La Chronique Agora

Argent gratuit et énergies vertes : le programme Biden

Prenons le temps de nous tourner vers l’avenir pour observer les tendances présentes dans des secteurs économiques clés, et ce qu’elles vont signifier pour nos lecteurs, pour les investisseurs et les entreprises, en 2021 et au-delà.

Il semble de plus en plus clair que l’ex-vice-président Joe Biden sera le 46ème président des Etats-Unis. Même si la victoire électorale de Biden fait encore beaucoup de remous, il convient de prendre en considération des éléments clés dans certains secteurs.

Alors qu’est-ce cela veut dire pour vous ?

Prenons un peu de recul et mettons de côté les éléments politiques. Ce que nous avons constaté pendant la campagne Biden-Harris, en termes de programme, nous offre du contexte sur ce que l’on peut anticiper.

Par exemple, le « ticket » (binôme Biden-Harris) démocrate a fourni des signes forts selon lesquels, même si les grandes banques et les grandes entreprises devront faire des ajustements, beaucoup choses ne vont pas changer.

Globalement, le corridor entre Wall Street et la Maison Blanche s’apprête à être aussi fluide et rationnalisé que jamais. Cela signifie que vous pouvez, soit lutter contre le courant, soit apprendre à l’utiliser de façon stratégique dans votre intérêt.

Rien de politique

Je le répète, cela n’a rien de politique. Les grands acteurs de la finance (Big Money) se fichent de la politique. Là, il s’agit simplement de suivre les données et de les utiliser de façon stratégique dans votre intérêt.

J’ai passé des années à Wall Street, où j’ai occupé des postes de direction dans de grandes banques monolithiques comme Goldman Sachs, Bear Stearns et Lehman Brothers, des établissements bancaires comptant parmi les plus puissants et influents du monde.

J’ai constaté aux premières loges que le marché actions flambait sur des bilans bidon, tandis que les dirigeants s’en mettaient plein les poches. Wall Street se soucie du pouvoir et de l’argent, et non d’une adhésion à un parti.

Depuis cette époque où je travaillais dans la finance, j’ai eu l’occasion de rencontrer des leaders à Washington. Des réunions aux plus hauts niveaux avec la Fed, le Congrès et de grandes institutions de Washington ont fait l’objet d’articles ou de rapports spéciaux que nous vous avons adressés. Le lobby bancaire est l’un des plus influents à Washington.

Même si les baisses d’impôts et le programme pro-entreprises de Trump ont certainement été bien accueillis par Wall Street, la présidence de Biden devrait être tout aussi accommodante – sinon plus – pour ceux qui occupent les échelons les plus élevés du monde financier.

En vérité, les grands acteurs de la finance n’ont que faire de la personnalité occupant le Bureau ovale. Leur objectif est de générer des rendements sur la spéculation et l’investissement, et de faire tout ce qu’il faut pour déjouer la concurrence et réaliser des profits.

Nous avons évalué le programme de campagne de Biden, les gens dont il s’entoure, les mesures qu’il a soutenues auparavant et sur lesquelles il a fait campagne. Et nous avons identifié des points pivots clairs, du point de vue économique.

Nous vous indiquons les cinq principaux boosters économiques à surveiller lors du futur gouvernement Biden-Harris.

1. Carte blanche à la Réserve fédérale

La Réserve fédérale a joué un rôle sans précédent dans le cadre des mesures prises face au Covid-19, et tout comme elle l’avait fait au cours de la période suivant la crise financière. Au beau milieu des turbulences économiques et d’une récession mondiale, le pouvoir de la banque centrale a été libéré, selon la loi CARES Act adoptée par le Congrès.

Cette loi a autorisé la Fed à se coordonner et à travailler avec le Trésor américain pour stimuler le marché des obligations d’entreprise et d’autres marchés financiers. Elle a également permis à la Fed de porter son bilan à plus de 7 100 Mds$, par rapport au précédent plus haut de 4 500 Mds$ affiché dans le sillage de la crise financière.

Sous un gouvernement Biden, la Fed va demeurer extrêmement influente. Dans un contexte où la pandémie va s’intensifier au cours de l’hiver, et exercer une pression encore plus forte sur l’économie et les marchés financier, la Fed ressentira le besoin de poursuivre sa politique monétaire et ses mesures de relance.

A court terme, il est peu probable que Biden augmente considérablement l’effectif de la Fed dans la mesure où cela pourrait modifier sa nature. Il pourra décider en 2022 qui dirigera la Fed.

L’actuel président de la Fed, Jerome Powell, choisi par Trump, avait été nommé par Obama, au départ, en 2012, pour siéger au Conseil des gouverneurs de la Fed. Cela signifie qu’un lien historique avec le précédent gouvernement Obama-Biden pourra se poursuivre sous le gouvernement Biden-Harris.

De plus, le gouvernement Biden aura la possibilité de pourvoir deux sièges vacants au Conseil de la Réserve fédérale, et un troisième si Lael Brainard, qui siège actuellement au conseil des gouverneurs, était nommée à un autre poste.

Le président Powell devrait avoir une relation bien moins conflictuelle avec le président Biden qu’avec Trump. Cela veut dire qu’il y aura moins d’antagonisme entre la Maison Blanche et la banque centrale la plus influente du monde.

Il est probable que le gouvernement Biden sera modelé par une Fed enhardie et des politiques qui continueront de bénéficier aux marchés plus qu’à l’économie réelle, quel que soit le parti qui contrôlera le Sénat.

2. Les énergies durables passent à la vitesse supérieure

Il y a plus de quatre ans, alors que j’étais en déplacement en Chine, j’ai fait passer un message à mes lecteurs.

A l’époque, j’indiquais ceci :

« La suprématie mondiale repose énormément sur le contrôle de l’énergie. Autrefois, cela voulait dire le pétrole. Désormais, cela veut dire l’énergie verte. Les Etats-Unis et la Chine se livrent à une course contre-la-montre pour contrôler l’énergie verte. Pour la Chine, c’est une façon de décrocher le titre de nouvelle superpuissance mondiale. Pour les Etats-Unis, c’est un ultime effort afin de maintenir leur position. »

Même s’il se peut que le Covid-19 ait sérieusement contrarié la guerre entre les Etats-Unis et la Chine autour de la domination énergique, la demande n’est pas moins importante, et les besoins n’ont pas disparu.

Le programme de campagne de Biden fait ressortir un plan d’infrastructures, indépendamment de la politique, qui pourrait offrir une opportunité colossale, pour les investisseurs et les entreprises. Cela signifierait également que les entreprises américaines et les efforts de recherche déployés aux Etats-Unis seraient compétitifs avec les Chine.

Ce plan « entraînera une expansion majeure de la production d’énergie renouvelable et une évolution spectaculaire [du] réseau électrique [américain]. »

Cela veut également dire que les infrastructures de transport vont vivre un bouleversement technologique, et lié à l’énergie, plus important. Les leaders de la Silicon Valley tels qu’Elon Musk pourraient être les nouveaux acteurs des efforts déployés en matière d’énergie durable, mais l’argent est la véritable motivation.

Indépendamment du résultat de l’élection, ou des croyances en matière de changement climatique, les mesures liées à l’énergie durable créent des emplois « verts » sur le long terme. Elles ont également été moins affectées par des variables telles que les guerres commerciales ou les crises financières. Le vent soufflera toujours. Le soleil brillera toujours. Alors que des millions d’emplois continueront de se détourner du secteur des énergies fossiles, de nouveaux débouchés vont se développer.

Nous verrons les trois autres tendances dès demain.

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