▪ Lorsqu’on travaille sur les small caps, il est impératif de regarder attentivement les volumes afin d’éviter d’investir dans des valeurs très peu liquides.
C’est une règle de bon sens importante à connaître et à appliquer si l’on ne veut pas être "collé" — c’est-à-dire si l’on ne veut pas voir ses velléités de ventes contrariées par un manque de volume…
En partant de ce point de vue, il n’y a donc aucun risque à investir dans Archos. En effet, nous le verrons dans ce billet, la société française spécialiste des appareils numériques mobiles suscite un intérêt toujours aussi important chez les investisseurs.
▪ Une valeur qui suscite l’intérêt des investisseurs…
Comme je vous le disais brièvement en introduction, Archos suscite un intérêt indéniable de la part des investisseurs et cela se traduit bien évidemment dans les volumes de la valeur.
Regardons-les donc d’un peu plus près.
Pour ce faire, pas besoin d’aller chercher bien loin. En effet, sur les cinq premières séances de février, pas moins de 12% du capital ont ainsi été échangés. Vous en conviendrez tout autant que moi, il s’agit-là d’un volume énorme — l’incroyable impact marketing des produits Archos est à l’origine de cet engouement.
En effet, notre spécialiste des baladeurs multimédias — de la première mini-tablette à moins de 100 euros sous Android à toute une gamme de baladeurs vidéo alliant élégance et performance — fait toujours rêver les investisseurs.
▪ … Mais qui est pourtant loin des standards d’Apple
Certains investisseurs voient même en Archos le digne concurrent d’Apple… On en est pourtant loin, surtout si l’on regarde de près la rentabilité. Et de ce côté-là, l’envers du décor n’est pas aussi réjouissant.
Ainsi, sur le premier semestre, la perte opérationnelle du groupe a atteint 1,8 million d’euros pour une perte nette de 3,2 millions d’euros. La marge brute est certes remontée légèrement de 17% à 23% mais on est loin des standards d’Apple.
A titre de comparaison, le bénéfice net d’Apple, sur son premier trimestre clos fin septembre, a bondi de 77,6% à 6 milliards de dollars, permettant ainsi à la marge nette d’atteindre 22,4%.
▪ La production aux dépens de la communication
En fait, Archos est victime de sa petite taille. Dans ce secteur où il faut sans cesse communiquer pour exister, il est difficile de se faire un nom et Archos en fait directement les frais.
Avez-vous déjà vu une publicité pour Archos à la télévision ? Avez-vous déjà vu des pages vantant ses produits dans les journaux ? Non car le groupe ne peut pas se permettre d’intensifier son budget marketing tout en maintenant ses efforts de recherche et développement.
Le groupe peut également être victime de son succès. Je m’explique… Archos doit faire fabriquer ses produits auprès des usines avant de les vendre, essentiellement dans un circuit B to C. La société a donc en permanence un problème de besoin de fonds de roulement. Cela veut dire en langage plus simple qu’Archos a en permanence des besoins de trésorerie pour financer son développement.
D’où le lancement de nombreuses augmentations de capital ces dernières années. Le financement de la production reste l’un des principaux problèmes du groupe. Vous le voyez, on est encore loin de Steve Jobs…
[Eric Lewin est spécialiste de l’univers des small et mid caps. Diplômé de Paris IX Dauphine, ancien rédacteur en chef de BFM puis responsable de la vente institutionnelle sur les small caps chez Euroland Finance, il intervient fréquemment sur BFM Business avec deux points réguliers à 16h35 les mardis et les jeudis.]
Première parution dans Le billet du Trader le 09/02/2011