▪ Les banques, les banques, les banques.
Qu’elles soient centrales ou privées, de détail ou d’affaires, françaises ou européennes… C’est comme s’ils n’y avaient plus qu’elles dans le monde — ou presque.
La Fed joue avec les nerfs des marchés. La BCE affirme qu’il est toujours en son pouvoir de sauver le monde — ou du moins la Zone euro –, quand bien même on ne sait pas trop comment.
Quant aux établissements bancaires, avec le renouveau des tensions économiques au Portugal et en Italie, ils ne valent guère mieux… Comme l’expliquait Benjamin Guerre dans Protection & Rendements cette semaine, les banques allemandes elles-mêmes ne sont pas à l’abri de la catastrophe — notamment Commerzbank, assez représentative du reste de son secteur :
"Cinq ans après le début de la crise financière, la banque lutte toujours pour sa survie", explique Benjamin.
Malgré de multiples augmentations de capital, la capitalisation de Commerzbank continue de poser problème… et ça ne peut qu’aller en s’aggravant : "l’Etat allemand vient d’ailleurs de ramener sa participation dans Commerzbank de 25% à 17% et cherche comment s’en désengager à terme".
"Sa grande soeur Deutsche Bank est quant à elle aussi dans une position délicate", continue Benjamin. "Elle est aujourd’hui la plus grande détentrice de produits dérivés dans le monde : elle en détient 10% du total mondial avec un portefeuille de 55 000 milliards d’euros, soit plus que le PIB mondial ! La banque explique que pour réduire les risques, elle utilise des produits de couverture achetés auprès d’autres banques".
"Donc si une banque vacille, c’est l’ensemble du système qui s’écroule. Le risque systémique des banques ‘trop grosses pour faire faillite‘ est donc encore d’actualité, de quoi potentiellement raviver une crise de confiance dans la Zone euro".
▪ Et si les choses tournent mal… nous avons vu la semaine dernière la différence cruciale entre bail out et bail in.
Désormais, en cas de faillite bancaire, c’est vous qui pourriez être appelé à venir au secours de l’établissement en difficulté. Cécile Chevré, de La Quotidienne d’Agora, mettait ses lecteurs en garde :
"Quelques précautions ne sont […] pas inutiles", rappelle-t-elle dans un article complet sur la question du bail in.
"Avez-vous besoin de laisser plus de 100 000 euros sur votre compte bancaire ? Réponse, non, évidemment. Jusqu’à présent (c’est-à-dire dans le cas chypriote), le principe de garantie des dépôts inférieurs à 100 000 euros a été respecté — ce qui ne signifie pas qu’il ne pourra être remis en cause à l’avenir. N’hésitez donc pas à fractionner vos dépôts entre différentes banques et évitez à tout prix d’avoir plus de 100 000 euros dans le même établissement".
"Deuxième précaution, fractionnez vos dépôts entre les grandes banques too big to fail qui seront les premières à être sauvées par les Etats et des établissements plus petits et surtout moins exposés. La question que vous vous posez certainement doit être ‘et ma banque ? Est-elle dangereuse ?’ Dans son rapport Banques, vos vrais risques, Mory Doré a effectué un véritable travail de fourmi. Il a passé au crible 27 banques françaises et européennes, identifiant les risques qu’elles encourent en cas de crise obligataire ou de krach des marchés actions. Bilan : huit banques sont à éviter à tout prix mais huit sont fiables".
[NDLR : Pour faire le tri entre le bon grain et l’ivraie bancaire, retrouvez les analyses complètes de Mory ici même…]
"Le précédent chypriote nous enseigne aussi qu’en cas de crise bancaire, dépôts, retraits et transferts pourront être limités voire temporairement interdits. Là encore, vous pouvez prévoir des moyens de paiement en dehors du système bancaire classique".
Si l’on en juge par les années précédentes, l’été est souvent synonyme de cristallisation des crises… alors n’attendez pas pour prendre quelques mesures préparatoires — et pouvoir ainsi profiter de vos vacances l’esprit tranquille !
Meilleures salutations,
Françoise Garteiser
La Chronique Agora