La Chronique Agora

Utiliser l’armement pour réduire les mauvaises statistiques ? Dangereux…

▪ Il ne vous a certainement pas échappé, cher lecteur, que nous étions dans la… panade. Malgré des taux bas et une création monétaire sans précédent historique, l’activité économique rentable ne repart pas. Que voulez-vous, le crédit ne fait pas la richesse et la fausse monnaie non plus. C’est une triste réalité mais elle n’est pas populaire, comme toutes les tristes réalités.

Que font les autorités (politiques, administratives) lorsqu’elles sont confrontées à une réalité impopulaire et que ça commence à se voir ?

— "Quand ça devient grave, vous devez mentir"
Jean-Claude Juncker, président de l’Eurogroupe.

Le mensonge peut prendre des formes plus ou moins raffinée. Une des formes les plus subtiles et modernes du mensonge démocratique est dans les statistiques. "Je ne crois aux statistiques que lorsque je les ai moi-même falsifiées", a déclaré Sir Winston Leonard Spencer Churchill, dont un des titres de gloire posthume fut d’être l’ancêtre de Lady Di.

▪ Le PIB, un chiffre à regarder de plus près
Les autorités sont donc en train de nous concocter un mensonge sophistiqué en tripatouillant le PIB. Le PIB, ou Produit intérieur brut, est une statistique qui est considérée comme représentative de l’activité économique d’un pays. Lorsque le PIB monte on nous dit qu’il y a de la croissance et donc c’est bien. Lorsqu’il baisse, il y a une "croissance négative" et ça… ce n’est pas bon. Donc il est bon que le PIB grossisse.

Le PIB est en réalité une mesure de prospérité très contestable. Il est l’addition de la consommation, de l’investissement et du solde du commerce extérieur ; il est admis que le PIB d’un pays se mesure comme une somme de dépenses :

– Dépenses des ménages en biens et services
– Investissements privés et publics en biens de production
– Dépenses publiques en biens et services

Assimiler une augmentation de ces dépenses à une quelconque création de richesse est évidemment critiquable. Tout dépend d’où vient l’argent correspondant à ces dépenses. Ce n’est pas parce que vous avez un gros train de vie que vous êtes riche. Vous avez peut-être braqué quelqu’un ou bien vous vivez à crédit. Confondre PIB et activité économique rentable revient à confondre train de vie et richesse. Par ailleurs, l’économiste Alfred Sauvy ironisait : "épousez votre femme de ménage et vous ferez baisser le PIB".

Mais le PIB est un chiffre regardé par les analystes, économistes, commentateurs et agences de notation. Même si la prospérité n’est pas achetable par de la fausse monnaie, on peut toujours faire croire que le PIB grossit et enfumer tous ces gens-là.

▪ Trois mensonges en un
Le calcul du PIB a donc été remanié. Le premier à dégainer fut le Bureau des statistiques américain… mais rassurez-vous, bientôt suivi de tout le monde et de notre INSEE national.

"Le principal changement porte sur le classement en investissement des dépenses de R&D. Traiter en investissement — et non plus en consommations intermédiaires — les dépenses de R&D permet par exemple de mieux rendre compte du poids de plus en plus important des actifs tirés de la propriété intellectuelle dans l’économie d’aujourd’hui", indique l’INSEE.

Rien de bien méchant là dedans, au contraire, pourrait-on penser à première vue. Sauf que vous apprenez incidemment que les dépenses de matériel militaire deviennent aussi des dépenses d’investissement. En fait nous avons trois mensonges en un :

1- Le PIB gonfle puisque des dépenses intermédiaires autrefois invisibles vont maintenant compter.

2- Des dépenses publiques d’armement deviennent des "investissements".

3- Du coup, le "déficit public" qui se mesure par rapport au PIB va baisser… puisque le PIB augmente.

Le plus troublant n’est même pas cela, cependant…

Classifier des dépenses militaires en investissements me semble birzarre. Qui dit investissement, dit retour sur investissement. Il faut donc admettre que des chars, des missiles, des avions de chasse ou des bombardiers vont nous rapporter quelque chose, vont nous enrichir. Les Etats qui acceptent cette comptabilité ne sont plus dans une logique de défense mais d’attaque.

"Les dépenses mondiales d’armement repartent à la hausse", indiquait Le Figaro du mardi 4 février. L’ultime plan de relance des keynésiens, ce serait donc la guerre ? Voilà où nous amènerait ce capitalisme corrompu et ses inepties.

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