La Chronique Agora

L’asphyxie de la classe moyenne

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Le revenu disponible réel de la classe ouvrière diminue pendant que les élites encaissent tout ce qui sort de la Fed.

L’actualité du jour est déprimante. The DailyCaller :

« Au cours de l’année 2022, le revenu disponible réel des ménages américains s’est replié à son plus bas niveau depuis la Grande Dépression de 1932, déclarait l’économiste d’Heritage, EJ Antoni, jeudi dernier. Il a déclaré que le taux du croissance du PIB réel enregistré en 2022 (2,1%) représentait la plus faible progression depuis 2016, en dehors des années 2020 et 2021, marquées par la pandémie.

D’après les données publiées par la Réserve fédérale de Saint-Louis, le revenu disponible réel des ménages a chuté de 6,4%. Cette forte baisse a coûté 1 000 Mds$ aux Américains en 2022, explique EJ Antoni. »

Le revenu réel s’est-il vraiment replié à son niveau de 1932 ? Probablement pas… Voici ce que nous dit Heritage.org :

« De nouvelles données publiées jeudi dernier montrent que les prix à la consommation, tels que le mesurés par l’IPC, ont augmenté de 13,7% depuis l’investiture de Joe Biden. Les prix ont reculé de 0,1% le mois dernier, mais ils ont augmenté de 6,5% en 2022, année marquée par une inflation sans précédent depuis 40 ans. Malgré le ralentissement de l’inflation, de nombreux biens de consommation essentiels restent beaucoup plus chers qu’au début du mandat de Joe Biden : le prix des œufs a augmenté de 189,9%, le prix de la viande de bœuf hachée de 21,1%, le prix de l’essence de 44,3%, le prix de l’électricité de 21,3%, les prix des transports de 19,5% et les prix du logement de 11,8%.

EJ Antoni, chercheur en économie régionale au sein du Heritage Foundation’s Center for Data Analysis, a publié le communiqué suivant après la publication des dernières données jeudi : 

‘La présidence de Joe Biden a été marquée par un excès de dépenses, d’emprunts et par un recours excessif à la planche à billets de la part du gouvernement fédéral. Cela a entraîné une hausse galopante de l’inflation, à un niveau que l’on n’avait plus vu depuis 40 ans.

Si vous vous demandez où le gouvernement s’est procuré les milliers de milliards de dollars qu’il a dépensés ces deux dernières années, sachez qu’il s’est servi dans vos poches par le biais d’une taxe qui ne dit pas son nom, l’inflation. A chaque fois que vous faites le plein d’essence ou que vous faites des courses, vous payez cette taxe.

Les prix ont augmenté bien plus vite que les salaires, à tel point que le ménage moyen a perdu 6 000 $ de pouvoir d’achat. A l’heure où la Réserve fédérale relève tardivement ses taux d’intérêt pour combattre l’inflation qu’elle a contribué à créer, les taux d’intérêt augmentent rapidement, ce qui se traduit par une augmentation de 1 400 $ du coût d’emprunt. Si l’on combine cela à la baisse des salaires réels, le ménage moyen a perdu 7 400 $ en revenus annuels depuis l’investiture de Joe Biden.’ »

La pauvre classe moyenne américaine 

Jusqu’à présent, le scénario économique s’est révélé plutôt simple. Le gouvernement fédéral a trop dépensé. Il a financé ses dépenses excessives en faisant tourner la planche à billets. Il en a résulté une poussée d’inflation qui s’apparente à une taxe de 7 400 $ qui pèse sur tous les ménages américains.

La Fed s’efforce désormais de reprendre le contrôle de l’inflation des prix à la consommation. La remontée des taux de la Fed a fait perdre des milliers de milliards de dollars aux investisseurs et elle engendrera une récession, probablement cette année.

Il convient également d’indiquer que la tendance primaire s’est inversée. C’est facile à comprendre également.  Après avoir augmenté pendant 40 ans, les cours des actions et des obligations évoluent désormais à la baisse. Tant que la Fed continuera à relever son taux directeur et à réduire la masse monétaire nationale, il y a fort à parier que les prix des actifs évolueront plus à la baisse qu’à la hausse.

Pour faire court, la tendance primaire vise à corriger les excès des 20 dernières années : les riches ont gagné trop d’argent, les taux d’intérêt étaient trop faibles, les cours de Bourse étaient trop élevés (notamment ceux des valeurs technologiques), des « actifs » bidons ont valu des milliards, la dette et les déficits ont dérapé, les politiques monétaires des Greenspan, Bernanke, Yellen et Powell ont distordu les marchés, les aides à tout-va ont distordu l’économie, et la liste continue, encore et encore.

Selon certaines estimations, la correction de 2021 a fait disparaître 30 000 Mrd$ de la richesse monétaire mondiale. Parallèlement, le taux des obligations du Trésor américain à 10 ans est désormais 7 fois plus élevé qu’il ne l’était en 2020.

Comprenez donc bien, cher lecteur, que dieu est dans son paradis, que le roi est sur son trône et que la Fed et le marché s’affairent à ramener les choses à la normale.

Les élites encaissent le jackpot

Mais cette phase est inhabituelle. Et probablement temporaire. Il est probable que cela prendra fin prochainement. Bientôt, la Fed et le marché emprunteront des chemins différents.

Les politiques budgétaires et monétaires des vingt dernières années étaient exceptionnelles. Comme nous l’avons vu plus haut, elles ont fait perdre beaucoup d’argent à la classe moyenne. Les 7 400 $ dont nous avons parlé plus haut ne sont que l’exemple le plus récent et le plus visible. Selon nos calculs, le travailleur moyen n’a pas connu d’augmentation réelle de salaire depuis près de 50 ans. Les choses qui importent vraiment (la nourriture, le logement, l’énergie et le transport) coûtent nettement plus cher, ce qui l’oblige à vendre davantage de son temps précieux pour pouvoir les payer.

Mais, alors que le citoyen ordinaire s’appauvrit, les riches (c’est-à-dire, les élites) ne se sont jamais enrichis aussi rapidement dans l’histoire des États-Unis, puisque la quasi-totalité des accroissements de richesse va dans les poches de la frange la plus riche de la population. David Stockman étaie ce propos avec des chiffres :

« Le patrimoine net des 1% des ménages les plus riches a augmenté de 192% au cours des 13 dernières années, passant de 15 000 Mds$ au quatrième trimestre 2008 à 45 600 Mds$ au quatrième trimestre 2021.    

Ce gain de 30 000 Mds$ est 10 fois supérieur au gain de 3 000 Mds$ enregistré par les 50% des ménages les plus pauvres. »

Naturellement, le gouvernement central veut que la fête se poursuive. C’est ainsi qu’il s’assure le soutien et l’admiration de ses frères de l’élite. C’est la source de dons de campagne, de pots-de-vin et de sinécures. C’est ainsi qu’ils empochent l’argent qui appartenait auparavant au « peuple ».

Oui, la Fed va changer de cap. Elle changera de cap lorsque commencera la prochaine phase, bien plus difficile à comprendre, bien plus difficile à naviguer. Les investisseurs se frotteront les mains.  Les propriétaires fonciers verront la valeur de leurs biens immobiliers augmenter. Les salaires augmenteront. L’économie semblera en plein boom…

… et la classe moyenne continuera à s’appauvrir.

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