La Chronique Agora

Belzébuth, élixir magique et petit diable

** "Il n’y a aucun moyen d’éviter l’effondrement final d’un boom engendré par l’expansion de crédit (dette). La seule alternative, c’est de voir la crise arriver plus tôt comme conséquence d’un abandon volontaire de l’expansion de crédit (dette), ou plus tard, comme catastrophe finale et totale du système monétaire impliqué".
Ludwig von Mises

* Lisez et pleurez.

* Mises explique qu’il n’y a pas d’issue. Pas d’élixir magique… pas de panacée… pas de repas gratuit. Lorsqu’on emprunte de l’argent, il faut le rembourser. Point à la ligne.

* La phrase d’emprunt — l’expansion de crédit — est assez plaisante. On se sent riche… et intelligent. On a de l’argent à dépenser. Le prix de vos actifs grimpe. Vos actions montent. On pense même avoir découvert une formule miracle — le moyen de devenir riche sans travailler ou épargner. C’est aussi simple que d’acheter une maison. Son prix grimpe. Vous en achetez donc une autre… ou deux… ou trois.

* Puis, hélas, arrive le jour où l’on doit rembourser l’argent que l’on a emprunté — la contraction du crédit. On ne se sent plus si intelligent. Parce que lorsque tout le monde essaie de rembourser ses dettes, personne n’a d’argent pour faire grimper les cours des actifs. Le prix de votre maison baisse… et vous essayez désespérément de vous débarrasser de ces maisons supplémentaires, espérant récupérer ce que vous y aviez investi.

* Cette semaine, le Dow a chuté. C’est un marché baissier, cher lecteur. C’est que font les marchés boursiers durant une contraction du crédit. Les actifs deviennent généralement moins chers.

** Même les professionnels de la finance ont des problèmes. La phase d’expansion du cycle du crédit était comme du miel, pour eux. La phase de contraction, par contre, est une pilule amère. L’International Herald Tribune de mercredi nous apprend que Citigroup s’est tourné vers les grandes huiles de Singapour pour un sauvetage à 22 milliards de dollars. Chez Merrill Lynch, on a déjà tapé les Singapouriens de 6,2 milliards de dollars en décembre. La société déclare environ 8,4 milliards de dollars de dette subprime, ce qui en fait la plus grosse perte de ses 93 années d’existence. Ce mois-ci, elle s’est tournée vers la Corée et le Japon pour remplir un trou de 6,6 milliards de dollars.

* Pourquoi aller en Asie pour demander de l’argent ? Parce que c’est là que l’argent se trouve.

* "Les Asiatiques ont des milliers de milliards de dollars dans leurs réserves", nous expliquait Lord Rees-Mogg lors d’un déjeuner cette semaine. "Ils pensent probablement qu’ils ont assez de notre argent. Dans les années qui viennent, on dirait que les devises occidentales… et les économies occidentales… auront des problèmes".

* Le secteur du détail montre des signes de ralentissement dans les achats de consommation. Même les boutiques de luxe, comme Tiffany et Ralph Lauren — ont vu leur titre perdre entre 20% et 50%.

* Que peut-on y faire ?

* Comme le décrit Mises ci-dessus, les seules solutions sont soit d’arrêter volontairement le processus de création de crédit… soit de continuer jusqu’à "la catastrophe finale et totale du système monétaire".

* A la fin des années 70, la Fed a choisi d’abandonner la création de crédit. Il était évident que l’afflux d’argent et de crédit faisait grimper les prix à la consommation sans générer de véritable croissance économique.

* A présent, trois décennies plus tard, les taux d’inflation à la consommation sont encore tolérables. C’est la menace de récession qui semble intolérable. Ainsi, entre tôt ou tard, le choix se porte très clairement sur "tard". Mieux vaut lutter contre le petit diable que nous avons sous les yeux, disent les autorités ; que quelqu’un d’autre se soucie de combattre le grand Belzébuth.

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