La Chronique Agora

Au Portugal et aux Etats-Unis, la dette n'est pas la même

▪ Pour autant que nous puissions en juger dans la presse, le marché de l’immobilier américain a eu de très mauvaises nouvelles cette semaine. Les ventes de nouvelles maisons ont atteint un plancher record. Depuis qu’on a commencé à suivre les chiffres, il y a un demi-siècle, jamais aussi peu de maisons neuves n’ont été vendues.

Naturellement, leur prix chute aussi. Pourquoi ? Parce que le secteur de l’immobilier a construit et vendu hier les maisons d’aujourd’hui. Une bulle du crédit entame l’avenir. Et nous sommes désormais dans l’avenir. Naturellement, il n’y reste plus grand-chose. Tout a été déjà pris… utilisé… construit… dépensé…

Ce qui montre à quel point les autorités sont ridicules. D’abord, elles ont nationalisé Freddie Mac et Fannie Mae… pour empêcher qu’ils ne fassent faillite. Ensuite, elles ont acheté des titres adossés aux créances hypothécaires par pleines brouettées… et prêté de l’argent à taux zéro… pour regonfler le secteur des banques et des prêts. Ensuite, elles nous disent que nous (les contribuables) gagnons de l’argent sur ces titres. Oui, nous sommes censés engranger des plus-values à mesure qu’ils sont revendus sur le marché !

Mais voilà que l’immobilier connaît un double creux. Et hier, nous apprenions dans les journaux que Fannie et Freddie pourraient avoir dissimulé 100 milliards de dollars de pertes.

▪ Il y a une autre chose qui prend une volée de bois vert en ce moment : la dette de la périphérie européenne, maintenant que les Portugais ont voté contre l’austérité. Pour remettre les choses en perspective : il n’y a que deux voies. Lorsqu’on emprunte trop d’argent sur l’avenir, il faut soit le rembourser, soit faire faillite. Les Portugais essayaient de rembourser leurs dettes en réduisant les « services ». Mais c’est plus difficile qu’on pourrait le penser. Les Etats-Providence modernes sont construits sur une fraude : le gouvernement peut donner plus de services qu’ils n’en paient. En général, le gouvernement va chercher l’argent dont il a besoin auprès de groupes politiquement faibles — comme la génération suivante, qui n’a pas droit au vote.

Les citoyens n’apprécient pas que le gouvernement essaie de réduire ses dépenses. Et lorsqu’une majorité d’électeurs se trouve d’un côté de l’échange — souhaitant en obtenir plus des autorités que ce qu’ils paient en impôts — il est très difficile (voire impossible) d’imposer des mesures d' »austérité ».

Ce que nous dit l’élection portugaise, c’est que de nombreux gouvernements feront faillite avant de rembourser leur dette. C’est du moins ce qu’elle implique…

Comme vous le savez, cher lecteur, la situation américaine est un peu plus compliquée. Les Etats-Unis ont la devise de réserve mondiale. Leur dette est détenue en grande partie par des étrangers. Et elle est libellée dans une devise que les Américains sont les seuls à contrôler. Ils peuvent donc faire faillite de deux manières différentes.

Soit à l’ancienne — c’est-à-dire en se montrant incapables de rembourser leurs factures quand elles échoient.

Soit de manière inflationniste — en payant leurs factures dans une devise qui ne vaut pas autant que ce qu’ils ont emprunté.

Il est clair que la deuxième manière est l’approche préférée. C’est ce que visent les autorités. C’est la principale raison pour laquelle la Fed injecte quatre milliards de dollars par jour dans l’économie mondiale. Et c’est une raison supplémentaire de maintenir les taux d’intérêt à zéro — même après que, selon les calculs même de la Fed, l’urgence est passée.

En bref, vous pouvez tromper vos créditeurs de deux manières différentes. Vous pouvez faire honnêtement défaut. Ou vous pouvez faire jouer l’inflation.

Le problème, avec l’inflation, c’est qu’elle ressemble à un chien indiscipliné. Elle ne vient pas quand on l’appelle. Ensuite, quand elle vient, elle arrive si rapidement qu’elle vous renverse. Elle se précipite dans la maison et démolit les meubles.

Le Japon n’a pas réussi à faire arriver le corniaud alors qu’il l’appelle depuis 20 ans. Et lorsqu’il s’est pointé en Argentine, au Zimbabwe et dans l’Allemagne de Weimar, il s’est révélé être une telle plaie qu’ils ont souhaité ne l’avoir jamais sifflé.

Mais il y a Ben, Tim et les autres — et ils adorent les chiens, tous autant qu’ils sont.

 
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