La Chronique Agora

Après la Trêve des confiseurs, la trêve des acheteurs ?

▪ Les investisseurs attendaient les chiffres du chômage dès le milieu de la semaine dernière… puis le sommet Merkel-Sarkozy de Berlin ce lundi… puis de connaître le résultat de l’augmentation de capital d’UniCredit (dont le titre a plongé de 40% en quatre séances, belle moyenne !)… puis de découvrir les résultats trimestriels d’Alcoa.

Autant d’excuses pour ne prendre aucune initiative (les marchés peuvent pourtant nous en produire par bottes de 12)… Et cela jusqu’à ce que la liquidité fasse sa réapparition (option optimiste) ou cesse d’un coup (thrombose), poussant la Fed à déclencher un QE3, nous affirment certains stratèges pour lesquels la situation actuelle ne saurait perdurer indéfiniment.

Nous sommes en effet convaincu que ce ne sera pas le cas. Les difficultés actuelles vont bien finir par s’arranger. Le problème, c’est que depuis le début de la crise des dettes souveraines à début à la mi-2011, chaque fois que les choses s’arrangent, c’est en pire !

Alors les opérateurs s’allègent, les banques se détournent obstinément de toute source de risque potentiel et préfèrent perdre 0,75% chaque jour sur les liquidités avancées par la BCE, plutôt que de les réinjecter dans l’économie réelle.

Ils ont peut-être raison car à force de la fuir et de scruter le haut de bilan à l’aune des directives de Bâle III, ils finissent par perdre le contact avec la réalité.

▪ C’était mieux avant…

Investir dans les actions, ce n’est plus qu’un lointain souvenir. Cela se pratiquait du temps où les gérants prenaient le temps de rédiger des fiches et de passer leurs ordres eux-mêmes, ou d’en confier l’exécution à des négociateurs qui connaissaient eux aussi par coeur l’activité et le nom des dirigeants des entreprises.

Aujourd’hui, les robots exécutent en une seconde autant d’allers-retours qu’un gestionnaire pouvait en effectuer pour sa SICAV en une année pleine avant l’avènement de l’euro.

D’où la tentation très française (et très vaine) de taxer les transactions haute fréquence !

Ce projet tombe pile au moment où, selon certaines rumeurs, plus de la moitié des volumes sur les valeurs françaises seraient négociés sur des plates-formes alternatives anglo-saxonnes.

D’où l’apparente inexistence des volumes constatés par NYSE-Euronext (1,8 milliard d’euros négociés ce lundi), lesquels ont, de toute façon, tendance à se contracter mécaniquement dans des marchés orientés à la baisse.

Le CAC 40 s’est replié hier jusque sur les 3 115 points, alignant une quatrième séance de repli consécutive. Le compartiment des bancaires, lui, restait sous pression avec la Société Générale qui a dévissé de 3,65% (clôture sur le palier des 15 euros, retrouvant ses planchers annuels des 12 et 23 septembre dernier) ; BNP Paribas chutait de 2%, AXA de 2,6%, Natixis dégringolait de 5,6% à 1,86 euro.

Vers 17h10, un signal de correction a bien failli se déclencher avec un CAC 40 qui flirtait avec les 3 115 points alors que l’euro voyait son avance fondre de 1,2775 $ vers 1,2735 $.

Les cambistes surveillent particulièrement la capacité de l’Espagne et surtout de l’Italie à lever des capitaux sur le marché obligataire ; nous serons fixés en milieu de semaine.

L’échec du refinancement d’un Etat européen pourrait accélérer les choses concernant une inflexion de la politique monétaire de la BCE et de l’Allemagne.

▪ La Grèce sous haute surveillance

La conférence de presse commune de Nicolas Sarkozy et Angela Merkel diffusée en direct depuis Berlin n’a donné lieu à aucune annonce spectaculaire concernant le dossier grec qui continue d’empoisonner Bruxelles et les créanciers du secteur privé.

Angela Merkel s’est contentée de réaffirmer que la règle d’or devrait être adoptée par la plupart des partenaires européens avant fin mars. Parallèlement, l’accord de principe sur la taxation des transactions financières ne débouche sur aucune décision concernant sa mise en oeuvre pratique.

La France voudrait faire preuve d’un certain panache dans ce dossier (taxe Tobin), mais la communauté financière parie que ce ne sera qu’un… panache de fumée

▪ Qui a soufflé sur la flamme d’optimisme des marchés américains ?

Wall Street en revanche semble avoir été mis sous l’éteignoir depuis mercredi dernier. La flamme d’optimisme du début de l’année s’est éteinte en moins de 48 heures.

Difficile de déterminer si c’est une devenu une sorte de jeu… mais New York semble s’ingénier à n’aller nulle part pour la quatrième séance consécutive.

Les indices américains donnent l’impression de sautiller sur place d’un pied sur l’autre, comme si le sol était trop chaud. Le Dow Jones reprend 0,27% sur les 0,45% perdus le vendredi 6 janvier après avoir gagné 0,17% le 4 janvier puis perdu 0,02% le lendemain.

Le S&P revient très exactement sur son niveau de clôture du 5 janvier en effaçant les 0,25% perdus à la veille du week-end.

Le Nasdaq Composite enchaîne une troisième séance de hausse toute symbolique puisque le gain de ce lundi s’élève à 0,08% après 0,16% vendredi et 0,01% jeudi dernier — soit 0,25% en trois séances.

C’est le genre d’écart qui se gagne ou se perd d’ordinaire au cours des trois dernières minutes d’une séance classique, voire durant la seule minute du fixing de clôture.

Cela rétablit une sorte d’équilibre après que certains indices de la Zone euro se sont envolés de 10% en l’espace de 11 séances (du 19 décembre au 3 janvier).

En ce qui concerne le CAC 40, il ne s’en faut plus que de 1% pour qu’il ait effacé la moitié des gains engrangés durant la Trêve des confiseurs.

Il ne faudrait pas que cette entame de mois de janvier 2012 préfigure un premier trimestre caractérisé par une trêve des acheteurs. En effet, la nature a horreur du vide ; les vendeurs ne tarderaient pas à occuper l’espace qu’ils semblent avoir libéré.

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