Une page de la présidence de Trump s’est tournée cet été. Son conseiller stratégique, limogé le 18 août, estime que Trump est maté. Wall Street va-t-il apprécier ?
« Le Donald a été ‘White House-broken’ [NDR : maté par la Maison-Blanche] » : c’est ce que nous avons essayé de dire, en traduisant l’expression pour qu’un Français qui nous écoutait puisse la comprendre.
Mais c’était trop compliqué.
« Bon, disons simplement que le président s’est fait recadrer », avons-nous simplifié.
Dans la campagne française, c’est la saison des mondanités.
Mariages, cocktails, réceptions : les gens utilisent le mois d’août pour revoir leurs amis avant de retourner au travail, à l’école et à leur retraite, à l’automne.
Hier, nous avons roulé sur les routes de campagne pendant une demi-heure pour nous rendre dans une élégante ferme du XVIIIe siècle. Là, une centaine de personnes s’étaient rassemblées sur la pelouse.
« Vous êtes américain ? » nous a-t-on demandé à plusieurs reprises. « Que pensez-vous de Trump ? »
Nous avons esquivé du mieux que possible. Mais c’était inévitable, nous avons dû expliquer que, oui, il était lamentable… mais que, non, nous n’aurions pas préféré Mme Clinton… et que, non, nous n’aimions pas non plus M. Macron, le président français :
« Aucun d’eux n’a la force et l’indépendance nécessaires pour résister à la tendance ».
« Quelle tendance ? »
« Oh ! C’est une longue histoire… et cette soirée est si belle… ».
L’assemblée était composée de tout un assortiment d’agriculteurs locaux et de gestionnaires de hedge funds basés à Paris. Les premiers se plaignaient du climat. Les seconds se plaignaient des marchés. Et tous se plaignaient du gouvernement.
Mais à la Chronique… nous ne nous plaignons pas. Nous voulons simplement savoir à quel moment nous devrons mettre un parapluie dans nos bagages.
Des pots-de-vin et des compromissions
Hier, nous avons observé de quelle façon les initiés de Washington avaient mis au pas le président Trump.
Trump l’a dit lui-même : « les décisions sont très différentes lorsque vous êtes assis dans le Bureau Ovale ».
Bon nombre de personnes pensent que la Maison Blanche transcende ses occupants au point qu’ils s’améliorent et prennent de meilleures décisions.
Selon elles, au moment où il annonce sa candidature, Trump est peut-être un vaurien ou un coquin, avide de célébrité et de fortune. Mais lorsqu’il entre à la Maison Blanche, la fange, l’incompétence, et la corruption disparaissent dans le caniveau. L’homme renaît… en tant que président.
Si c’était vrai, les égouts de Pennsylvania Avenue seraient bouchés après chaque élection. Au contraire, ils sont parfaitement fluides… car les manigances et les ententes… les dessous de table et les compromissions… se poursuivent !
Hélas, l’ascenseur de la Maison Blanche opère dans les deux sens.
Cette semaine, le président Trump a appuyé sur le bouton « descendre ». En allant contre son « instinct »… en reniant les promesses faites aux gens qui ont voté pour lui… il a accepté de suivre le plan des généraux, qui ont l’intention de tuer plus de monde… et de dépenser plus d’argent… afin d’enrichir leurs compères et de faire avancer leurs propres carrières.
C’est ainsi que les choses marchent, dans le « marigot ».
Aujourd’hui et demain, nous relions à nouveau ces données à l’univers financier.
Trump fait maintenant partie du marigot qu’il prétendait assainir
Les accords gagnant-gagnant augmentent la prospérité. Les accords gagnant-perdant la réduisent.
C’est dans le marigot de Washington que se nouent les accords gagnant-perdant. Depuis les années 1970, le marigot s’est propagé au point de recouvrir la moitié de l’économie américaine.
Là, les gaspillages, les réglementations étouffantes, l’argent bidon, les signaux financiers trompeurs, les zombies – entreprises et individus – ainsi que tous ces excès et absurdités que nous examinons quotidiennement à la Chronique, déforment le signal des prix, détruisent la production réelle et transfèrent l’argent réel des gens ordinaires vers les initiés du marigot.
Donald J. Trump avait promis d’assainir le marigot. Mais il n’aurait pas pu, même s’il l’avait voulu. A présent ses décisions sont celles du Bureau Ovale… c’est-à-dire celles qui arrangent le Deep State.
Il ne peut assainir le marigot : désormais, il en fait partie.
Les dépenses publiques ne seront pas réduites (l’Obamacare ne sera pas véritablement réformé, par exemple, ni modifié de façon conséquente)… et les guerres que l’empire mène à l’étranger ne seront pas réduites, non plus.
Il nous reste encore la possibilité d’une réforme fiscale. Mais même celle-ci est peu probable. La dernière grande réforme fiscale a eu lieu il y a 35 ans. Or le président ne possède ni les compétences politiques ni l’engagement idéologique nécessaires pour en mener une nouvelle.
Pas de « budget squelettique »… pas de coupures des dépenses… pas de réforme fiscale… aucun répit du marigot.
Voilà pourquoi le site Breitbart de Steven Bannon a raison : la présidence de Trump est bel et bien terminée.
Et maintenant, où va-t-on ?