▪ Et vous, cher lecteur, avez-vous encore peur ?
Bill Bonner l’avait annoncé il y a quelque temps déjà… et l’a réitéré hier :
"La ‘reprise’ dure depuis si longtemps que nous avons oublié ce qu’était une crise. Vous vous souvenez du krach de 2008… quand les actions s’effondraient et que Lehman a fait faillite ? Des pleurs… et des grincements de dents. Une crainte profonde et terrifiante, c’est ce que les gens ressentaient à l’époque. C’était "la fin du monde". Le jour du jugement était arrivé"…
"En examinant nos sentiments l’autre jour, nous avons réalisé que nous n’avions plus peur. Pour autant que nous puissions en juger, la Grande Correction suit le cours attendu. Mais le rebond a duré plus longtemps et est allé plus haut que nous le pensions. Il a émoussé la crainte. Le Dow a dépassé les 11 000 points… les rendements obligataires sont toujours à des plus bas record… et on trouve plus de gens persuadés que les autorités ont maîtrisé l’art de la gestion de crise que de gens croyant à l’immaculée conception".
Philippe Béchade faisait allusion il y a quelques jours à l’indice VIX et à la hausse hallucinante des marchés : "l’indice de la peur" était à son plus bas, les cours boursiers semblaient partis pour la stratosphère. Depuis, Goldman Sachs et la Grèce sont passés par là, mais personnellement, je n’ai pas le sentiment que les marchés s’en inquiètent en profondeur. Certes, ils ont un peu baissé… mais le combat semble se livrer plus du côté de l’euro que des actions.
Les gens ont-ils raison de faire confiance à nos dirigeants politiques et économiques ? Le sentiment de sécurité, la conviction que "le pire est passé"… sont-ils fondés ?
Vous connaissez la réponse : nous en doutons. Marc Mayor apportait d’ailleurs de l’eau à notre moulin en s’intéressant à un point précis de l’économie américaine dans le dernier bulletin de La Lettre de Marc Mayor :
"CNN l’a annoncé il y a moins de deux semaines, mais je vous l’avais asséné avec un mois et deux jours d’avance : le crédit à la consommation américain a baissé de 11,5 milliards de dollars en février, soit -5,6% en rythme annualisé, selon les chiffres de la Réserve fédérale US", nous dit Marc.
"Les économistes, toujours aussi inutiles, avaient parié sur un déclin de moins d’un milliard de dollars ; ils feraient mieux de s’abonner à la Lettre de Marc Mayor ! Yasmine Kamaruddin, une analyste au demeurant très accorte qui travaille pour la banque Wells Fargo, estime que ‘le déclin de février reflète toujours l’état affreux de l’économie. Même malgré l’augmentation des ventes de détail et des dépenses personnelles ces derniers mois, nous n’avons pas constaté que ces gains se traduisent en une utilisation de crédit parce que les consommateurs sont confrontés au chômage, ainsi qu’à une croissance lente des salaires, ce qui les détourne de nouveaux crédits’."
"J’ai honte : quand je vous avais parlé, il y a deux mois, d’une baisse de 10% en un an, j’étais en dessous de la vérité — bien que vous ayez été nombreux à m’écrire disant que je divaguais.
Eh bien la réalité dépasse désormais mes propos alarmistes".
"[…] Vous vous demandez comment je savais pour les chiffres liés aux cartes de crédit", continue Marc. "Douce Yasmine, éclairez donc la lanterne de mes lecteurs ! ‘Le sursaut du mois dernier n’était pas vraiment lié au consommateur. C’était en réalité lié au gouvernement fédéral, qui a acheté plus de prêts d’étudiants au secteur privé’, a déclaré Mme Kamaruddin à CNN".
"Eh oui, c’est la main invisible de l’administration Obama qui manipule ces chiffres, comme l’an passé".
Chiffres manipulés, consommation qui refuse de repartir, dette souveraine qui continue d’enfler et d’enfler… Rien n’a changé, sinon le sentiment général. Et c’est encore Bill qui en tire la meilleure conclusion :
"Les risques sont toujours là. Tôt ou tard, ils s’exprimeront".
Meilleures salutations,
Françoise Garteiser
La Chronique Agora