La Chronique Agora

Faut-il avoir peur de dépenser son argent ?

Il vous a fallu du temps pour amasser votre fortune… mettez-la à profit !

Quand j’avais une vingtaine d’années, en observant mes différents environnements professionnels, j’ai identifié deux catégories principales de collègues.

La première avait besoin d’être motivée pour travailler, tandis que la seconde devait être rappelée à l’ordre pour s’arrêter. (Il est courant de travailler pour subsister, mais certains semblent vivre pour leur travail.) Cette première catégorie est de loin la plus nombreuse, surtout dans les métiers peu passionnants ou stimulants.

En apprenant à mieux connaître mes collègues avec le temps, j’ai aussi remarqué l’existence de deux philosophies d’épargne.

Quelques-uns, souvent à hauts revenus, dépensaient intégralement ce qu’ils percevaient. Tandis que d’autres, y compris ceux aux revenus plus modestes, vivaient en deçà de leurs moyens, épargnant avec assiduité.

Au fil des ans, et même des décennies, un bon nombre d’hommes et de femmes de ce second groupe sont parvenus à accumuler une richesse considérable. Ce sont ces individus que des sénateurs tels que Bernie Sanders et Elizabeth Warren désignent comme « les privilégiés » ou « les chanceux de la vie ». (Comme si dépenser sans compter n’était pas un choix pour la majorité des citoyens, mais simplement une affaire de chance.)

Lorsque l’argent s’accumule rapidement sur une longue période, le résultat est stupéfiant. Il se transforme en une somme bien plus considérable que ce que vous auriez pu imaginer. Ce n’est pas sans raison qu’Albert Einstein a déclaré que la capitalisation était la force la plus puissante de l’univers.

Pour illustrer ce point, supposons qu’un employeur fortuné vous offre un poste pour un mois avec deux options de rémunération. Il s’engage à vous verser 1 000 dollars par jour pendant 30 jours ou il vous propose un centime le premier jour, puis double cette somme chaque jour suivant jusqu’à la fin du mois. Autrement dit, vous percevriez 0,02 $ le deuxième jour, 0,04 $ le troisième, et ainsi de suite. Vous accumuleriez 1,27 $ durant la première semaine, pour atteindre un total de 163,83 $ à l’issue de la deuxième semaine.

La majorité des gens serait tentée de choisir la première option, alléchés par un gain de 30 000 dollars. Cependant, grâce au principe des intérêts composés, la seconde hypothèse s’avère largement plus profitable, vous permettant d’amasser plus de 10,7 millions de dollars. (Si cela vous paraît irréel, je vous invite à vérifier par vous-même avec un calculateur d’intérêts composés en ligne.)

Un petit rappel, cependant : il est peu probable de composer son capital à un taux de 100%, et encore moins au quotidien. (Mais la bonne nouvelle est que votre patrimoine vaut certainement plus qu’un simple centime).

Néanmoins, même une croissance modeste de votre capital peut se traduire par une somme considérable à long terme. Cette somme peut devenir si significative que de nombreuses personnes, malgré un travail acharné, une épargne régulière et des investissements judicieux, ne parviennent pas à envisager l’ampleur finale de leur patrimoine. Elles finissent par quitter ce monde en laissant derrière elles une grande partie de leur fortune inutilisée.

Après tout, les linceuls n’ont pas de poches.

Il est bien connu que les richesses terrestres ne nous suivent pas dans l’au-delà. Et contrairement aux slogans populaires, accumuler des possessions n’est pas le but ultime de l’existence.

Que devient donc cette fortune ?

Beaucoup d’investisseurs ignorent qu’avec l’âge, tandis que leur santé décline, leurs désirs et besoins tendent également à diminuer. Pendant ce temps, leurs économies, elles, continuent de croître. En d’autres termes, ils ne dépensent pas suffisamment – ou ne donnent pas assez – tant qu’ils sont encore assez jeunes pour jouir de leur fortune.

Cela me préoccupe beaucoup depuis ma lecture de Die With Zero de Bill Perkins, un gestionnaire de fonds spéculatifs et joueur de poker professionnel.

Perkins y défend une thèse provocante.

Il soutient qu’au lieu de s’acharner à accumuler toujours plus de richesses pour en profiter durant ce qu’on appelle l’âge d’or, nous devrions chercher à maximiser nos dépenses dès maintenant, tant que nous sommes encore en bonne santé, afin de créer des souvenirs inoubliables avec nos êtres chers.

Cette approche ne convient évidemment pas à tous.

Ceux qui n’ont pas suffisamment épargné – ou qui ont obtenu de faibles rendements sur leurs investissements – doivent continuer à travailler, à épargner et à investir afin d’accéder à une plus grande indépendance financière.

Toutefois, je connais de nombreuses personnes qui ont brillamment réussi à épargner et à investir, mais qui, en chemin, ont adopté un état d’esprit les empêchant de profiter pleinement de leur fortune.

Il est certes logique, durant la longue période d’accumulation du patrimoine, de surveiller ses dépenses de près, de réinvestir intérêts, dividendes et plus-values, et de ne jamais puiser dans son capital, sauf en cas de nécessité absolue.

Mais cette mentalité n’est pas adaptée à la phase de décumulation de la vie, lorsque l’on dispose de suffisamment, voire plus que nécessaire.

Personne ne peut savoir combien de temps il vivra, à quel rythme son argent se multipliera, ni quel sera le montant total de ses dépenses, bien entendu.

Est-il alors risqué, voire insensé, de dépenser ce que l’on a patiemment accumulé ?

Non.

Des méthodes efficaces permettent d’évaluer votre espérance de vie ainsi que le capital nécessaire pour jouir pleinement de vos acquis, et ce, au-delà de la simple considération de votre héritage.

Dans mon prochain article, je vous détaillerai la marche à suivre.

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