré des Etats et des banques, alors que le concept même d’une « monnaie blockchain » est de mémoriser toutes les transactions de l’unité monétaire. Sa version la plus évoluée permettra ainsi d’autoriser ou non des transactions en fonction de critères que définira le maître du jeu.

Depuis le départ, je considère que, lorsque les banques centrales lanceront leurs propres monnaies numériques, les MNBC, elles feront, d’une manière ou d’une autre, un grand ménage dans le bac-à-sable des cryptos libertaires. Or, la Fed de New York a lancé ce 15 novembre une phase expérimentale du e-dollar avec les 12 plus grosses banques américaines. Cette version du e-dollar est destinée à accélérer les transactions interbancaires avec un coût moindre que ceux de SWIFT. Ce ne sera pas encore une monnaie grand public.

La BoJ expérimente pour sa part le e-yen avec les trois plus gros groupes bancaires japonais. C’est dans l’air du temps.

« Crypto » signifie caché, en grec. L’une des sociétés d’audit comptable de FTX, Prager Metis, se targue d’être le premier cabinet comptable dont le siège est dans le métavers, donc dans un univers fictif.

Les récentes faillites retentissantes dans le domaine des cryptomonnaies pourraient entraîner un effet domino dans ce secteur, mais vont certainement entraîner un tour de vis des autorités financières.

Le Bitcoin, qui serait d’après ses fans un hedge contre la chute du Dollar au même titre que l’or, a souffert de la forte hausse du billet vert depuis un an. La correction depuis fin septembre du dollar (visible sur le Dollar Index) n’a permis qu’une consolidation horizontale du BTC.

Simultanément, la chute des actions et des obligations a amplifié une crise de liquidité latente, qui a obligé les investisseurs à vendre leurs positions avec levier sur le Bitcoin. Cela étant fait, en théorie, les mouvements du BTC devraient être moins violents. Néanmoins, le S&P 500 est revenu dépasser les 4 000 points la semaine dernière, alors même que la courbe de la différence entre les taux obligataires à 10 ans et 3 mois annonce une récession sévère à courte échéance.

Comme en 2001, 2008 et 2020, dans un krach boursier, les appels de marge obligent les investisseurs à vendre tout ce qui est liquide. Le Bitcoin ne devrait pas faire exception.

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