▪ Vous vous rappelez notre nouvelle Transaction de la Décennie ? Vendez les obligations gouvernementales japonaises, achetez des petites valeurs japonaises.
Est-ce qu’elle va bien ? Pas exactement. Mais la décennie ne fait que commencer. Et elle semble plus prometteuse que jamais.
Les Japonais se sont mis dans le pétrin. Un piège. Un aller simple pour l’enfer. Il n’y a pas de sortie.
Ce sera sanglant. Ce sera moche. Il y aura des pleurs… des grincements de dents… des jurons… des accusations… des hurlements… des gémissements…
… ah oui…
… et il y aura aussi des profits considérables. Si non pour nous… pour quelqu’un d’autre !
Mais pas la peine de se réjouir… ou je ne sais quoi d’autre que font les Allemands quand quelqu’un a dépensé trop d’argent et se retrouve sur la paille.
Effacez ce sourire satisfait devant les malheurs que les Japonais se sont eux-mêmes infligés. Les Etats-Unis — et la France — sont dans le même navire. Une fois qu’on se lance dans les taux zéro, les déficits galopants et l’impression monétaire, on est piégé. On doit rester où l’on est… ou bien on passe par-dessus bord et on se noie.
William McChesney Martin, président de la Fed durant les années Eisenhower, avait l’habitude de dire que le travail de la Fed était de « retirer le bol de punch » lorsque la fête commençait à devenir trop folle.
Les temps ont changé. A présent, la Fed n’a pas la moindre intention d’enlever le bol à punch. Elle se rue vers la boutique pour acheter plus de gin !
▪ Qu’est-ce qui a changé ?
Eh bien, beaucoup de choses. Mais l’une d’entre elles est simple. L’économie des années Eisenhower était saine. La fête aurait pu s’affoler à l’époque. Parce que c’était une vraie fête. Il y avait quelque chose à célébrer. Les Etats-Unis fabriquaient des choses et les vendaient avec profit. Les salaires grimpaient. Avec la hausse des revenus vint l’augmentation du pouvoir d’achat… ce qui donnait à l’industrie américaine plus de clients… avec plus d’argent à dépenser.
Aujourd’hui, nous sommes dans une nouvelle phase. La fête fait un flop. C’est une fraude. Un tas de zombies se tiennent là, un verre à la main. Ils écoutent une épouvantable musique. Ils débitent des platitudes. Et personne n’écoute.
Le plus grand groupe de consommateurs — les baby-boomers — est né durant les années Eisenhower. A présent, ils prennent leur retraite. Ils ne contribueront plus à la richesse du pays. Ils la diminueront… dépensant leur épargne… et se tournent vers la prochaine génération pour leur fournir soins de santé et allocations retraite.
Et qu’est-il arrivé à l’industrie américaine ? Elle va mieux, disent les journaux. Mais elle n’est plus que l’ombre d’elle-même… et ne peut plus faire concurrence que dans certains domaines très étroits. Les Chinois font plus de voitures. Les Allemands font de meilleures voitures. Et les Indiens font des voitures moins chères. Que reste-t-il ? Des voitures made in America.
General Motors, l’entreprise la meilleure, la plus grande et la plus admirée du temps d’Eisenhower, s’est lancée dans l’activité financière durant l’administration Clinton. Puis elle a fait faillite… et a été nationalisée.
Les diplômés américains, eux aussi, sont passés de l’industrie dans les années 50 au marketing dans les années 60… puis à la pub dans les années 70… à la comptabilité fiscale dans les années 80… à l’investissement dans les années 90… et à la finance dans les années 2000.
Et à présent, le plus grand groupe d’entre eux se tient prêt à lâcher du lest… prendre sa retraite… profiter de la vie.
Mais attendez. Comment peuvent-ils profiter de la vie ? Ils n’ont pas d’argent !
Seul un Américain sur dix environ a assez de côté pour se permettre de prendre sa retraite dans le style auquel il a été habitué.
Alors que va-t-il faire ?
Nous allons peut-être être les premiers à vous le dire : son niveau de vie va baisser. Et pas uniquement les retraités… les travailleurs aussi.
Pourquoi ? C’est ce qui arrive quand on emprunte trop. On doit rembourser, d’une manière ou d’une autre.
Il est plus probable que les Américains verront leurs revenus et leur épargne accumulée chuter en même temps que le dollar. Nous avons vu passer un article du Wall Street Journal selon lequel le dollar chuterait de 20% à mesure qu’il cesse d’être la seule devise de réserve mondiale.
Rien que ça effacerait un cinquième du pouvoir d’achat mondial des Américains.
Mais ça pourrait être bien plus. Attendez un peu. Le collet ne fait qu’irriter, pour l’instant. Attendez qu’il entame la chair… puis la peau. Plus les autorités luttent, plus le piège se resserre. Elles accumulent les déficits budgétaires. Elles impriment de l’argent. Elles renflouent… et prêtent de l’argent sous le taux d’inflation des prix à la consommation.
Bien entendu, les Américains ne sont pas les seuls concernés. Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l’Irlande… et une bonne partie du reste du monde… sont tous dans une Grande Correction. Le niveau de vie sera corrigé…
… c’est-à-dire qu’il sera réduit.
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