La Chronique Agora

« Si vous ne nous laissez pas rêver nous vous empêcherons de dormir »

Mai 2011, Espagne, les manifestants scandent "Si vous ne nous laissez pas rêver nous vous empêcherons de dormir". En Grèce, les panneaux sont plus laconiques : "Laissez-nous rêver".

Nous sommes en pleine "crise de la dette". La Grèce, l’Espagne, le Portugal et dans une moindre mesure l’Italie sont victimes d’une attaque sur la dette, c’est-à-dire que les investisseurs se débarrassent de leurs obligations d’Etat et que les taux d’intérêt des nouvelles émissions de ces pays chroniquement débiteurs augmentent. La dette publique de ces pays est libellée dans une monnaie partagée et commune à d’autres pays, l’euro.

Effectivement, les peuples peuvent toujours rêver. C’est excellent pour l’industrie bancaire qui finance le rêve à crédit

Tous ces pays appartiennent à l’Europe dite du Sud, des pays qui avaient traditionnellement une monnaie faible, qui étaient accoutumés des "dévaluations compétitives" et qui ont rejoint une zone monétaire pensant que rien n’allait changer. Effectivement, les peuples peuvent toujours rêver. C’est excellent pour l’industrie bancaire qui finance le rêve à crédit.

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Evolution de la dette publique mesurée en pourcentage du PIB

 

Avant

2011

Aujourd’hui

Grèce

25% en 1980

146%

175%

Espagne

18% en 1980

60%

90%

Portugal

55% en 1990

94%

129%

Italie

95% en 1990

119%

133%

France

20% en 1980

82%

92%

Allemagne

55% en 1995

80%

77%

Moyenne de la Zone euro

72% en 1995

84%

91%

Magie de l’euro, la caution n’était plus seulement le contribuable local mais tous les contribuables de la Zone euro

Mais au fait, pourquoi toute cette dette ? Pour rêver qu’on est riche, pardi ; pour engager beaucoup de fonctionnaires qui sont si gentils et dévoués et en plus ce ne sont pas des chômeurs ; pour payer beaucoup de prestations sociales ; pour financer des Jeux Olympiques, des stades, des expositions universelles qui rapporteraient beaucoup d’argent ; pour s’offrir des vacances, des semaines de trente-cinq heures… Des banques ont prêté de l’argent qui n’existe pas (c’est leur privilège) sur lequel elles perçoivent des intérêts garantis par les contribuables. Magie de l’euro, la caution n’était plus seulement le contribuable local (le Grec et l’Italien sont plutôt rétifs) mais tous les contribuables de la Zone euro.

En 2011, on a donc procédé à quelques remises de dettes partielles en Grèce, en Espagne et au Portugal, on a créé des machins compliqués (Fonds européen de stabilité financière, Mécanisme européen de stabilité, Emergency liquidity assistance…) auxquels les porteurs de pancartes qui défilent et la plupart des gens ne comprennent rien.

Monsieur Mario Draghi, président de la Banque centrale européenne, a indiqué qu’il ferait tout ce qu’il faudrait pour sauver l’industrie bancaire, oups, pardon, sauver l’euro. Les taux d’emprunt ont baissé. Les pays ont donc pu continuer à emprunter, la somme des intérêts à gonfler doucement, l’industrie financière et les politiciens vendeurs de rêve à prospérer.

L’Allemagne a voulu imposer l’austérité. Ah, l’horrible mot ! L’austérité ? Adapter les prestations sociales aux rentrées fiscales ? Vous n’y pensez pas. Et le rêve alors ?

2015, monsieur Mario Draghi, président de la BCE, a fait tout ce qu’il faut pour que nous puissions prolonger le rêve : 1 140 milliards d’euros vont être déversés pour masquer l’insolvabilité des banques et des Etats

2015, monsieur Mario Draghi, président de la BCE, a fait tout ce qu’il faut pour que nous puissions prolonger le rêve : 1 140 milliards d’euros vont être déversés pour masquer l’insolvabilité des banques et des Etats.

Le rêve peut donc continuer. La Grèce peut engager 1 000 fonctionnaires de plus, revenir au SMIC d’avant crise, fournir l’électricité gratuitement aux nécessiteux, pratiquer la "solidarité". Qui ne rêve pas d’être infiniment solidaire, que tous les pauvres soient secourus, que tout le monde soit heureux, libre, en bonne santé, avec un travail bien payé et respire un air sain et pur. L’Etat le peut, il le doit. Morphée, morphine monétaire, rêve. Dormez tranquilles, braves gens, le système n’est jamais à cours d’argent puisqu’il le crée ! La démagogie, après s’être nourrie de crédit, se nourrit de fausse monnaie.

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