▪ Les actions baissent. L’or aussi.
Mais au moins, Tim Geithner a trouvé un emploi. Il peut enfin oublier les bons d’alimentation… et quitter la liste des chômeurs. Le capitalisme de connivence retrouve l’un des siens. Il est de retour à Wall Street, chez Warburg Pincus.
"Lorsqu’ils m’ont contacté, ils voulaient clairement que je joue un rôle substantiel dans la gestion de la société", a dit Geithner au Wall Street Journal.
Que sait-il de la gestion d’un grand fonds de private equity ? Rien. Parfois, cependant, le carnet d’adresses est plus important que le carnet de notes. Cela ne fera pas de mal à Warburg Pincus que son nouveau PDG ait ses entrées à Washington. Et ça n’a pas fait de mal aux banquiers, lorsque la mauvaise dette a explosé en 2008, d’avoir leur pote Tim au département du Trésor. L’histoire montre qu’à l’époque, le président de Goldman, Lloyd Blankfein, a téléphoné à M. Geithner, ancien employé de Goldman, pas moins de 18 fois sur une période de 24 heures. Apparemment, ces appels valaient la peine d’être passés. Geithner est venu au secours de Wall Street quasiment du jour au lendemain… avec 700 milliards de dollars… ainsi que des garanties fédérales valant, selon l’ancien inspecteur général du programme TARP, 21 000 milliards de dollars.
Où un gouvernement qui se trouve déjà dans le rouge… et dont les représentants élus s’opposent obstinément à une hausse des impôts… trouve-t-il ce genre de sommes ? Ah, cher lecteur… mais où étiez-vous ? Nous vivons dans une nouvelle ère de devise expérimentale. L’offre de cash et de crédit peut-être développée facilement, quasi à l’infini — ce qui permet aux autorités de faire ce genre de choses.
▪ Une nouvelle expérience monétaire
A présent, voici le plus remarquable : la devise expérimentale de la période 1971-2013 est désormais menacée par une autre expérience monétaire. Nous l’avons expliqué à notre mère, âgée de 94 ans :
– "Qu’est-ce que les Bitcoins ?" a-t-elle demandé.
– "C’est une nouvelle devise virtuelle. Tu sais, elle a été créée par quelqu’un sur internet. On peut l’utiliser pour faire des achats".
– "Qui l’a créée ?"
– "Personne ne le sait. On dit que c’était un programmeur japonais".
– "Est-ce que tu as un Bitcoin ? Je peux le voir ?"
– "Non, ils n’existent que dans le cyberespace".
– "Mais d’où viennent-ils ?"
– "Il faut les chercher dans le cyberespace, en utilisant un programme informatique, qui limite l’offre".
– "Oh. Eh bien, j’imagine que quiconque à un ordinateur est en train d’en chercher. Combien vaut cette nouvelle monnaie ?"
– "Tout dépend. Elle s’échange librement dans le cyberespace".
– "Mais qu’est-ce qui lui donne sa valeur ?"
– "Rien… sinon que les gens l’utilisent. Nous allons commencer à l’utiliser dans notre entreprise".
– "Mais pourquoi un commerçant échangerait-il ses biens contre quelque chose qui n’a pas de valeur ?"
– "Eh bien… c’est ce qu’on fait déjà avec le dollar".
– "Mais le gouvernement garantit la valeur du dollar. Ils ne se débrouillent peut-être pas toujours très bien, mais au moins ils sont là. Qui garantit la valeur du Bitcoin ?"
– "Personne".
– "Tu veux dire… Personne ne sait d’où est venue cette monnaie. Personne n’en a jamais vu. Personne ne sait ce qu’elle vaut. Personne ne sait où la trouver. Et personne ne la garantit. Ca me semble insensé".
▪ Que faut-il en penser ?
Oui, cher lecteur, des choses étonnantes commencent à se produire.
Lorsque Bitcoin est apparu pour la première fois, nous n’avons pas su qu’en faire. Nous avions considéré le phénomène comme une fantaisie écervelée, perpétrée par des rêveurs fans de nouvelles technologies. De l’argent qu’on ne peut pas voir ? De l’argent qu’on ne peut pas prendre en main ou mettre dans son coffre-fort ? De l’argent qui n’est pas appuyé à un métal précieux… que personne ne garantit ? Cela semblait fou.
Au moins le dollar papier a-t-il en garantie le crédit et l’assurance des Etats-Unis d’Amérique, quoi que cela vaille au final.
L’euro a la BCE et Bruxelles plus ou moins derrière lui.
La livre sterling a la Banque d’Angleterre, le Parlement et la couronne.
Bitcoin ? Rien du tout.
Et pourtant… quelle devise a fait mieux que toutes les autres ? Bitcoin.
Hmmm… Quelle conclusion en tirer ?
Nous n’en savons rien. Notre ami Max Keiser twittait, "Bill Bonner bullish sur le Bitcoin". Mais nous ne sommes pas bullish sur cette nouvelle devise… simplement, elle nous intéresse. C’est-à-dire que nous aimons le Bitcoin comme nous aimons l’or… mais moins. Est-ce que son prix va grimper ? Nous n’en savons rien.
Ce que nous apprécions avec les Bitcoins, c’est précisément ce que les autorités n’aiment pas : elles ne peuvent pas les contrôler. Elles ne peuvent donc pas les utiliser pour dépouiller les gens. Et elles ne peuvent pas les utiliser pour renflouer leurs amis… entretenir les zombies… ou financer des guerres inutiles.
Pas plus qu’elles ne peuvent utiliser Bitcoin pour couvrir leurs déficits ou manipuler l’économie.
Mais attendez… Pourquoi les autorités ne mettent-elles pas en oeuvre leur gigantesque puissance information pour "récolter" des Bitcoins ? De la sorte, si le Bitcoin devenait la monnaie du royaume, elles pourraient encore la contrôler… avec une gigantesque réserve qui leur appartiendrait.
Les dirigeants américains sont-ils trop occupés à espionner les gens ?
Sont-ils trop obtus pour voir le potentiel ?
Sommes-nous en train de manquer quelque chose ?