La Chronique Agora

Bienvenue à Bombay

*** BIENVENUE A BOMBAY
** "Eh bien, c’était bien tant que ça durait", avons-nous pensé sur le trajet nous menant de l’aéroport vers Bombay (désormais appelé officiellement Mumbai).

* Les 1% les plus riches de la population mondiale possèdent 40% des richesses de la planète, lisions nous dans le Hindustan Times hier matin. Et devinez où vivent ces 1% ? En Amérique, au Japon et en Europe, bien entendu. Plus d’un tiers d’entre eux vivent aux Etats-Unis — soit environ 20 millions de personnes faisant partie des 1% les plus riches de la planète. Quasiment un autre tiers vit au Japon — 27%. Le Royaume-Uni et la France, à eux deux, en possèdent environ 11%.

* Pourquoi toute cette richesse s’est-elle accumulée dans ces pays — plutôt que dans les pays dont la population était la plus vaste ? D’innombrables livres et thèses ont été écrits sur le sujet. Nous n’avons pas de réponse toute prête, en ce qui nous concerne — sinon pour souligner l’évidence : l’Europe (et les Etats-Unis) ont pris une longueur d’avance sur le reste du monde lorsque ils ont vécu la révolution industrielle.

* Le Japon — un pays à part, de bien des manières — a découvert ce qui se passait en Occident après que l’amiral Percy a forcé le blocus dans le port de Yokohama au 19ème siècle. Le Japon a réalisé qu’il serait à la merci des impérialistes occidentaux s’il ne trouvait pas le moyen d’utiliser lui aussi les machines modernes. Il s’est donc mis à l’œuvre avec beaucoup d’énergie et de résolution, et ne tarda pas à avoir l’une des armées les plus modernes de la planète. Bien entendu, cela le mit sur un périlleux chemin au début du 20ème siècle, menant à la destruction complète de ses forces militaires, de bon nombre de ses villes et de sa capacité industrielle en 1945. Mais les Japonais se sont remis debout, ont pansé leurs plaies — et en 1990, le Japon avait l’économie la plus moderne, la plus avancée et la plus prospère sur Terre.

* Et nous voilà à Bombay. Tout autour de nous, nous voyons des immeubles résidentiels et des tours de bureaux ; ici, les gens savent faire du ciment. Ils savent comment faire des bombes nucléaires et des moteurs à explosion. Terminée, la lutte des classe. Terminées, les guerres anti-coloniales. Terminés, les "-ismes" qui ont pullulé pendant si longtemps.

* Pourquoi les Chinois ne se sont-ils pas enrichis en même temps que les Japonais ? Parce qu’ils se sont fourvoyés dans une guerre civile, et qu’ils ont ensuite succombé à plusieurs "-ismes" modernes à la mode — le communisme et le maoïsme, pour commencer. Pauvre Inde ; c’est un tel mélange de classes, de castes, de langues et de cultures… Ensuite, elle a dû s’accommoder des colons britanniques, avant d’être affligée, pendant des années, de réglementations de style soviétique.

* Mais à présent, les choses ont changé. Le monde entier semble fixé sur un même objectif — s’enrichir. Les "-ismes" semblent n’avoir plus autant d’importance. Même les nombreux peuples de l’Inde semblent tous inspirer et expirer ensemble, aspirant à rejoindre les riches de ce monde, trimant nuit et jour, envoyant leurs éléments les plus brillants dans les meilleures écoles au monde, construisant des usines, tendant la main, s’étirant…

* "L’étude a montré que l’Inde était mal classée en ce qui concerne la répartition de la richesse globale des ménages", continue le Hindustan Times. La richesse moyenne en Inde n’est que de 1 100 $ par personne, "mais [le pays] se rattrape vite !", conclut le journal.

* Et donc, la belle avance, la magnifique course, la grande chance dont ont profité les Etats-Unis et l’Europe occidentale pendant si longtemps est peut-être en train de disparaître. C’est terminé — c’est du moins ce qu’il semblait hier soir.

** Bombay vous coupe le souffle — littéralement. Nous sommes brièvement sorti de l’hôtel, et n’avons pas tardé à suffoquer. Nous ne sommes pas habitué à l’humidité, la chaleur et l’air (s’il y en a). Et dire qu’on est à la saison fraîche !

