La Chronique Agora

Aux grands maux les grands remèdes

Je ne veux pas parler du monde horrible et peu ragoûtant qui guette derrière ma fenêtre, mais plutôt de l’univers infiniment plus plaisant de l’or — et de la manière dont l’or peut vous sauver des déprédations des politiciens et des banques. David Bond, de SilverMiners.com, a lu les opinions de Salman Partners concernant la proposition de fonds coté en bourse (ETF) sur l’argent-métal, et résume la situation ainsi : ‘le retour sur investissement moyen des huit sociétés impactées par l’ETF examinées par Salman était de 47,625%. En gros, cela signifie qu’une action du secteur de l’argent se vend à présent environ deux tiers du prix qu’elle atteindra lorsque l’ETF sera lancé’.

En plus de l’offre et de la demande, Franklin Sanders, de la lettre d’information The Moneychanger, déclare que le ratio or/argent-métal est assez intéressant du point de vue historique. ‘Lorsqu’une matière première, quelle qu’elle soit, retourne aux mêmes niveaux deux, trois ou quatre fois durant 100 ans de cotation’, écrit-il, ‘je commence à envisager un schéma. Et même si les performances passées ne garantissent en rien les performances futures, un homme raisonnable parierait que depuis les 100:1 de 1991, nous nous dirigeons vers les 16:1 avant que ce marché haussier ne s’achève, mettons dans 10 ans de cela.’

Je sais qu’il attend que je dise quelque chose, mais tous ces chiffres dans tous les sens me font tourner la tête, et tout ce à quoi je peux penser pour l’instant, c’est combien de temps il reste avant le déjeuner, puis je me souviens que j’ai déjà déjeuné, et me voilà encore plus désorienté et déprimé.

Voyant mon visage abruti, Sanders essaie un autre angle : ‘si l’or atteint 1 250 $ (une cible modeste ne représentant que cinq fois son plus bas de marché baissier) et revient à un ratio or/argent de 16:1, l’argent atteindrait 78,80 $’.

A nouveau, il fait une pause, l’air d’attendre que je dise quelque chose, mais je suis complètement perdu. Je réfléchis : ‘l’or aura grimpé, et le pétrole aura grimpé, et le soja aura grimpé. Alors de l’argent à 78,80 $, bof’. Je le dévisage. Il me dévisage. Et finalement, il craque et me crie, si mes souvenirs sont bons : ‘en d’autres termes, il ferait 400 fois mieux que l’or !’

Soudain, me voilà galvanisé ! Je me lève d’un bond ! L’or va grimper en flèche un de ces jours, et l’argent-métal grimpera 400 fois plus rapidement ? Waouh ! Le Côté Avide du Mogambo (CADM) se réveille en disant : ‘positionnons-nous sur l’argent, et vite !’.

Et en parlant d’ETF, Adam Hamilton, de Zeal Intelligence, sous-entend que la récente baisse de l’or pourrait être due aux fonds aurifères cotés en bourse. Il note qu’il y a beaucoup d’autres de ces fonds dans le monde et que, ‘tous ensemble, tous ces ETF créent des canaux pour les investisseurs grand public de la planète, qui peuvent ainsi prendre de petites positions sur un actif suivant l’or. De petites positions multipliées par des centaines de millions d’investisseurs, ça fait d’énormes sommes’.

Et les petits investisseurs, en particulier les Américains, me semble-t-il, veulent tous gagner beaucoup d’argent rapidement, puisqu’ils n’ont pas beaucoup à investir — leurs stupides plans retraite (actions, obligations, fonds d’investissement, immobilier, etc.) ne semblent pas fonctionner, et le temps file de plus en plus vite. ‘Aux grands maux les grands remèdes’, surtout maintenant qu’ils se noient dans des océans de dettes en tous genres. Et si je ne gagne pas rapidement un gros paquet, je serai dans un beau pétrin.

Et donc nous autres petits porteurs faisons des allers-retours sur l’or comme des day-traders fous, essayant de gagner vite et gros, secouant les marchés et créant une volatilité insensée. Une telle volatilité attire d’autres petits poissons cherchant l’argent facile. Cela fera ensuite sortir les requins, qui cherchent à avaler les petits poissons.

Au milieu de tout ça, on trouve les banques centrales de la planète, qui ont :
1) vendu tout ou partie de leur or, ou
2) loué tout ou partie de leur or, ou
3) les deux — et sont horrifiées de voir l’augmentation du prix de l’or, laquelle démontre aux yeux de tous que les investisseurs mondiaux ont perdu confiance dans la gestion de l’économie par ces idiotes de banques centrales.

