La Chronique Agora

Les leçons d’Aristote à Bernanke

▪ Le marché est-il en route vers une bulle ? Peut-être… mais qu’en savons-nous ?

Les gens qui achètent des actions aujourd’hui ont bien plus confiance en la Fed que nous. Pour autant que nous puissions en juger, les cours boursiers actuels doivent beaucoup à la manipulation des prix des actifs par la Fed, et bien peu au fait que les entreprises ont réellement plus de valeur.

Soyez prudent. Les marchés aux cours artificiels sont comme de gigantesques élastiques. On peut les étirer… mais plus on les allonge… plus la brûlure est intense lorsqu’ils claquent tout à coup.

Quand est-ce que ça arrivera ? Nous ne le savons pas non plus… mais nous n’allons pas rester là à attendre que ça se passe.

Il y a deux groupes de gens dans le monde.

Le premier est constitué de gens qui croient savoir des choses. Dans le deuxième, on trouve ceux qui pensent que les membres du premier groupe sont des idiots.

Ce ne sont pas des catégories entièrement à part. Elles partagent plutôt une longue frontière entre eux, avec plein d’endroits où traverser sous couvert de la nuit.

▪ Aristote avait tout compris… ou pas
Aristote était peut-être le premier et le principal de ceux qui pensaient savoir quelque chose. Il avait tout compris il y a plus de 2 000 ans. Il y a un ordre naturel aux choses, pensait-il. Les gens civilisés devraient vivre dans des cités-Etats ; quiconque se trouvait hors des murs était "une brute ou un dieu". Et la cité-Etat elle-même — la forme idéale d’organisation politique — devait être dirigée par… eh bien… les dirigeants.

C’était ainsi que les choses fonctionnaient, point. Aristote : "L’autorité et l’obéissance ne sont pas seulement choses nécessaires ; elles sont encore choses éminemment utiles. Quelques êtres, du moment même qu’ils naissent, sont destinés, les uns à obéir, les autres à commander".

Pourquoi une cité-Etat et non pas un pays-Etat ? Pourquoi les gens ne pouvaient-ils pas se commander à eux-mêmes ? Qui décidait du dirigeant ?

On pouvait poser autant de questions qu’on voulait, Aristote avait toujours des réponses — aussi sottes soient-elles. Mais même les Anciens ne s’y trompaient pas :

"Nul d’entre nous ne connaît nulle chose, et nous ne savons pas même si nous savons ou si nous ne savons pas", disait Métrodore de Chio, visant directement Aristote.

Mais c’est le grand Pyrrhon d’Elis qui a développé la philosophie que nous connaissons aujourd’hui sous le nom de "scepticisme". En deux mots, un sceptique est une personne qui soupçonne que les autres n’en savent de loin pas aussi long qu’ils le croient.

Et en deux mots, les sceptiques ont souvent raison. En revanche, lorsqu’il s’agit de banque centrale et de planification économique, ils ont toujours raison.

Les planificateurs et les empêcheurs de tourner en rond sont des sources fiables de distraction — mais guère plus.

Tom Friedman, Ben Bernanke, Paul Krugman réduisent la somme de la sagesse humaine chaque fois qu’ils ouvrent la bouche. Bernanke pense pouvoir résoudre un problème de dette… avec plus de dette. Krugman pense pouvoir résoudre un problème de dépense… avec plus de dépense. Quant à Friedman, il ne pense pas du tout… mais il a une solution à tous les problèmes. Sauf que si on appliquait ladite solution… on aurait un problème encore plus grand.

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