La Chronique Agora

Le bitcoin, une monnaie pour les amateurs de scientologie ?

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Quelle est la « valeur » d’un code informatique ouvert ? Celle que la foi des gens lui accorde.

L. Ron Hubbard — ancien auteur de science-fiction — fonda l’église de Scientologie en 1954.

En quoi croient ses adeptes, Tom Cruise, John Travolta et d’autres ?

Selon un article de Business Insider publié en 2015, voici ce à quoi les scientologues souscrivent (y compris au sens pécuniaire du terme)…

« Il y a 75 millions d’années, Xenu, à la tête d’une fédération galactique de planètes, se retrouva face à un problème de surpopulation. Il réunit donc les habitants de différentes planètes… et les congela.

Les corps congelés furent mis dans des vaisseaux intergalactiques qui ressemblaient à des avions de ligne mais avec des moteurs de fusée, et ils furent envoyés sur la Terre pour être par la suite jetés dans les volcans de Hawaii.

Les extraterrestres moururent mais leurs âmes s’envolèrent dans le ciel.

Xenu avait prévu cela.

Comme il ne voulait pas que leurs âmes reviennent dans la fédération de planètes, il fit réunir toutes les âmes par des attrapeurs d’âmes géants qui les mirent dans une sorte de station de lavage pour cerveaux construite par Xenu sur Terre.

Pendant des jours elles subirent un lavage de cerveau et finirent par croire en une réalité fausse.

Elles furent ensuite relâchées. A l’apparition de l’Homme, les âmes s’attachèrent à tous les êtres humains — provoquant des peurs, des confusions, et des problèmes qui empoisonnent l’humanité encore aujourd’hui. »

Attendez, ce n’est pas fini.

Selon Wikipedia (les caractères gras sont de moi) :

« L’histoire de Xenu fait partie des enseignements de la scientologie sur les civilisations et les interventions extraterrestres dans les événements terrestres, collectivement décrites comme un space opera ou opéra galactique par Hubbard. Sa méthode de désintoxication spirituelle est une forme de rééducation appelée ‘audition’, dans laquelle on cherche à revivre consciemment des expériences douloureuses ou traumatisantes de son passé, afin de s’en libérer. Les documents d’étude et les séances d’audition sont disponibles pour les membres en échanges de dons pré-établis. »

Lorsque L. Ron Hubbard mourut en 1986, sa fortune était estimée à 600 M$.

Cela fait beaucoup de dons pré-établis pour des « documents d’étude et des séances d’audition. »

Quelle personne saine d’esprit consacrerait sa vie entière et son argent à quelque chose d’aussi farfelu ?

Les vrais croyants.

En 2009, une personne ou un groupe de personnes se faisant appeler Satoshi Nakamoto lança le bitcoin… un algorithme qui finira par mettre en circulation près de 21 millions de bitcoins.

Qu’est-ce qui attire dans le bitcoin ?

L’anonymat. Une monnaie numérique ou, au choix, un or numérique. Un traitement peer-to-peer (pas de frais à payer à des intermédiaires). Une monnaie qui fonctionne hors des gouvernements, des banques et des institutions financières.

La technologie de la blockchain — avec le registre numérique qui conserve la trace de toutes les transactions en bitcoins — est apparemment la prochaine « révolution. » Cette technologie — à en croire ceux qui s’y connaissent bien mieux que moi — a étendu son domaine d’application pour enregistrer toutes sortes de transactions… et pas uniquement des transactions financières.

Quelle est la « valeur » actuelle de ce code informatique ?

64 Mds$ !

Rien de tel que le succès pour attirer les foules.

Mothership, la monnaie de la scientologie ?

Sur CoinMarketCap, on dénombre aujourd’hui 1 124 cryptomonnaies en circulation.

La grande majorité d’entre elles sont « bonnet blanc et blanc bonnet ». Toutefois, l’une d’entre elles a attiré notre attention : Mothership.

Je me suis demandé si les disciples de L Ron Hubbard n’avaient pas lancé leur propre monnaie numérique pour financer le second avènement de Xenu.

Hélas, j’ai découvert que Mothership a été créé par deux Estoniens en juillet 2017… il y a à peine deux mois.

