La Chronique Agora

Après la crise, rechargez vos batteries (1)

Par Jean-Claude Périvier (*)

Vincent Bolloré n’est pas un enfant de choeur. Celui qui était considéré, il y a une trentaine d’années, comme le "gendre potentiel idéal" a su construire un empire. Il a fait preuve de flair et de discernement, ce qui lui a permis d’engranger des plus-values faramineuses sur Vallourec, par exemple, et sur d’autres investissements.

Si, jusqu’à maintenant, il a plutôt fait des "coups", à la différence de Warren Buffett, il n’en est pas moins observé, un peu comme le sage d’Omaha, car sa réputation de réussite financière est devenue légendaire.

Bien avant les autres, Vincent Bolloré a manifesté un intérêt pour la voiture électrique, et sa conviction est telle qu’il n’hésite pas à mettre les moyens pour réaliser son objectif. 450 millions d’euros d’ici 2012, crise ou pas crise. Lesquels s’ajouteront aux 150 millions déjà dépensés sur ce projet.

Pour cette voiture électrique, qu’il sera sans doute le premier à sortir en France, Bolloré n’a pas lésiné : il s’est associé à l’Italien Pininfarina pour la carrosserie et pour la production, tandis qu’il se réserve la fabrication de batteries dans une usine d’un coût de 200 millions, située en Bretagne. La voiture, sera commercialisée en location-vente, et Bolloré espère en vendre 1 000 la première année et 15 000 par an la quatrième année. La batterie, de type lithium-polymère, offrira 250 km d’autonomie et il faudra environ cinq heures pour la recharger, pour un coût de cinq euros

Dans ma vie industrielle, j’ai toujours pensé que l’existence d’une concurrence, gage de celle d’un marché, était essentielle pour qu’un nouveau projet aboutisse. Bolloré n’est pas seul. Dassault, à travers la Société de véhicules électriques (SVE) en partenariat avec Heulliez (la société de Poitou-Charentes qui était au bord du dépôt de bilan il y a deux mois) est également en piste. Déjà, une quarantaine de voitures — base Renault — ont été équipées et fournies pour tests à EDF, Veolia ou La Poste.

De son côté, Renault a dévoilé le mois dernier un prototype électrique sur la base d’un Kangoo, le "Kangoo be bop Z.E". La commercialisation massive devrait débuter début 2011. C’est un véhicule 100% électrique en phase d’utilisation, doté d’un moteur électrique d’une puissance de 60 chevaux dont le régime atteint 12 000 tr/min, environ le double d’un petit moteur traditionnel. Cette voiture utilisera des batteries lithium-ion fabriquées par la société AESC (Automotive Electric Supply Corporation), coentreprise Nissan-NEC créée il y a deux ans.

Ailleurs dans le monde, on s’active aussi. General Motors (GM), désormais sous la protection de la loi sur les faillites, a un projet avancé de Chevrolet électrique. La compagnie vient même de signer avec le Coréen LG Chem Ltd un accord pour que les batteries lithium-ion lui soient fournies en modules et assemblées dans le Michigan.

Les Japonais sont les plus avancés. Nissan lancera son premier véhicule électrique aux Etats-Unis et au Japon en 2010, et commercialisera massivement ses véhicules électriques à l’échelle mondiale à partir de 2012. Mitsubishi commencera à vendre son propre produit, l’i MiEV, dès cet été au Japon, et en 2010 en Europe.

Au titre d’un accord de coopération avec Peugeot, cette dernière commercialisera en France un modèle construit par le Japonais fin 2010. Les autres sont aussi dans le sprint, comme Toyota qui teste déjà ses voitures hybrides en France avec EDF. Mais rassurez-vous, tous les autres sont de la fête : Mercedes, BMW, Ford, Chrysler, etc.

Et les Chinois ? Bien sûr, ils en sont aussi ! La société chinoise BYD a lancé l’année dernière, avant ses concurrents, un modèle hybride, le F3DM, qui permet de parcourir 100 km en mode électrique avant de repasser sur son moteur essence. Le premier modèle tout électrique devrait sortir vers la fin de l’année. Et devinez qui est derrière BYD ? Warren Buffett lui-même, qui a investi 250 millions de dollars, prenant ainsi 10% du capital de la société cotée à Hong Kong…

Nous verrons la suite dès demain.

Meilleures salutations,

Jean-Claude Périvier
Pour la Chronique Agora

(*) Parallèlement à sa carrière dans le conseil aux entreprises et l’intelligence économique, Jean-Claude Périvier s’intéresse à la Bourse et à l’investissement depuis 1986. Analyste de talent, il excelle à détecter et anticiper les tendances futures… pour en déduire les meilleures opportunités de gain dans sa toute nouvelle lettre d’information, Défis & Profits.

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