La Chronique Agora

Avantage à l'investisseur individuel

** Les fonds de couverture, nerveux, vendent les actions pétrolières ; les investisseurs individuels, plus intrépides, devraient les acheter.

– L’indice S&P suivant le pétrole et le gaz a chuté de près de 3% cette semaine — ce qui signifie qu’il n’a quasiment pas avancé depuis le 24 février 2005, une période de 16 mois. Sur cette même période de 16 mois, le prix du pétrole brut a grimpé de 34% — de 51,39 $ le baril à 69 $ — tandis que le carburant sans plomb a augmenté de plus de 50%.

– Après une analyse poussée de ces données surprenantes, nous en arrivons à la conclusion suivante : soit le pétrole et le carburant sont surévalués, soit les actions pétrolières sont sous-évaluées. Si l’on nous forçait à choisir entre ces deux interprétations opposées, nous prendrions la dernière.

– Les grandes actions pétrolières semblent carrément bon marché — tant par rapport aux prix du brut et de l’essence qu’au reste du marché boursier. L’indice S&P Supercomposite Integrated Oil and Gas s’échange à huit fois les bénéfices annuels seulement — soit moins de la moitié du PER du S&P 500.

– Huit fois les bénéfices, voilà qui semblerait bien plus raisonnable si le prix du pétrole brut était de 39 $ le baril, plutôt que 69 $. Mais ce n’est pas le cas. Les prix de l’énergie sont restés proches de leurs sommets historiques — c’est la raison pour laquelle les bénéfices des principales entreprises pétrolières ont augmenté de plus de 50% par an. Malgré cela, les actions pétrolières attirent à peu près autant d’intérêt qu’une baguette datant de la veille. Les investisseurs de long terme devraient probablement sauter sur l’occasion pour s’y intéresser… en achetant une action pétrolière ou deux.

– Huit fois les bénéfices, c’est une valorisation basse… très très basse. C’est le genre de valorisation qu’on ne trouve normalement que parmi les blessés graves des marchés, ce qui n’est pas le cas des compagnies pétrolières. Elles sont peut-être confrontées à une hausse d’impôts, mais rien qui n’entame vraiment leurs perspectives de croissance.

– Aucun raisonnement fondamental ne justifie des valorisations si humbles. Peut-être alors que la crainte en est la raison ? Rien n’est aussi synonyme de "peur" que huit fois les bénéfices… sinon peut-être six fois les bénéfices. Les PER à un seul chiffre sont communs lorsque la crainte règne. En 1982, par exemple, le S&P 500 se vendait moins de 10 fois les bénéfices. Un marché haussier de 18 ans a suivi. Nous ne serions guère surpris de voir l’histoire se répéter.

** Pour l’instant, la plupart des investisseurs sont en proie à une crainte extrême et irrationnelle à l’égard du pétrole et des actions pétrolières. Ils ont peur de Chevron, de Murphy Oil, de Tesoro et de toutes les autres compagnies pétrolières dont la valorisation est faible. Ils craignent que ces valeurs, même si elles ne se vendent que huit fois les bénéfices, et même si elles profitent de la hausse des prix de l’énergie, continuent à baisser. Les investisseurs ont simplement peur de croire ce qu’ils ont sous les yeux.

– Alors que l’indice S&P du gaz et du pétrole grimpe régulièrement depuis plus de trois ans, son PER <i>chute</i>. C’est parce que les bénéfices grimpent plus vite encore que le prix de l’indice lui-même. A 8,2 fois les bénéfices, cet indice se trouve à un plancher de plusieurs années, et se vend pour la moitié seulement de la valorisation du S&P 500.

** S’il y avait une troisième raison plausible à la faible valorisation du secteur de l’énergie, ce serait la prédominance de "l’argent brûlant". Au cours des 24 derniers mois — en particulier les six derniers — les actions de matières premières sont devenues un peu trop populaires. L’argent des fonds de couverture s’est engouffré dans ce secteur, cherchant des rendements intéressants. Tant que le secteur les leur fournissait, l’argent restait. Mais lorsque les performances ont commencé à vaciller, début mai, de nombreux fonds de couverture ont commencé à se diriger vers la sortie sur la pointe des pieds… voire en courant.

– Les fonds de couverture, voyez-vous, ne peuvent se permettre le luxe d’investir à long terme. S’ils veulent attirer des clients institutionnels, ils doivent bien faire tous les mois… ou au moins ne pas faire trop mal. La plupart des gestionnaires de fonds de couverture, par conséquent, ne se soucient pas de savoir comment une action donnée peut se comporter sur les six prochains mois — ils veulent seulement voir comment elle se débrouille sur les six prochains jours. La plupart des gestionnaires vendraient leur propre grand’mère s’ils pensaient que sa présence entame leur performance mensuelle de dix points de base.

– Cette tyrannie des performances au mois le mois cause des angoisses aiguës parmi les gestionnaires de fonds de couverture, et les pousse à faire des choses qu’aucun investisseur raisonnable ne ferait jamais. A cause de cela, ils vendent des actions qu’ils devraient acheter. Ils ignorent des perspectives d’investissement de long terme en faveur d’objectifs de performance à court terme.

– Et ce n’est pas comme ça qu’on gère de l’argent.

– Dans cette situation unique en son genre, c’est l’investisseur individuel qui a l’avantage. Il n’a pas à se soucier de l’analyse de la performance mensuelle, ou de refléter un repère spécifique. Il essaie simplement d’acheter les actions quand elles sont bon marché, et de les revendre quand elles ne le sont plus.

– Or les actions pétrolières sont bon marché.

 

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