La Chronique Agora

Bill Bonner ne manque pas de cojones…

** Nous avons vérifié ce matin… pour être sûr.

* Certains de nos lecteurs américains se plaignent de notre point de vue sur l’Irak. On nous accuse d’être un lâche… une mauviette… de manquer de cojones, en d’autres termes.

* Nous avons dû vérifier. Et heureusement, rien n’avait changé.

* Puis nous nous sommes posé la question — quel est le lien ? Les mouches du coche ont-elles de plus grosses cojones que les autres gens ? Nous y revenons ci-dessous…

* Pendant ce temps, dans le monde de l’argent et des marchés, pas grand’chose n’a changé. L’or est à 718 $.

* Au cours actuel, on peut échanger une once d’or pour environ neuf barils de pétrole. Historiquement, le ratio était d’environ un pour 15. Soit le pétrole est trop cher, soit l’or est trop bon marché. Vendez le pétrole… achetez de l’or ? Le côté pétrolier de cette transaction nous semble dangereux. Le côté de l’or est plus sûr. Lorsque les choses commencent à trembler et s’effondrer, les gens se tournent vers l’or pour trouver quelque chose de solide à quoi se raccrocher. Le pétrole, par contre, est glissant.

** Voilà un exemple des lettres que nous recevons :

* "J’apprécie énormément votre point de vue sur les marchés, l’économie et les investissements. Cependant, j’ai quelques remarques à faire sur vos opinions non-financières. Vous dites que les islamistes radicaux sont impuissants parce qu’ils n’ont pas de gouvernement ou d’armées régulières. Est-ce qu’un gouvernement ou une armée régulière a tué plus de 3 000 personnes au World Trade Center ? Est-ce qu’un gouvernement ou une armée régulière a fourni la stratégie, l’entraînement, les explosifs et la détermination nécessaires pour tuer 300 personnes dans les attentats de Madrid — sans parler de ceux de la boîte de nuit en Indonésie. Et au passage, si les attentats du 11 septembre relevaient du domaine criminel, les ‘flics’ n’auraient-ils pas pu arrêter les grandes huiles islamistes en Afghanistan ? Au cas où vous ne le sauriez pas encore, la menace de représailles n’est pas une raison pour ne pas attaquer vos ennemis. Particulièrement lorsqu’ils ont clairement déclaré que leur but est votre mort, et qu’ils travaillent à atteindre ce but. Alors envoyez promener vos amis buveurs de cognac et montrez que vous en avez dans le pantalon !"

* Si l’on essayait d’appliquer une sorte de "logique pure" — ce qui est impossible, nous l’admettons — à ce sujet, où cela nous mènerait-il ? Nos critiques maintiennent que certains criminels sont "spéciaux". Ils sont si dangereux, si puissants, si menaçants que les flics ne peuvent pas s’en charger. Ils doivent être poursuivis par l’armée. Et quiconque n’est pas de cet avis n’est pas un homme !

* Bien entendu, pour l’Américain moyen, la menace actuelle posée par les "terroristes islamistes" est limitée. Tous les jours ou à peu près, quelqu’un est assassiné à Baltimore. Pour autant que nous en sachions, personne n’a jamais été tué par des "terroristes islamistes". Pas une seule personne au cours des 350 dernières années. En toute logique, le risque de meurtre par un chrétien de la mère-patrie — ce n’est qu’une supposition — est une menace bien plus grande. Cependant, on ne constate guère de demandes d’intervention des troupes stationnées à Fort Meade, la base militaire la plus proche de Baltimore.

* Cette menace est différente, selon le groupe con cojones. Et c’est vrai. Mais pour justifier une ‘guerre" — comme la guerre en Irak — il faut également croire à toute une série d’abstractions, de théories, de métaphores et de suppositions :

** Qu’il y a réellement un groupe organisé de "terroristes islamistes".
** Que ce groupe se développe, devenant plus efficace.
** Qu’il continuera à se développer.  
** Qu’il représentera un véritable danger à l’avenir.
** Que ces terroristes en veulent vraiment aux Etats-Unis.
** Qu’ils obtiendront des armes puissantes et apprendront à les utiliser.
** Que les organisations de contrôle international ne peuvent les stopper.
** Qu’une intervention militaire peut les arrêter.
** Que nous — ou quelqu’un d’autre — savons quel genre d’intervention sera efficace.
** Que les effets de l’intervention militaire ne seront pas négatifs.
** Que les dommages collatéraux et les conséquences inattendues ne dépasseront pas les effets positifs.
** Qu’il ne se produira pas de "retour de bâton", qui viendrait en fait aider les terroristes.
** Que les Etats-Unis peuvent se permettre l’intervention ; qu’elle en vaut la peine.
** Que les Américains soutiennent cette intervention — une condition nécessaire pour une vraie démocratie.
** Que Dieu lui-même est de notre côté — une condition nécessaire pour des gens religieux.

* Et ainsi de suite…

* Il est impossible de savoir si toutes ces hypothèses sont correctes ou non. Certaines sont probablement plus ou moins vraies… d’autres sont probablement plus ou moins fausses. Un raisonnement logique consisterait à calculer les probabilités individuelles… en additionnant certaines additionnées… et en multipliant d’autres… afin d’obtenir les probabilités générales concernant la liste entière. Nous n’en savons rien, mais nous supposons qu’un logisticien non-émotionnel — avec cojones ou sans — en arriverait à la même conclusion que Maggie Thatcher. Les guerres ont toujours des conséquences qu’on ne peut pas prévoir. Dans celle-ci, il y avait trop"d’incertitudes", avait-elle dit.

* Personne n’a jamais accusé Mme Thatcher de manquer de cojones.

* "Les cojones n’ont rien à y voir", déclare un esprit logique. Mais elles ont tout à voir, selon nous. Les chances de voir l’intervention militaire rendre le monde meilleur sont probablement plutôt minces. Dans tous les cas, elles sont certainement impossibles à définir. Une personne rationnelle ne voudrait probablement pas utiliser la force militaire — tuant des milliers de gens innocents… mettant des millions d’autres en danger… et dépensant des milliards de dollars — à moins d’y être forcé… 

* … ou de le vouloir.

* Les critiques de la guerre en Irak n’apprécient pas les cojones à leur juste valeur. Les critiques pensent que les partisans de la guerre ont fait une erreur. Ils essaient de discuter… d’opposer la raison à leurs ennemis… Quel gâchis de temps. Ils doivent prendre un peu de recul et observer les gens avec qui ils discutent ; nous regarder, nous.

* Nous avons un cerveau. Mais nous avons aussi des cojones. A l’occasion, nous utilisons le premier… et à l’occasion, nous hurlons à la lune.

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