La Chronique Agora

Pendus, écorchés et vidés

Argentine

Samedi matin, nous sommes arrivé à la casita pour trouver du « bétail de montagne » dans notre enclos, un bouvillon et un veau. Peut-être Carlos — qui vit dans la vallée et surveille les vignes — les avait-il laissés là.

Nous avons haussé les épaules et continué notre travail…

Nous rappelons aux lecteurs que nous nous accordons de petites vacances, cette semaine. Nous écrivons peu… et uniquement au sujet du ranch.

Notre petit « refuge » en Argentine

La charpenterie et la maçonnerie peuvent être difficiles. Mais quand quelque chose tourne mal, c’est rarement mystérieux. Les preuves sont sous votre nez.

Il n’en va pas de même avec la plomberie et l’électricité. Les fuites peuvent être cachées ou inaccessibles. Les problèmes peuvent être déroutants.

Dans la maison principale, le courant ne passe toujours pas correctement.

Nous avons remplacé un regulador mais ça n’a fait aucune différence. Nous allons devoir faire appel à un experto. Le système est bien trop compliqué pour un endroit aussi éloigné.

Notre petite casita « de refuge » est à deux heures de cheval… ou 45 minutes en camion… plus haut dans la vallée par rapport à la sala, le bâtiment principal du ranch (en d’autres termes, un endroit encore plus reculé). Là-bas, nous sommes parti sur quelque chose de bien plus simple. Nous nous en tenons à 12 volts.

Les visiteurs se demandent pourquoi nous avons besoin d’un « refuge » lorsque nous sommes déjà à une heure de piste de notre plus proche voisin. Mais la petite vallée où se trouve notre vignoble est charmante. Elle semble exiger un endroit où passer la nuit.

Qui plus est, la sala peut être venteuse et extrêmement froide. La casita est plus basse, plus chaude et plus protégée.

Nous l’avons construite il y a quelques années avec l’aide de deux de nos fils et de cinq employés du ranch.

Elle a coûté 30 000 $ au total environ — en majeure partie pour les ouvriers, le ciment et la chaux, et les portes et fenêtres.

Restons simples

Elle a toujours été pensée comme étant ultra-minimaliste.

La chaleur vient du soleil. Notre ballon d’eau chaude — une cuve de métal peinte en noir, sans aucun élément supplémentaire — est le plus simple jamais conçu. (Tout de même, l’eau était si brûlante hier que nous n’avons pas pu y tremper les mains).

Nous cuisinons directement sur le feu dans la cheminée. Notre électricité provient d’une unique batterie de 12 volts raccordée à un petit panneau solaire.

Nous avons acheté deux plafonniers — des LED conçues pour les camping-cars –, deux lampes de lecture, toujours à LED, et trois réceptacles auxquels on peut connecter un ordinateur ou un ventilateur — le genre de chose qu’on trouve dans une voiture. Tout ça nous a coûté la somme d’environ 70 $.

Nous avons passé une journée à installer le système, raccorder les fils, connecter les lampes et tirer un câble jusqu’à la batterie. Laquelle a immédiatement court-circuité.

Pourquoi ? Qu’est-ce qui n’allait pas ? S’il s’était agi de la politique de la Fed ou de la politique étrangère des Etats-Unis, nous aurions pu passer les 10 prochaines années à débattre pour savoir si nous avions fait une erreur… ce qui avait mal tourné… et si nous devions essayer une autre approche ou augmenter le voltage.

Les théories s’accumuleraient — tout comme les programmes secrets, les escroqueries et les sottises. Il y aurait des débats, des élections et des éditoriaux dans le Wall Street Journal. Les candidats prendraient parti, cherchant la déclaration qui attirerait le plus de lumpen-électeurs.

En d’autres termes, ce serait un cirque coûteux en temps et en argent.

Mais nous sommes dans un ranch. Les choses sont réelles, ici. Débattre n’avait aucun sens… surtout sans le moindre interlocuteur.

Le lendemain, nous avons démonté le système, trouvé la faille et tout remonté. Cela fonctionnait à merveille. A présent, nous avons la chaleur, la lumière, l’eau courante (chaude et froide) — tout le confort — pour un coût quasi-nul.

Vidé et écorché

Plus tard, alors que nous nous apprêtions à partir, nous avons remarqué un vol de perroquets faisant un bruit énorme. Ils tournaient et se posaient dans les arbres et les buissons plus hauts dans la colline.

Le bétail avait disparu.

Nous avons entendu des voix dans la direction générale des perroquets. Nous y sommes allé pour voir ce qui se passait.

Le mystère des bouvillons disparus était résolu. La vie était réelle pour eux aussi — un peu trop. Les deux animaux étaient désormais pendus à un arbre algarrobo solitaire. Ils avaient déjà été écorchés et vidés.

Trois hommes s’affairaient à couper les carcasses en morceaux. Et sur le sol, non loin, deux têtes étaient posées, les cornes dans le sable, observant les trois assassins qui travaillaient avec leurs scies de boucher.

« Hola », avons-nous dit.

Nous aimons nous tenir au courant des personnes qui sont sur le ranch et ce qu’elles y font. 25 familles vivent sur place. Chacune a des cousins et des oncles qui viennent en visite de temps à autre.

« Hola, Señor Bonner ».

C’était le frère de Carlos, Omar.

Il était monté chercher quelques bêtes la veille, qu’il avait ensuite laissées dans notre enclos. A présent, ils les découpaient.

Un camion blanc était garé à côté, pour ramener la viande en ville.

Le bétail de montagne ne se vend pas sur les marchés commerciaux. La viande est trop dure pour les consommateurs modernes… mais elle est savoureuse.

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