On fonce vers le platane, klaxon hurlant !
Rien n’était fait mardi soir à Wall Street, mais comme on dit au moment de tirer le pénalty décisif d’une séance de tirs au but, il ne fallait pas se rater !
Après quatre séances de repli consécutifs du S&P 500 ou du Nasdaq, aucune « stat’ » contrariante (parce que pas de « stat’ » du tout) et une détente un peu inespérée des taux d’intérêt (Jerome Powell venait pratiquement d’enterrer le scénario à trois baisses de taux en 2024 la veille), les indices US disposaient de pas mal d’atouts pour s’offrir un rebond technique salvateur.
C’était d’autant plus prévisible et attendu qu’en Europe, le CAC 40 venait de préserver presque au point près le plancher des 7 930 points, et le DAX 40 celui des 17 760 points.
Mais la séance de rebond à laquelle tout le monde s’était préparé à New York, avec des « futures » US résolument orientés à la hausse en préouverture, se termine par un 5e repli consécutif, et le pire, c’est que le compartiment des semi-conducteurs, qui devait assurer son rôle de locomotive habituel depuis fin octobre, a fini bon dernier parmi les onze secteurs listés à Wall Street.
L’indice SOXX, le plus emblématique, celui qui regroupe tous les acteurs du secteur (de Nvidia, meilleur performer 2024, à Micron, pire score depuis le 1er janvier), s’est replié de 3% et a fini au plus bas du jour, cassant au passage son support à court terme des 215,7 points, vers 210,3 points.
Le SOXX rassemble une bonne dizaines d’entreprises pesant de 100 Mds$ à 2 000 Mds$ (pour Nvidia), et vu les gains depuis le 1er janvier, des prises de bénéfices étaient largement justifiées dans un contexte de tension des taux US (+50 points depuis le 1er avril). Une détente des T-Bonds était censée favoriser les rachats à bon compte.
Mais c’est tout l’inverse qui s’est produits, et la 5e séance de repli consécutif se solde par la cassure du support des 15 950 points sur le Nasdaq et des 5 040 points sur le S&P, avec d’inquiétants signaux baissiers sur nombre de poids lourds de la cote.
La déception aurait peut-être été compensée par une rotations sectorielle en faveur des valeurs de petite taille du Russell-2000. Mais celui-ci a chuté de 0,9%, vers 1 950 points : il termine au plus bas depuis le 7 février et perd désormais 3,5% depuis le 1er janvier.
L’année 2024 commence à ressembler de plus en plus à 2023 pour les small caps, qui après une année 2023 très décevante, aggravent encore leur sous-performance par rapport aux multinationales championnes de la tech.
Il n’y quasiment plus aucun secteur refuge à Wall Street, et sans surprise, la récente flambée de taux hypothécaires (le coût d’un crédit sur « 30 ans » est repassé au-dessus de 7,5%) est en train de plomber le secteur immobilier qui connaît une chute d’activité encore plus sévère qu’au coeur de la grande crise de 2008.
Et cela n’est rien en regard du pic historique des « défauts » (retard ou absence de remboursement) des prêts à la consommation et sur les encours de cartes de crédit : ça explose tout ce qu’on a connu de pire depuis 1974 !