* Dans les journaux, nous trouvons des publicités pour tous les objets de consommation habituels, ainsi que des annonces pour de nouveaux immeubles de bureaux, de nouveaux quartiers résidentiels. Plus neuf, plus grand, plus moderne et plus luxueux — l’endroit semble en plein boom.

* De ce que nous avons pu comprendre, les prix de l’immobilier grimpent en flèche, parallèlement à la richesse des classes moyennes et supérieures. Les publicités parlent de luxe par ici, d’exclusivité par là… L’argent semble couler à flots.

* Mais le trajet depuis l’aéroport a été un choc. Nous n’avons jamais vu tant de gens vivant dans la rue. Ils sont des milliers à dormir sur les trottoirs. Ils n’ont pas de matelas. Pas d’oreiller. Ils mettent juste une serviette sur le sol, et se couvrent d’un bout de tissu. Où gardent-ils leurs affaires ? Ont-ils des affaires ? Que font-ils durant la journée ?

* Nous ne le savons pas pour l’instant… mais nous allons mener l’enquête — et nous vous raconterons tout.

*** UN MONDE DIFFERENT
** C’est terminé.

* Ces mots nous sont venus la semaine dernière, lors d’une rencontre avec un homme conseillant de riches Indiens sur la manière de placer leur argent.

* "Tout a changé ici… surtout ces cinq dernières années", nous a-t-il dit. "Je veux parler de l’attitude… tout le monde est si ambitieux. Il n’y a pas de stabilité sociale… parce que tout le monde essaie de s’élever à tout prix".

* "Vous savez… l’une des choses intéressantes, en Inde, c’est que même une famille de classe moyenne peut engager plusieurs domestiques, parce qu’il y a tant de gens au bas de l’échelle prêts à travailler pour rien. Mais il se pourrait que nous soyions la dernière génération à profiter de cet avantage. Tous ces gens qu’on voit dormir sur les trottoirs, par exemple. Ils ne le feront probablement pas éternellement. Ils ont des emplois. Ils viennent sans doute de la campagne… et ils sont récemment arrivés en ville parce c’est là qu’on trouve le plus d’opportunités".

* "Il n’y a pas vraiment de gens au chômage. Si vous êtes au chômage à Bombay, vous mourez de faim. Non, tout le monde trouve un emploi. Ces gens arrivent de la campagne… trouvent un petit travail. Ils dorment sur le trottoir et cherchent d’autres occasions. Ils travaillent ici et là… peut-être apprennent-ils à conduire, et deviennent chauffeurs pour la classe moyenne".

* "Mais voilà le grand changement. Ils ne s’arrêtent pas là. Ils font venir leur famille en ville. Ils veulent que leurs enfants apprennent l’anglais. Et bientôt, ils les envoient dans une université quelconque… ou même aux Etats-Unis ou en Angleterre, pour terminer leur éducation. Et ensuite, eh bien… c’est un monde différent".

* Oui… très différent. Parce que les enfants en question entreront en concurrence avec des ingénieurs, des médecins, des avocats du monde entier.

* Mais attendez un instant… dès qu’ils entrent dans cette classe professionnelle internationale, leur salaire grimpe. Nous avons appris une chose — et nous sommes déjà quasiment expert : après tout, nous sommes en Inde depuis 18 heures, au moment où nous écrivons ces lignes ! — c’est que, au sommet, il n’y a pas beaucoup de différence entre les prix ici et les prix en Occident. Un analyste financier en Inde peut coûter autant qu’aux Etats-Unis. Une chambre dans l’un des meilleurs hôtels coûte quasiment autant qu’à Londres. Même les loyers professionnels ne sont guère différents. Et l’immobilier dans son ensemble peut être plus cher qu’au centre ville de Baltimore.

* La grande différence, c’est cet énorme bassin de main d’oeuvre qui trime, bûche et transpire. Elle continue d’affluer depuis tout le pays — depuis la campagne, qui abriterait jusqu’à 750 millions de personnes… et le travail de tous ces gens est rendu peu à peu superflu par les multinationales qui prennent possession du marché, et par le commerce mondialisé. Ils dorment sur les trottoirs… dans les gares… dans de minuscules immeubles, s’entassant à douze dans une pièce… dans les bidonvilles surpeuplés, en marge des villes. Où iront-ils ? Que feront-ils ? Ne continueront-ils pas à tirer vers le bas les salaires des travailleurs occidentaux ? Ne continueront-ils pas à venir en ville… se hissant peu à peu jusqu’à la classe moyenne ? Ne vont-ils pas jouer des coudes, en concurrence directe avec l’Occident… jusqu’à ce qu’ils le surpassent ?

