Les dirigeants européens annoncent la mise en place de barrières à l’échange… pour la protection de l’industrie des renouvelables contre la concurrence.
En raison de la concurrence des entreprises en Chine, les prix des panneaux solaires chutent et mettent en danger une partie de l’industrie.
Une entreprise de solaire annonce par exemple la fermeture d’une usine en Allemagne. Le quotidien Les Echos cite le directeur du groupe :
« Fermer une usine de pointe, qui a commencé sa production il y a moins de trois ans, est une décision que nous souhaiterions éviter. Mais sans engagements à long terme de la part des législateurs de créer un terrain de jeu équitable, nous devrons mettre en oeuvre notre plan. »
En somme, les producteurs veulent des subventions et des protections contre la concurrence.
Ainsi, les dirigeants européens mettent en vigueur des mesures de soutien à l’industrie – en imposant l’utilisation de panneaux ou d’éoliennes en provenance d’usines de l’UE. Le capitalisme de copinage augmente le coût de l’énergie pour le citoyen, au profit d’une poignée d’entreprises.
Les Echos :
« Pour encourager l’achat de panneaux solaires ou d’éoliennes made in Europe, Bruxelles va en outre imposer aux Etats membres d’utiliser des critères ‘hors prix’ (durabilité, résilience), favorisant la production locale, dans 30% des appels d’offres publics dédiés à ces technologies ou pour un total de 6 GW par an. »
La loi facilite l’accès à des subventions de gouvernements pour la construction d’usines dans l’industrie des renouvelables et réduit les procédures pour l’ouverture d’usines.
En plus du danger des émissions de carbone, le capitalisme de copinage arrive à présent en secours face à la concurrence !
L’intervention des dirigeants dans l’économie revient en général à une quête de contrôle sur des industries ou entreprises.
Les dirigeants veulent plus d’activité sous l’emprise du gouvernement. Ils interviennent avec des subventions, des aides pour les renégociations de dette ou des blocage d’offres de reprise de la part de concurrents à l’étranger.
Faillite d’Atos : embarras pour les dirigeants
L’action d’Atos a baissé de 95% sur les cinq dernières années en raison des déceptions sur ses revenus et ses bénéfices.
Thierry Breton, à présent un des directeurs des politiques de l’UE, détient une grande responsabilité pour la débâcle. Sous la direction de M. Breton de 2009, jusqu’en 2019, les dettes ont grimpé en flèche.
Selon les chiffres de SeekingAlpha, la dette à long terme est passée de 416 M€ en 2013 à 2,6 Mds€ à présent. La part de la dette qui arrive à maturité dans les douze prochains mois augmente, de 106 M€ en 2013, à 2,9 Mds€ aux chiffres de décembre 2022.
De plus, l’entreprise perd de l’argent en trésorerie à hauteur de plus d’un milliard d’euros en 2023. Les gestionnaires attribuent le problème à des besoins de liquidité pour les opérations ainsi qu’à la nécessité de réorganiser la société en raison de problèmes de dette.
Les ventes baissent, en particulier en Amérique du Nord. En dollars, elles reculent de 20% sur un an, selon les bilans des neuf premiers mois de 2023.
Maintien de contrôle
La société fait concurrence à des géants comme Amazon et Google dans le domaine du cloud, le stockage distant.
La perte d’Atos – en cas de vente des activités à la casse par exemple – crée une perte d’emprise des dirigeants sur le monde de l’informatique.
Or, le contrôle du secteur fait partie de obsessions des dirigeants depuis des années. La Digital Services Act interdit par exemple le transfert de données des utilisateurs et privilégient les entreprises de cloud du continent, plutôt que celles de la concurrence.
En dépit de la faillite du groupe, les dirigeants souhaitent maintenir une emprise sur les activités d’informatique d’Atos. Ils mettent en avant l’idée d’un rachat d’une partie de ses activités par Airbus. Les gouvernements français et allemand détiennent encore plus de 20% des parts de l’entreprise d’aviation. Les dirigeants conservent ainsi une influence dans le monde de l’informatique.
Les Echos rapporte :
« Depuis janvier, l’avionneur franco-allemand Airbus est officiellement sur les rangs pour reprendre BDS [la partie des activités dans le cloud et la cybersécurité], avec une offre correspondant à une valeur d’entreprise comprise entre 1,5 et 1,8 milliard d’euros… Selon nos informations, l’option Airbus aurait les faveurs de Bercy car les activités seraient plus complémentaires et permettraient de développer l’avionneur auprès des jumeaux numériques. »
Comme avec l’industrie des renouvelables, la « souveraineté » sert de prétexte au capitalisme de copinage. Les gouvernements prennent un rôle dans la liquidation, et sauvent ainsi la face :
« En tout cas, Bruno Le Maire semble sous-entendre qu’il compte dissuader tout repreneur étranger de mettre la main sur cet actif sensible. Cela pourrait-il passer par une nationalisation, comme le proposaient des parlementaires il y a encore quelques mois ? Des offres par des groupes étrangers auraient été découragées, selon nos informations… »
Soutien aux déformations de marché
Une professeure à l’université de Harvard suggère plus de régulations et de barrières à la création d’entreprise. FranceTVInfo l’a interviewée pour la promotion du livre Le Grand mythe : comment les industriels nous ont appris à détester l’Etat et à vénérer le libre marché.
Selon elle, les entreprises subissent trop peu de régulations et requièrent plus de contrôle par les dirigeants.
Elle explique les raisons de la crise de 2008, par exemple :
« Alors la déréglementation financière va démanteler des mesures qui avaient été mises en place en termes bancaires après la Grande Dépression. Cela va être complètement démantelé et comme par hasard, en 2008, une grande crise financière arrive. Et nombreux sont les économistes qui pensent que s’il y a eu cette crise en 2008, c’est probablement parce qu’on a eu ces garde-fous qui ont été supprimés à ce moment-là. »
Les dirigeants mènent en théorie une lutte contre les aléas et excès des marchés.
Comme l’écrit Simone Wapler à nos lecteurs :
« Ce faisant, nos grands planificateurs omniscients pensent avoir créé un nouveau monde : le capitalisme sans faillite possible. La réglementation qu’ils imaginent pourvoit à tout, prévoit tout, corrige les anomalies de marché, s’occupe du thermostat de la planète comme de celui de votre maison, de ce que l’agriculture doit produire, de ce que vous pouvez et devez manger, de vos vaccins, de la façon dont vous vous déplacer, etc. »
En fait, sans l’intervention des dirigeants, les marchés réduisent les excès de crédit et de prix, et mettent en faillite les sources de gâchis – comme les usines de renouvelables en Europe ou les entreprises d’informatique sous contrôle des dirigeants.
L’opposition au mécanisme de marché provient non d’une préoccupation pour le bien du citoyen contre la menace de la concurrence, mais d’une volonté de contrôle par les dirigeants.
Dans nos recommandations de placements à nos lecteurs, nous évitons au maximum les renouvelables, l’hydrogène, et les entreprises sous contrôle des dirigeants comme Atos ou Airbus.
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