Parfait représentant du capitalisme de copinage (qualifié à tort de libéralisme), José Manuel Barroso rejoint la banque d’affaires Goldman Sachs.
Il y a désormais une « affaire Barroso ». C’est Le Monde qui le dit ! Le président de la Commission européenne de 2004 à 2014 va devenir conseiller pour le Brexit de la banque d’affaires Goldman Sachs.
Question : que serait devenu notre bon Barroso, loyal serviteur de l’Union européenne, sans Brexit ? Notre coeur se serre à cette pensée. Manuel Barroso s’était recyclé en tant que professeur invité dans quelques grandes universités (Princeton, universités de Genève et de Lisbonne) mais pas de quoi nourrir grassement son homme. Il ne touchait plus que 15 000 euros d’indemnités mensuelles au titre d’indemnités de transition. Tandis que Goldman Sachs…
Goldman Sachs lui offre une noble mission, à la hauteur de son dévouement : celle de « minimiser les nuisances » de la décision imbécile des Britanniques de quitter le paradis de l’Union européenne. La banque d’affaires américaine, qui avait son idée sur cette question, avait financé à hauteur de 500 000 livres le camp du « remain« . Mais rien n’y a fait, les Britanniques ont mal voté. Selon le Financial Times, Barroso, ce héros de l’Union, devra négocier la délicate question du passeport bancaire.
Le passeport bancaire désigne la faculté pour les banques établies au Royaume-Uni d’utiliser leurs licences britanniques pour se livrer à des opérations en euro sur le marché européen. Faute de ce précieux sésame, les banques étrangères établies à Londres devront se trouver un autre pays européen d’accueil désireux de soutenir et réguler leurs activités les plus complexes : le shadow banking, la finance de l’ombre et ses dizaines de milliers de milliards de produits dérivés… « Si mon conseil peut aider dans ces circonstances, je suis prêt à contribuer, bien sûr« , a déclaré Barroso, modeste, au Financial Times.
L’infatigable combattant de la « Finance sans visage », François Hollande, est tout offusqué de ce changement de carrière qu’il juge « moralement inacceptable ». Le Monde dénonce la « ‘bulle’ bruxelloise, au sein de laquelle se côtoient quotidiennement politiques, technocrates, lobbyistes et experts défendant les intérêts les plus divers ».
Mmmmmm… les intérêts les plus divers ? Certes non, ils défendent leurs propres intérêts. Manuel Barroso est un magnifique « renard » au sens de la définition de l’économiste Vilfredo Pareto. Comme l’écrivait en mai Bill Bonner « Un privilège… un crédit d’impôt… une règle… une interdiction… un morceau de viande par ci, un morceau de viande par là… et les renards ne tardent pas à s’arroger la part du lion ».
Renards, zombies, kleptocrates s’organisent au mieux. Pendant ce temps, les benêts s’indignent de la « montée des inégalités » qu’ils attribuent au libéralisme le plus sauvage et le plus débridé et se font tondre avec les taux zéro ou négatifs mis en place par le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, lui-même ancien de Goldman Sachs. Le monde des renards est un petit cercle…