* Peut-être bien…

** Les Américains ont été si scandalisés, lorsque les Français ont refusé de se joindre aux attaques contre l’Irak, qu’ils ont failli leur déclarer la guerre. Les Français sont des traîtres, ont déclaré quelques experts. Les Français sont des lâches, ont dit d’autres. Les Français sont pires que des terroristes, ont dit d’autres encore. Le fantaisiste Thomas L. Friedman a déclaré dans l’un de ses navrants éditoriaux que les Etats-Unis étaient en fait "en guerre contre la France" !

* Les Français — et c’est tout à leur honneur — pensaient que la guerre finirait par devenir un lamentable désastre, et ils n’avaient pas peur de le dire.

* Dans les bureaux américains de la Chronique Agora, nous pensions que les Français avaient probablement raison. Et voilà qu’un ancien président US — Jimmy Carter — est du même avis. Idem pour un rapport provenant des Marines US : les Etats-Unis "ne sont plus capables" de vaincre les insurgés par la force militaire, déclare-t-il en substance. Et voilà qu’arrive le nouveau secrétaire à la Défense… qui affirme lui aussi que toute l’affaire dégénère.

* Les journaux ne manquent pas d’explications sur ce qui a mal tourné. Deux théories populaires s’affrontent :
1) La version démocrate : la guerre était une bonne idée, mais la Maison-Blanche a mal géré.
2) La version républicaine : la guerre était une bonne idée… nous avons fait de notre mieux, mais ces Irakiens n’arrivent pas à se mettre d’accord.

* Eh bien, nous avons une troisième alternative à offrir, assez irritante : les Français avaient raison. La guerre était une mauvaise idée dès le départ. Les dieux de la guerre n’ont jamais été du côté américain ; ils favorisent rarement les attaquants.

*** IMPRESSIONS D’INDE…
** Le noeud est-il en train de se resserrer ?

* La semaine dernière, la Banque centrale européenne a augmenté les taux. Cela, associé à la chute du dollar, compliquera la tâche de la Fed pour aller dans la direction opposée. Mais c’est dans la direction opposée, justement, que la Fed voudra aller. Parce qu’alors que le dollar est menacé… les consommateurs américains commencent à sentir la corde leur râper le cou.

* Revenons en arrière et jetons un coup d’oeil aux fondamentaux. L’économie US dépend à 70% des dépenses de consommation. Mais ces derniers temps, l’argent dépensé par les consommateurs ne provenait pas des revenus — mais de l’emprunt. Et voilà que les prêteurs se font rares.

* Nous avons appris ce week-end que le crédit à la consommation chute à son rythme le plus rapide de ces 14 dernières années aux Etats-Unis. Nous n’avons pas examiné les détails de l’article — mais c’est sûrement lié au fait que les prix des maisons ne grimpent plus… si bien que les prêteurs n’ont plus rien sur quoi appuyer leurs prêts.

* Chez les emprunteurs de moins bonne qualité, les retards de paiement grimpent… et il en va de même pour les saisies. Le Texas et le Michigan sont en tête pour ce qui concerne les saisies, déclare le Financial Times, avec, à eux deux, un total de plus de 20 000 maisons saisies mises en vente.

* Et le consommateur américain devient nerveux. Il se tient fièrement sur ce qui ressemble de plus en plus à un échafaud. Il se demande ce qui va se passer ensuite. La correction de l’immobilier cessera-t-elle sur une perte de 2%… comme le suggère Alan Greenspan ? Prendra-t-elle fin à 25%… comme le suppose Gary Schilling ? Ou bien se montera-t-elle à une perte de plus de 40%, comme l’impliquent les chiffres de Robert Shiller ?