Ces dernières sont embourbées dans ce marécage avec d’autres banques, qui leur ont emprunté de l’or, puis l’ont vendu. Elles promettent encore officiellement de rendre l’or aux banques centrales auxquelles elles l’ont emprunté, juré-craché. Mais avec la hausse du prix de l’or, cela se révèle impossible. Et parce qu’elles versent moins d’1% par an sur l’or emprunté, qu’elles ont vendu pour acheter des obligations, avec la hausse des taux d’intérêt, elles sont frappées deux fois ! Hahaha !

Chaque fois que le prix de l’or augmente d’un dollar, cela augmente les pertes des banques de métaux. Chaque fois que les intérêts obligataires chutent d’une fraction de pour-cent, cela augmente également leurs pertes — et rend plus probable encore la possibilité de voir ces banques faire faillite, tandis que les banques centrales se feront avoir. Toutes ces organisations corrompues veulent donc voir baisser le prix de l’or, et vous pouvez parier votre premier bavoir qu’elles font tout ce qu’elles peuvent pour faire reculer le métal jaune, aussi pourrie, dégoûtante ou illégale que soit la méthode nécessaire.

Mais le Mogambo ne s’inquiète pas de voir baisser le prix de l’or, pas plus que les Chinois, d’ailleurs, puisque nous lisons dans le China Daily : ‘la Chine a l’intention de mettre en place un fonds d’investissement de l’or, espérant capitaliser sur la hausse du prix du métal’.

Et alors même que j’observe la baisse récente de son cours, je dois vraiment me mordre les joues pour m’empêcher de rire devant le prix ridicule de l’or et de l’argent-métal, et je me dis que les gens qui en achètent maintenant feront probablement la plus grosse plus-value de l’histoire de l’investissement — à tel point que, dans quelques années, les histoires des sommes engrangées par ceux qui ont investi dans l’or, l’argent et les matières premières deviendront des légendes urbaines.

Dan Denning, rédacteur en chef de la lettre d’information Strategic Investments, m’entend bavasser sur l’or, sort dans le couloir et me regarde droit dans les yeux pour me dire qu’il prévoit que ‘le marché haussier de l’énergie (pétrole, gaz, électricité, nucléaire) sera l’un des plus longs et des plus vigoureux que vous verrez de votre vie d’investisseur. Les principaux moteurs en sont la demande en provenance de Chine et d’Inde’. Puis il s’arrête et me regarde avec un petit sourire, comme s’il venait juste de prendre l’as caché dans ma manche, ou quelque chose comme ça !

Je pense donc bien entendu — comme à chaque fois — que M. Denning est intelligent et beau et grand et prospère et heureux et populaire, tandis que moi, je ne suis rien de tout ça. Je le déteste cordialement en secret à cause de cela, mais dans la mesure où je déteste tout le monde, et pour les mêmes raisons, je me remets bien vite, et j’extrapole en disant qu’un marché haussier de l’énergie signifie une hausse des prix de l’énergie. Cela signifie que quiconque utilise l’énergie aura des coûts énergétiques plus élevés, et ces coûts énergétiques plus élevés seront répercutés par une hausse des prix en général. Et dans la mesure où une ‘hausse des prix’ est l’une des définitions de l’inflation, alors l’or, qui suit historiquement l’inflation, grimpera lui aussi… ce qui était mon argument de départ ! Hé là !

Indigné, je me rue dans le bureau de M. Denning en exigeant qu’il me rende mon as, mais il fait l’étonné, comme s’il ne savait pas de quoi je parle, et tandis qu’il appelle frénétiquement le service de sécurité, je fouille son bureau de fond en comble, cherchant partout l’as qu’il m’a piqué au paragraphe précédent. Mais il ne s’agit pas d’énergie, ni d’or, ni de la manière dont le Mogambo n’a jamais récupéré son as, mais bien de l’inflation sur autre chose que des actions, des obligations ou de l’immobilier. Cette fois-ci, ce sera l’inflation des matières premières, qui comprennent les métaux, et en particulier les métaux précieux. On peut stocker de l’or, de l’argent et du palladium éternellement, pour zéro frais et sans jamais se salir avec de la poussière et de la boue dégoûtante, comme lorsqu’on essaie de stocker du pétrole, du maïs ou (grossière erreur) des porcs vivants dans son garage.

Et puisqu’on parle d’or, le journal Times of London rapporte que ‘l’ancien président de la Réserve fédérale, Alan Greenspan, a déclaré que le prix élevé de l’or était dû aux inquiétudes des investisseurs concernant des conflits géopolitiques majeurs’.

Greenspan s’adressait à ‘un auditoire d’investisseurs internationaux à Tokyo grâce à un lien vidéo depuis son appartement à New York’ — ce qui est parfait, parce que je pensais que ces investisseurs anonymes poufferaient de mépris en entendant cette phrase, puisqu’ils savent que le prix de l’or a grimpé en majeure partie parce que Greenspan a tant dévalué le dollar ! Les tensions géopolitiques ne sont que la cerise sur le gâteau.

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