** Il est assez angoissant de se trouver dans un véhicule lancé à pleine vitesse et se dirigeant tout droit vers un mur — sans pouvoir y faire quoi que ce soit.
C’est un peu mon sentiment lorsque j’observe le système économique et financier mondial en ce moment ; depuis 2001, les bulles enflent les unes après les autres, toujours plus énormes, aux conséquences toujours plus graves. La dernière en date — celle des émissions obligataires et de l’endettement public — pourrait faire sombrer dans la faillite ce qui est encore (pour l’instant !) la première économie au monde… et entraîner l’effondrement du système financier mondial — voire la fin de la monnaie fiduciaire.
Inflation, cher lecteur, tel est le nom de notre véhicule-suicide — et même hyper-inflation, puisque, comme le disait Gideon Gono dans les notes de Bill hier :
"Avec du recul, je vois le monde pleurer sur le récent credit crunch, faire une crise d’hystérie sur une chose qui ne dure même pas depuis un an alors que je vis avec depuis 10 ans. Mon pays, cette dernière décennie, a dû se passer de crédit… Par nécessité d’exister, pour assurer la survie de mon peuple, j’ai dû me retrouver à imprimer de l’argent. Je me suis retrouvé à faire des choses extraordinaires qui n’existent pas dans les manuels d’économie. Puis le FMI a demandé aux Etats-Unis de bien vouloir imprimer de l’argent. J’ai commencé à voir que le monde entier est désormais en train d’appliquer ce qu’on disait que je ne devais pas faire".
Evidemment, il se pourrait qu’un miracle se produise et que les autorités s’en tirent avec leurs tours de passe-passe. Il se pourrait aussi que les conséquences de leurs politiques actuelles ne soient pas apocalyptiques — simplement catastrophiques, ou cataclysmiques.
Mais tout de même… le mur se rapproche dangereusement. Et c’est peut-être ça qui a causé un soudain réveil du marché de l’or qui, il faut bien l’avouer, s’était un peu endormi ces derniers temps. Philippe Béchade décortiquait le phénomène pour nous vendredi :
"Il n’existe qu’un moyen de diminuer [le] degré de toxicité [des actifs pourris dans les banques américaines] : ranimer un processus inflationniste auquel nous vous préparons depuis 18 mois en vous recommandant de profiter de chaque fléchissement des cours de l’or (exprimés en euros car en dollars, les écarts relatifs peuvent s’avérer trompeurs). Oui, chaque fois que les ours bousculent une pile de lingots, c’est autant de métal précieux qui tombe dans notre escarcelle, laquelle demeure toujours grande ouverte. Et [jeudi], l’or a pulvérisé — pour un détenteur d’euros — son record annuel sur le marché de Londres puisque l’once repasse la barre des 900 $ tandis que l’euro rechute de 1,6% à 1,2950 $".
Simone Wapler est encore plus catégorique dans L’Investisseur Or & Matières : "la bulle obligataire des bons du Trésor gonfle dans la quasi-indifférence générale. Tout ceci fera à terme la fortune des détenteurs d’or. Que dire de la dernière idée du Trésor américain qui consiste à racheter ses propres obligations qui ne trouveraient pas preneurs pour en émettre d’autres à taux plus élevé ? Comme je l’ai déjà écrit par ailleurs, Madoff est un minable plaisantin à côté de cette effrayante cavalerie qui consiste à rembourser de la dette avec de la dette émise encore plus cher".
Par les temps qui courent, les parachutes dorés des grands patrons de la finance ont fait couler beaucoup d’encre — mais au regard de tout ce qui précède, je vous suggère, cher lecteur, de vous équiper quant à vous d’un "airbag en or" !
Meilleures salutations,
Françoise Garteiser
La Chronique Agora