La Chronique Agora

Au début était le verbe… et le verbe était subprime

▪ Y sommes-nous ? Est-ce le début de la fin ?

Au début était le verbe. Et le verbe était subprime. Lorsque les investisseurs l’ont prononcé, en 2007, les marchés ont tremblé. A l’automne 2008, Lehman Brother avait fait faillite et les actions chutaient partout dans le monde.

La fin du début s’est produite le 9 mars 2009. Les actions avaient perdu environ la moitié de leur valeur… une perte de 25 000 milliards de dollars sur l’ensemble de la planète. La première phase avait pris fin.

La phase suivante fut le rebond. Il stimula les cours boursiers un peu partout — et plus particulièrement sur les marchés émergents. Dans le monde, les actions reprirent environ la moitié de ce qu’elles avaient perdu durant la première phase.

A présent, nous sommes soit près de la fin de l’étape intermédiaire — soit au début de l’étape finale. La semaine dernière, on aurait dit que l’étape finale avait commencé. Le Dow a baissé durant quatre séances sur quatre… avec une chute conséquente vendredi, de 216 points.

La crainte est de retour. Le pétrole s’échange sous les 75 $. L’or a perdu du terrain. Proportionnellement, l’or a perdu moins que les actions. Quelques investisseurs intelligents au moins voient l’or comme un refuge, plutôt que comme une menace.

Les commentateurs fournissent bon nombre de "raisons" aux tremblements des marchés. Les Chinois resserrent le crédit. Obama serre la vis et les banques en prennent pour leur grade. Choisissez celle que vous voulez. Mais le bruit provenant des médias financiers fournit juste aux investisseurs un moyen de comprendre ce qui se passe… sans vraiment comprendre. A la surface, les marchés réagissent à l’actualité. Mais leur direction principale est déterminée par des courants plus profonds.

▪ Obama est en train de perdre la confiance de son pays. Sa réforme du système de santé est un nid de corruption et de confusion. Sa gestion des guerres en Irak et en Afghanistan est un mélange de sottise et de cupidité. Et son traitement des banques est à moitié un tour de force publicitaire… et à moitié sans importance.

Dommage. Il semble être quelqu’un de plutôt sympathique. Simplement, il ne réalisait pas qu’il accédait à son poste durant la phase baissière du cycle du crédit. Les poissons doivent nager. Les oiseaux doivent voler. Et les cycles du crédit doivent corriger. Voilà pourquoi le marché boursier — pour l’instant — est en suspens. C’est un travail en cours. Un marché baissier a commencé au début des années 2000. Il a été repoussé grâce à une augmentation imprudente de cash et de crédit par les autorités suite à la pseudo-récession de 2001. Ensuite, après une bulle spectaculaire de l’industrie financière et de l’immobilier résidentiel, le marché baissier a repris en 2007. En 2009, les prix des actions ont atteint un plancher temporaire et ont rebondi. A présent, la phase finale du marché baissier pourrait être en train de commencer.

Rien de tout cela n’est de la faute d’Obama. Il n’a pas créé la bulle de crédit. Et on ne peut le blâmer de ne pas pouvoir réparer la situation. Ce n’est pas une situation réparable — du moins pas par des politiciens. Les marchés doivent faire leur travail. Ils doivent ramener les prix à des niveaux où il vaut à nouveau la peine — en tenant compte du risque de perte — de racheter des actifs. Ils doivent se débarrasser des erreurs. Ils doivent punir les investisseurs stupides… arrogants… et imprudents. Ils doivent faire passer l’argent qui est entre des mains faibles à des mains fortes. Tout cela prend du temps. Offrir plus d’argent bidon au marché ne fait qu’obscurcir le tableau… et rendre les décisions plus difficiles.

On ne peut pas non plus vraiment blâmer M. Obama pour avoir fait les idioties qu’il a faites. Il était trop occupé pour réfléchir à la manière dont une économie fonctionne. C’est pour cela qu’il a des conseillers. Malheureusement, son équipe financière est constituée en grande partie de benêts, d’idiots et d’opportunistes — comme Larry Summers, Ben Bernanke et Tim Geithner… pas nécessairement dans cet ordre.

▪ Seul Paul Volcker a une idée de ce qui se passe. Il faut reconnaître qu’il a fait des critiques courageuses sur le secteur bancaire. Il donne probablement à M. Obama des conseils raisonnables, de temps en temps.

Mais que peut-il dire ? Obama est le président de tous les Américains. Il doit "faire quelque chose" pour que la douleur disparaisse. Son parti compte sur lui. Les électeurs l’exigent.

M. Volcker sait qu’on ne peut pas vraiment faire disparaître la douleur d’une correction. Elle doit suivre son cours. Elle doit faire son travail. Tout ce qu’on peut faire, c’est essayer de contrôler les banques pour qu’il ne coûte pas aussi cher de les renflouer.

M. Volcker réalise peut-être également que les autorités ne font qu’empirer les choses — avec leurs renflouages, leurs déficits, leurs subventions et leurs dépenses inutiles. Et alors ? Les poissons doivent nager, rappelez-vous. Les gouvernements démocratiques doivent suivre leurs électeurs. Et les électeurs veulent des solutions ! Ils veulent des dirigeants ! Ils préfèrent avoir une solution rafistolée et nocive plutôt que pas de solution du tout.

Et c’est bien ce qu’ils ont.

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