La Chronique Agora

Contre-attaque mythique pour les élections présidentielles US

élections présidentielles US

Nous avons parlé hier du Choc des Mythes. L’un des exemples les plus frappants récemment est la merveilleuse performance orchestrée lors de la Convention démocrate.

L’un des mythes les plus durables — dans tous les pays ou presque — est celui du « héros mort ». Peu importe qui il était… ce qu’il était censé combattre… ou le camp auquel il appartenait. S’il était mort pendant la guerre, c’était « un héros ».

Dans la Grèce antique, on pensait qu’il n’y avait pas plus belle mort que pendant une bataille. Cela conférait une sorte d’honneur et d’immortalité qu’on ne pouvait pas obtenir autrement.

Les Spartiates, par exemple, n’érigeaient de pierre tombale que pour les hommes morts à la guerre ou pour les femmes mortes en couches.

Dans tous les villages français, on trouve un monument à « Nos Héros Morts pour la Patrie ». Généralement, il porte les noms des dizaines… ou des centaines… de soldats tombés dans les tranchées de la Première Guerre mondiale.

En politique aussi, il est commun d’invoquer les fantômes des héros tombés. Périclès l’a fait dans sa célèbre oraison funèbre. Il en a été de même pour l’équipe d’Hillary lorsqu’elle a fait venir les parents d’un soldat américain musulman tué en Irak.

Mythe contre Mythe

Donald Trump a mordu à l’hameçon.

Il a eu recours au mythe opposé, encore mal défini — selon lequel il y aurait quelque chose d’anti-américain ou de peu fiable chez les musulmans.

Hillary a parié, à raison, que le mythe du « héros mort » était plus fort que le mythe du « mauvais musulman ».

Si l’on en croit les sondages, Donald a coulé ; Hillary a grimpé.

Mais attendez… qu’en est-il des programmes politiques des candidats ?

Qu’en est-il du fameux mur entre les Etats-Unis et le Mexique ? Qu’en est-il d’accords plus favorables en matière de commerce international ? Qu’en est-il de la Russie et du Moyen-Orient ?

Les électeurs devraient pouvoir choisir en toute connaissance de cause, non ?

Hélas non.

Aucun mur ne sera construit, par exemple — peu importe qui est élu. « Pour la première fois depuis la Grande dépression », rapporte le Washington Post, « plus de Mexicains quittent les Etats-Unis qu’ils n’y entrent ».

A quoi servirait un mur ? A empêcher les Mexicains de rentrer chez eux ?

De même, il n’existe pas le moindre « accord plus favorables » en matière d’échanges commerciaux. Il y a soit le libre-échange… soit des échanges de bons procédés et de copinage.

Les deux candidats privilégieront le copinage. Les deux candidats promettent aussi de gigantesques dépenses d’infrastructure.

L’un des deux sera-t-il meilleur que l’autre à ce petit jeu ?

Personne ne le sait.

La réforme fiscale ?

Aucun des deux candidats ne fera de changements en profondeur. Le système fiscal américain est sous le strict contrôle d’intérêts particuliers travaillant pour les parasitocrates.

Cela ne changera pas — là encore, peu importe qui siège dans le Bureau ovale.

Un candidat sibérien

Venons-en à la politique étrangère.

C’est là que les mythes s’affrontent vraiment. Nous savons ce qu’Hillary va faire — elle va continuer à bombarder, à envoyer des drones, à dépenser, à se mêler de tout. Elle poursuivra les politiques ratées des régimes Bush/Obama.

Donald promet une nouvelle vision. L’OTAN ? Israël ? La Russie ? Il a des doutes.

Cette prise de position a tant fait trembler les faucons néo-conservateurs que nombre d’entre eux ont rejoint Hillary. Ils se sont alliés aux fabricants de mythes démocrates — dont Krugman, du New York Times — pour suggérer que Donald est un « candidat sibérien ».

Là, la fabrication de mythes atteint un niveau encore supérieur : la contre-attaque mythique.

L’ancien directeur de la CIA Michael Morell, écrivant dans le New York Times, a accusé Trump d’être « un agent involontaire de la Fédération russe ».

On dit que Donald est très ami avec Poutine ; sa fille serait même partie en vacances avec la maîtresse de Poutine, selon la presse. (Il n’est pas clair que Poutine et Trump se soient rencontrés un jour).

Est-ce que ça signifie quelque chose ?

L’équipe Hillary parie que le mythe du « mauvais Russe » est plus fort que le mythe de « l’homme fort ».

Et pour notre prrrochain numérrrrrrrooooo… l’homme qui peut mettre quatre milliards de boules de billard en même temps dans sa bouche !

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