La Chronique Agora

Avec le cours de l'action Sotheby's, le marché de l'art devient baromètre des bulles boursières

▪ Déjà cette année, l’indice du dollar a chuté de 6,3% — effaçant ainsi tous les bénéfices sur un an du S&P 500. Une autre chute de 6% amènerait l’indice du dollar à son niveau le plus bas jamais enregistré. Il n’est donc guère surprenant que les investisseurs se ruent vers l’or, l’argent-métal et tous les autres actifs qui semblent constituer une alternative plausible au dollar. Même les objets d’art génèrent de la demande… peut-être même trop.

Derek Thompson, chroniqueur au journal The Atlantic, suggère que les prix record atteints par les oeuvres d’art vendues aux enchères constituent « un indicateur important de l’effondrement économique ». Dans son article, intitulé The Art of Bubbles : How Sotheby’s Predicts the World Economy [« L’art des bulles : comment Sotheby’s prédit l’économie mondiale », NDLR.], Thompson souligne le rôle prépondérant de la Chine dans le marché en pleine ébullition de l’art. Il explique : « la flambée des enchères record atteintes dans les salles de ventes [en Chine] rappelle étrangement le Japon de 1987 et les Etats-Unis de 2007… En quatre ans, la Chine a dépassé [les Etats-Unis], passant du quatrième au premier rang mondial dans le marché des oeuvres d’art ».

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« En mai 2010, un acheteur anonyme qu’on suppute être chinois a payé plus de 106 millions de dollars pour ‘Nu au plateau de sculpteur’ de Picasso. C’est le prix le plus élevé jamais atteint pour une oeuvre de cet artiste », remarque Thompson. « Cinq mois plus tard, trois bouteilles de Château Lafite 1869 se sont vendues chez Sotheby’s à un prix 30 fois plus élevé que leur estimation de mise à prix, à 230 000 $ la bouteille, à des Chinois. En novembre, un vase du XVIIIe siècle s’est vendu à 70 millions de dollars. Huit chiffres pour un vase… Enfin, la semaine dernière, des acheteurs chinois ont permis à Sotheby’s et Christie’s d’établir (encore) un nouveau record en enchérissant le prix d’un vase chinois estimé à 800 $ à 18 millions de dollars — une hausse de 22 000% ! »

« Voilà le genre de sommes exorbitantes que le journal The Economist a remarqué lorsqu’il a fait état ‘d’enchères étonnantes’ par de riches Chinois à travers le monde ; ‘les records continuent à tomber à mesure que des collectionneurs nouveaux riches en provenance de Chine se ruent dans les salles de vente à Londres, New York et Hong Kong.' »

L’établissement de records par la Chine dans le marché de l’art n’est pas nécessairement une mauvaise chose ; mais si le passé récent augure au moins partiellement de l’avenir, l’économie chinoise se dirige vers un atterrissage difficile.

▪ « L’arrivée fulgurante de la Chine dans le monde des ventes aux enchères pourrait être un signe de richesse bien méritée », explique Thompson. « Mais les périodes d’enchères record sont des alarmes fiables pour annoncer une bulle, selon Vikram Mansharamani, auteur de Boombustology. On trouve un symptôme de suffisance et d’orgueil alors qu’une société nouvellement enrichie dépense son argent facile avec une extravagance exponentielle ».

« L’appétit de la Chine pour l’art n’est pas un indicateur quelconque », observe Mansharamani. « C’est un indice révélateur d’un scénario catastrophe que nous avons vu joué au moins trois fois auparavant », continue Thompson. « Au cours des vingt dernières années, le cours de Sotheby’s a connu quatre pics importants. A la fin des années 1980, le Japon a été le ‘centre de gravité’ du marché de l’art international. Mais son économie a implosé, perturbant fortement l’action Sotheby’s. Dix ans plus tard, la bulle Internet a provoqué un autre boom des enchères parmi les nouveaux venus de la Silicon Valley, et la bulle a à nouveau éclaté. Dix ans plus tard, même topo. Cette année pourrait être du déjà-vu… toujours et encore ».

« Mansharamani avance un argument frappant, preuve d’une bulle en Chine : les gratte-ciel », conclut Thompson. « En 1929, les trois plus hauts buildings du monde se trouvaient à New York. En 1997, avant la crise financière en Asie, les Tours Petronas piquaient ce titre à la Tour Sears. Treize ans plus tard, Burj Dubaï, la tour qui a établi un nouveau record fut érigée juste au moment où la dernière crise financière a frappé Dubaï. Il s’avère que les dix plus grands nouveaux buildings au monde sont comme le pouls mondial d’une activité économique en ébullition. En 2015, les gratte-ciel chinois occuperont les rangs 2, 3, 5, 9 et 10 ».

Dernier point qui confirme cela : le marché boursier chinois lui-même. Malgré une croissance du crédit encore titanesque en Chine — et malgré de continuels gros titres sur une croissance économique en pleine expansion — le Shanghai Composite Index n’a pas réussi à faire un progrès net au cours des six derniers mois. Ainsi, les titres chinois divergent nettement de celui de Sotheby’s — un titre que l’indice a suivi de très près pendant ces deux dernières décennies. Tandis que l’action Sotheby’s a battu son plus haut record, le Shanghai Composite reste 50% en dessous de son plus haut de tous les temps atteint en octobre 2007.

Peut-être est-il trop tôt pour paniquer à propos de ces divers signes d’excès culturels et de détresse boursière. Mais il n’est certes pas trop tôt pour s’inquiéter.

 
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