* Nous n’en savons rien. Mais si le malheureux consommateur attend que la Fed vienne à la rescousse — avec des taux plus bas — il se pourrait qu’il attende encore. Parce que, pendant ce temps, le dollar semble être sous pression. Le pauvre billet vert se trouve confronté à des problèmes quelle que soit la direction qu’il prenne. Les Etats-Unis ont accumulé le plus grand déficit commercial de toute l’histoire du commerce international. Le maintenir, c’est comme d’essayer de tenir plein le verre d’un dipsomane. Il faut au dollar un flux constant de nouvel argent… sans quoi il disparaîtrait. Cependant, quasiment tous les principaux détenteurs de dollars ont récemment prévenu qu’ils avaient l’intention de vendre le billet vert. Et voilà que les Européens rendent les dépôts en euros plus attirants encore.

* C’était bien tant que cela durait. Les achats étrangers de dollars ont aidé à maintenir les taux d’intérêt bas aux Etats-Unis… ce qui a aidé les consommateurs à refinancer leurs maisons et à en retirer un peu de valeur, ce qui a aidé à son tour à étayer les dépenses de consommation. Mais à présent, tout cela semble prendre fin. Le consommateur US ne sait peut-être pas ce qu’il a fait de mal… mais le pauvre homme sent qu’il est sur le point d’être lynché malgré tout.

** Qu’est-ce que l’Inde ?…

* Nous n’en savons rien. Nous nous sommes préparé à ce voyage en lisant "Bombay Maximum City", mais ça n’a pas suffi.

* Voici quelques impressions… des coups d’oeils… le genre de surcharge sensorielle que vous obtenez lorsque vous voyagez en Inde.

* Des femmes bourrelées de graisse, assises à l’arrière de scooters… des vieillards enroulés dans des draps blancs, à la Gandhi… du béton, des piles de briques, des échafaudages de bambous… de la fumée, de la chaleur et une brume si épaisse qu’on ne peut voir de l’autre côté du port… un homme dont la barbe et les cheveux sont teints en orange vif… un autre homme aux yeux fous, comme un St Jean-Baptiste qui aurait trop bu… des immeubles de bureaux tout en verre… des odeurs corporelles… des taxis ayant plus de klaxons que de chevaux… de mignonnes petites filles toutes sales qui vous suivent, vous prennent le bras, vous harcèlent et vous suivent des rues durant… de vieux immeubles gris et délabrés, baptisés de noms comme Villa des Prairies, où du linge pend aux fenêtres… des familles entières campant autour d’arbres et de réverbères… deux garçons portant cravate que leur père emmène à l’école en moto, l’un devant, l’autre derrière… un autre homme avec quatre enfants sur sa bicyclette… une circulation si incontrôlable et chaotique que même un conducteur italien prendrait peur… des complexes d’appartements dont les balcons portent des affiches vantant le fait qu’"ici, les jeunes professionnels peuvent mener une vie saine"… "Effrayé par le marché boursier ?" demande une autre affiche, qui invite les clients à appeler le fonds Franklin Templeton… des Musulmanes habillées de noir de la tête aux pieds… des élégantes à la peau claire portant sari… des êtres squelettiques accroupis le long de l’autoroute… des acres et des acres de bidonvilles aux toits de tôle ondulée… "9% d’intérêt avec la Catholic Syrian Bank… dépôt minimum : 100 roupies (environ 1,5 euros)"…

* … Bombay, c’est du bruit, des odeurs, des couleurs… du nouveau et de l’ancien… tant de choses à voir que vous ne pouvez regarder assez rapidement…

* … et puis… il y a la gare ! (Dont nous vous parlerons plus en détails demain…)

** Il y a une semaine de ça, Bombay a été agitée par des émeutes. Des bus ont été brûlés. Des voitures renversées. "Attention", nous a averti un ami.

* "On dirait tout à fait Paris", avons-nous répondu.

* Les mécontents, avons-nous appris, étaient des Dalits — un groupe de basse caste largement laissé pour compte par "les jours fastes" dont profitent tant d’autres Indiens. Le taux de croissance du PIB frôle les 10%. L’endroit semble en plein boom. Mais selon le journal India Times, seuls 44% des Dalits ont l’électricité. 48% ont l’eau courante chez eux. "La prospérité leur échappe", déclare le journal.

* "Les classes supérieures s’enrichissent rapidement", a déclaré l’un de nos contacts. "Si bien que le fossé entre les riches et les pauvres va en s’approfondissant. Nous avons beaucoup gagné grâce à la mondialisation, mais principalement dans le secteur des technologies de l’information. Pas dans l’industrie. Si bien que les gens qui parlent anglais et ont un diplôme universitaire sont très demandés. Pas les pauvres que l’on voit dans la rue. Il y aura certainement encore des problèmes".

