La Chronique Agora

Aventurières et mines perdues

** Isabella Lucy Bird (1831-1904) était une grande voyageuse et un excellent écrivain. J’ai un faible pour les aventuriers. Surtout pour ceux qui ont une bonne plume. A son époque, elle a voyagé dans le monde entier. Elle a traversé l’Asie, vécu un temps parmi le peuple Ainu au nord du Japon, est allée à Hawaï où elle a escaladé le volcan Mauna Loa. Elle s’est baladée en Australie, est montée à cheval en Perse. Et ce ne sont là que quelques extraits de l’itinéraire de sa vie. Elle a, comme on dit, roulé sa bosse.

– En 1873, Bird est partie pour les montagnes Rocheuses. En ce temps là, la région des Rocheuses était une étendue sauvage, peuplée seulement de quelques pionniers misérables. Bird a commencé son voyage à San Francisco. Elle s’est dirigée vers l’ouest, a traversé le Nevada, et s’est enfoncée dans le territoire du Colorado. Bird a rapporté ses aventures dans une série de lettres adressées à sa sœur Henrietta. Elle les a réunies dans un livre publié en 1879.

– Dans ces notes, elle décrit avec vivacité les paysages des Rocheuses. Elle y parle des "montagnes tachetées de neige", des clairières et des prairies vallonnées, des élans et des ours. Un de ces ours s’est approché si près qu’elle a "entendu l’herbe, durcie par le gel, craquer sous ses pattes". Elle décrit également le calme profond et "les cours d’eau asséchés bordés de cerisiers". Sans oublier "les canyons vastes et profonds… [qui] reposent dans une brume pourpre".

** C’est cette immensité et cette beauté, ce sens de l’exploration, qui donnent encore aujourd’hui aux montagnes rocheuses une aura romantique. J’ai pris plaisir à lire les lettres d’Isabella Bird… elles m’ont mis d’humeur à écrire cette Chronique. Aujourd’hui, malgré tous nos jouets sophistiqués, les montagnes Rocheuses demeurent un mystère en matière de pétrole et de gaz.

– Les spéculateurs et les pétroliers se demandent combien de pétrole et de gaz cette région renferme. Certaines des régions d’exploration les plus intéressantes d’Amérique se trouvent dans la région des Rocheuses. En particulier dans ce qu’on appelle le Bakken Trend.

– Steven Ward est un ancien employé d’Amoco Oil. Il travaille aujourd’hui comme analyste pétrolier indépendant spécialisé dans les entreprises pétrolières européennes et canadiennes. Il a écrit un texte bien tourné sur lequel je suis tombé par hasard durant mes recherches. Il était intitulé "Le Bakken Trend : la Mine Perdue de la région pétrolifère ?"

– La Mine Perdue est une mine d’or légendaire quelque part dans les montagnes de la Superstition, à l’est de Phoenix. C’est une histoire fascinante. Mais Ward s’est servi de la légende de la Mine pour évoquer d’autres légendes identiques qui parlent de pétrole découvert dans des lieux étranges. "Il existe quantité d’histoires sur des gisements de pétrole encore inconnus dans des lieux lointains ; au pied de l’Himalaya, dans les Iles Spratly, sous le pic volcanique Rockall dans l’Atlantique", écrit Ward.

– Il raconte également qu’il existe d’autres histoires sur l’Amérique continentale et le Canada. Ces légendes prolifèrent surtout autour d’une région appelée le Bakken Trend, située dans l’immense bassin Williston, qui s’étend sur le Dakota, le Montana, le Manitoba et la Saskatchewan.

– Il parle du géochimiste L.C. Price, qui a travaillé pour l’Institut de surveillance géologique des Etats-Unis (USGS). Price a délivré un rapport étonnant en ce qui concerne le Bakken Trend. Il a conclu qu’il contenait entre 200 et 500 milliards de barils de pétrole. Il a ensuite fourni son rapport à l’USGS, qui a commencé son enquête. Mais Price est décédé en 2002, l’USGS détient toujours son rapport et refuse de le communiquer.

– On a ici des ressemblances avec la légende de la Mine Perdue. Dans cette histoire, un immigrant allemand nommé Jacob Walz aurait trouvé de l’or dans les montagnes de la Superstition. Il est mort avant de pouvoir prouver sa découverte. Ward écrit, "le pétrole de Bakken demeure insaisissable… de quoi faire une bonne histoire dans les bars pleins de chercheurs de pétrole".

– Pour faire court, le Bakken attire de nouveau l’attention. Des travaux dans la zone confirment l’essentiel de la recherche de Price, mais pas encore son estimation de 200 à 500 milliards de barils. "Enfin", écrit Ward, "il apparaît désormais que la ruée sur le Bakken a commencé aux Etats-Unis et au Canada".

– Un certain nombre d’entreprises ont acheté des parcelles de terre inexplorée dans le Bakken. EOG Resources est un producteur important dans le Bakken. Marathon Oil, si l’on en croit Ward, est la seule entreprise intégrée avec un bureau dans le Dakota du nord. Son unique mission : explorer le Bakken.

– "Vous avez encore des doutes ?" écrit Ward. Il propose des analyses géologiques plus récentes, de 2006. Ces travaux estiment à 300 milliards le nombre de barils disponibles rien que dans le Dakota du nord et le Montana. La géologue Julie Lefever, qui a travaillé avec L.C. Price sur le rapport d’origine, a publié un article affirmant que des barils supplémentaires dormaient dans d’autres couches du Bakken. "La ruée vers le Bakken est en marche", écrit Ward. [Va-t-elle aboutir à quelque chose ? Nul ne le sait… mais par contre, une chose est certaine : dans le secteur du pétrole, les opportunités sont nombreuses — et souvent porteuses de gains considérables. Et pour en profiter, une seule solution : cliquer ici…]

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile