La Chronique Agora

Le bitcoin dépasse les 60 000 dollars

La reine des cryptomonnaies s’envole vers de nouveaux records pluriannuels…

Que devient le bitcoin ?

Reuters a publié mardi dernier les news suivantes :

« Le bitcoin dépasse les 57 000 dollars grâce à l’afflux de gros acheteurs 

Le cours du bitcoin a augmenté de plus de 10% en deux séances, aidé par la récente divulgation d’un achat récent d’environ 3 000 bitcoins pour un montant de 155 millions de dollar par la société de logiciels MicroStrategy (MSTR.O).  

La première et la plus importante crypto-monnaie en termes de valeur de marché a également été soutenue récemment par l’approbation de fonds négociés en Bourse (ETF) détenant des bitcoins aux Etats-Unis. Lundi, les volumes d’échanges dans plusieurs de ces fonds ont augmenté, et les entreprises liées à la crypto-monnaie se sont également redressées, contrairement aux autres marchés qui sont plus nerveux. 

Aux dernières nouvelles, le bitcoin était en hausse de 4,7% à 57 232 dollars, tandis que l’Ether a atteint 3 290 dollars, son plus haut niveau depuis avril 2022. »

Puis, le lendemain, le mercredi 28 février, le Business Insider a rapporté ceci : 

« Le bitcoin dépasse les 60 000 dollars pour la première fois depuis novembre 2021. 

Il a fait un bond de 18% au cours des cinq derniers jours et de 35% depuis le début de l’année. »

Quel bonheur ! Et maintenant, Ed Snowden… en cavale à Moscou… nous explique sur CNN pourquoi le BTC a tant augmenté.

« Edward Snowden, l’ancien agent du renseignement américain devenu lanceur d’alerte, prédit qu’il sera révélé cette année qu’un gouvernement national a acheté des bitcoins (CRYPTO : BTC) sans le divulguer. 

Ce qui s’est passé : Snowden l’a affirmé dans un message viral sur X (anciennement Twitter), qualifiant le bitcoin de ‘remplacement moderne de l’or’. »

Des origines douteuses

Lorsque la cryptomonnaie est apparue, nous avons pensé qu’il s’agissait d’une idée ingénieuse. Nous avions suggéré à nos lecteurs, à l’époque où il valait près de 200 $, d’acheter quelques bitcoins « simplement pour voir comment cela fonctionne ». Nous avions d’ailleurs recommandé une petite participation de 1% en BTC dans un de nos modèles de portefeuille d’allocation.

Mais à l’époque où le bitcoin est apparu, nous ne voyions pas cela comme un réel investissement… et nous nous sommes même disputés avec nos fils, qui voulaient faire un achat modeste de BTC. La cryptomonnaie semblait être une bonne idée, en théorie. Cela tiendrait-il la route, dans la pratique ? Nous ne le savions pas.

Aujourd’hui, nos fils et les quelques chers lecteurs qui ont ignoré nos conseils sont probablement heureux de ne pas nous avoir écoutés. Si vous aviez investi dans le BTC il y a 18 mois, comme nous l’avions suggéré pour notre portefeuille de base, vous auriez triplé votre argent. Et si vous aviez acheté une seule pièce en 2015 pour 200 $, vous auriez réalisé un gain de 30 000%. Si vous n’avez pas perdu votre argent entre-temps.

De manière générale, la route a été sinueuse pour les joueurs ayant misé sur les cryptomonnaies. Des centaines de monnaies ont été créées, la plupart ont échoué. Mais qui pouvait le prédire ? Parallèlement, l’argent du gouvernement est en train d’échouer, lui aussi. Le vrai argent doit faire ses preuves… non pas en théorie, mais en pratique. Les autorités fédérales peuvent simplement désigner quelque chose comme ayant « cours légal » et l’accepter comme argent comptant… mais seulement tant qu’il se comporte comme de l’argent réel. Si ce n’est pas le cas, les gens cherchent d’autres solutions. Parfois, ils rejettent complètement l’argent du gouvernement, qui devient alors un papier peint coloré ou un revêtement de cage à oiseaux.

Et maintenant, la plupart des monnaies nommées par les gouvernements perdent de la valeur alors que le BTC en gagne. L’inflation est omniprésente dans le monde. C’est un moyen pour les gouvernements d’arnaquer leurs propres citoyens. Au Bangladesh, l’inflation est de 10%, de 45% au Congo, de 29% en Égypte, de 64% en Turquie, de 4% aux Etats-Unis et de 250% en Argentine. Même à 4% par an, les entreprises honnêtes ont du mal à augmenter leurs prix suffisamment vite pour faire face à la hausse des coûts. Les consommateurs s’endettent. Les investissements dans de nouvelles productions diminuent. Et presque tout le monde s’appauvrit, à l’exception des plus malins et des plus chanceux.

Crypto vs. fiat

Comment éviter de se faire arnaquer ? La méthode classique consiste à posséder des biens dont le prix augmente avec l’inflation : terrains, œuvres d’art, actions, diamants et or.

En Argentine, par exemple, les gens prennent leurs pesos et les dépensent aussi vite que possible. Ils achètent du dentifrice ou des parpaings – tout ce qui peut conserver sa valeur. Aujourd’hui, le BTC semble être une autre alternative relativement fiable. Peut-être même une meilleure alternative. Pas d’herbe à couper. Pas de fenêtres à peindre. Pas d’actions à surveiller et pas besoin d’une cachette sûre.

En septembre 2021, le BTC avait l’air d’un si bon pari, que le chef d’Etat du Salvador, Nayib Bukele, alors âgé de 38 ans, en a fait une monnaie nationale. Le Wall Street Journal rapporte :

« Le Salvador devient le premier pays à approuver le bitcoin comme monnaie légale… » 

Il s’agissait d’une décision audacieuse, largement ridiculisée par la presse. Aujourd’hui, Business Insider fait le point sur la situation :

« Le président du Salvador, un jeune de la génération Y, féru de cryptomonnaies, affirme que les avoirs en bitcoins du pays ont augmenté de plus de 40%. » 

Michael Saylor est un autre grand adepte du bitcoin. Il a transformé son entreprise, Microstrategy, en un proxy pour le BTC. Il a emprunté de l’argent pour acheter des bitcoins, à tel point que ses actions reflètent les performances de la crypto-monnaie elle-même.

Nous nous sommes moqués de lui dans ces pages : transformer une entreprise en activité en un pari sur le bitcoin semblait être une erreur. Pour l’instant, cependant, il semble que ce soit de nous dont il faut se moquer.

Mais même aujourd’hui, avec le triomphe du BTC et de Microstrategy, nous n’en sommes encore qu’à dix ans d’expérience du BTC. Et la « valeur » du BTC n’est qu’une information stockée électroniquement. Comment cela va-t-il se passer ? Le BTC s’avérera-t-il un moyen fiable de détenir des richesses ? Ou disparaîtra-t-il complètement lorsqu’un nouveau « bug » se répandra sur Internet ?

Nous examinerons à nouveau la situation, dans dix ans.

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