*** PUNE-BOMBAY EN TRAIN
** Nous sommes venu, nous avons vu, nous avons été quasi-vaincu.

* L’Inde est écrasante. C’est un choc. Dès que nous nous aventurons hors de notre hôtel, nous sommes suivi par des mendiants. Nous les repoussons… nous les ignorons… mais ils s’accrochent. Ils semblent gentils… pas du tout menaçants — mais ils sont irritants. On ne peut pas marcher en paix. Une petite fille nous a suivi sur plusieurs rues, sans jamais se lasser. Très mignonne ; nous l’aurions adoptée sur-le-champ, si on nous en avait donné l’occasion.

* Nous avons pris l’avion pour Pune vendredi matin. Pune, située non loin de Bombay, compte environ trois millions d’habitants. La ville est plus ouverte que Bombay, du moins ce que nous en avons vu. Mais elle est tout aussi misérable. Les gens vivent dans des huttes, des tentes, des bâtiments en ruines… et de nouveaux complexes d’appartements flambant neufs. Partout, il y a du monde… peu importe où se porte votre regard, il y a toujours gens. Que font-ils tous, que demandent-ils ? De quoi vivent-ils ?

* Mais lorsqu’on se promène dans les marchés en plein air, on trouve beaucoup de légumes appétissants.

* "Le gouvernement est plutôt en faveur du libre échange", expliqua notre hôte, "mais pas complètement. Il contrôle encore le prix de bon nombre de produits de base : beaucoup de gens désespérément pauvres ne peuvent pas se permettre de payer les prix du marché. Il ne fait pas de doute que la mondialisation a profité aux Indiens les plus éduqués. Mais il n’est pas certain que les pauvres s’en soient mieux tirés. Ils doivent désormais payer des prix plus élevés… et il n’y a pas beaucoup de travail pour eux".

* Bizarrement, les prix du logement et des bureaux ont grimpé, mais il y a peu d’offre disponible.

* "J’aimerais m’agrandir, mais il n’y a pas de vendeurs", nous a-t-on dit. Les promoteurs, par contre, seraient en train d’augmenter les surfaces habitables à un point tel que dans certaines villes, il y a un trop-plein de 10 à 20 ans. Que se passe-t-il ?

* "Je ne sais pas, mais on dirait que les spéculateurs ont forcé les prix à la hausse… même s’il n’y a pas vraiment tant de gens pouvant se permettre de tels tarifs. Je ferais extrêmement attention avant d’acheter quoi que ce soit ici actuellement".

** Au retour, notre vol Pune-Bombay a été annulé, nous avons donc pris le train. Nous étions placé dans un wagon qui aurait dû partir à la retraite il y a 30 ans. Les coussins étaient usés et déchirés. Bon nombre des pièces de métal étaient cassées, et réparées avec une certaine désinvolture. Nous étions en première. Il y avait deux autres classes — dont l’une ressemblait à un wagon de marchandises équipé de sièges en bois.

* Notre wagon était bondé.

* Nous sommes arrivé à notre siège — et l’avons trouvé occupé. Mais nous l’avons abandonné sans regret ; la femme qui y était assise était folle, de toute évidence. Elle marmonnait dans le vide en marathi, le dialecte local. Le couple assis à côté d’elle semblait prendre soin d’elle, et nous remercia de leur laisser la place. Plus tard, ils nous ont offert un fruit.

* En Inde, les gens parlent en général deux ou trois langues. Ils parlent la langue locale — il y a 21 langues officielles. En plus, pour tous se comprendre, ils apprennent l’hindi. Et pour terminer, la plupart des gens encouragent désormais leurs enfants à apprendre l’anglais.

* Lorsque nous sommes enfin arrivé à Bombay, trois heures plus tard, nouveau choc. Il y avait des milliers de gens vivant dans la gare… cuisinant sur les quais… accroupis, en train de dîner… dormant — non sur des bancs, mais à même le béton. Certains des dormeurs semblaient morts. Aussi maigres que les rails eux-mêmes, on aurait dit qu’ils étaient là depuis des semaines. Peut-être étaient-ils vraiment morts ; personne ne semblait s’en rendre compte.

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