Actuellement, elle représente une capitalisation de 26 M$. Ce n’est pas une paille. Qu’est-ce qui fait que Mothership vaut cette somme ?

Selon son site web :

« Une cryptomonnaie à la pointe avec un focus spécial sur la sécurité, un excellent service à la clientèle et une grande fiabilité. Mothership fonctionne sur les meilleures infrastructures mondiales et offre un accès ininterrompu 24/7 aux marchés. »

Impressionnant.

Quelle chance ai-je eu de tomber sur la seule et unique cryptomonnaie — sur 1 124 (et ce n’est pas fini) — offrant toutes ces caractéristiques spécifiques !

Trêve de plaisanterie. Le postulat de base de Mothership est ce pourquoi je crois que ces cryptomonnaies (et leurs spin-offs) ne valent certainement pas ce que les gens paient pour les obtenir.

Dans une interview de la semaine dernière, Ray Dalio, fondateur de Bridgewater Associates (le plus grand hedge fund au monde) a déclaré :

« … les cryptomonnaies comme le bitcoin répondent aux critères d’une bulle de marché. Il n’est pas très facile de dépenser des bitcoins ou d’autres cryptomonnaies semblables. Du fait de leur volatilité extrême, ces cryptomonnaies sont donc des ‘réserves de richesse’ bien pauvres comparées à, par exemple, l’or.« 

J’ajouterais à cela qu’il n’y a pas de barrière pour y entrer.

Quiconque maîtrise un peu l’informatique — et ils sont des millions à travers la planète — peut décoder et recoder ou créer quelque chose de mieux et de plus rapide.

Les gens croient-ils réellement que la blockchain est l’innovation du siècle ?

Qu’un génie, qui ne connaît aucune barrière, ne sera jamais capable de créer quelque chose de mieux ?

Là est le point commun entre les scientologues et les acheteurs de cryptomonnaie : leur croyance aveugle.

Peu importe à quel point le concept est fantaisiste — les tulipes ; les émeus ; l’immobilier à Tokyo qui vaut plus que tout l’Etat de Californie ; ceux qui affirment avoir vu Elvis ; des extraterrestres qui jettent des corps congelés dans un volcan — il y aura toujours des gens pour y croire.

Ceux qui jurent leurs grands dieux que l’empereur est nu… sont qualifiés de cyniques et d’incroyants.

D’après mon expérience, ces croyances ont tendance à s’accompagner d’un prix élevé à payer.

L’argent finit généralement dans les poches de ceux qui ont été assez intelligents pour « commercialiser » le mythe.

Plus j’avance en âge, plus la liste de ce en quoi je crois se réduit.

Je crois que le soleil se lève à l’est.

Je crois que l’eau mouille.

Je crois que le fait de se porter candidat à un plus haut poste constitue une raison suffisante pour être déclaré inapte à ce plus haut poste.

Je crois que les banquiers centraux sont incompétents.

Je crois que les crises succèdent aux expansions.

Et je crois que c’est à peu près tout.

Peut-être, quelques-unes des 1 124 cryptodevises peuvent réellement avoir de la valeur, mais bonne chance pour les repérer avant les autres.
[NDLR : les cryptomonnaies sont dangereuses, mais ne passez pas à côté de ce potentiel et investissez quand-même ! Les mineurs avaient besoin de pelles et de pioches, les mineurs numériques aussi. Découvrez lesquelles acheter pour vous enrichir sagement avec la folie bitcoin.]

Et si elles ont de la valeur, cette dernière pourra être un jour réduite à néant par un gosse très intelligent des faubourgs de Pékin, de Delhi ou de Tel Aviv.

Les cryptomonnaies sont une bulle. Elles ont capté l’imagination de ceux qui veulent croire qu’il y a plus derrière cette histoire, se fabriquant une réalité qui n’existe pas.

Aussi invraisemblable que cela paraisse, il y a une chose sur laquelle les scientologues et moi sommes d’accord à propos des personnes…

« Pendant des jours elles subirent un lavage de cerveau et finirent par croire à une réalité fausse. »

Pour ma part, je préfère croire en ce qui a résisté à l’épreuve du temps.

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