▪ Le mouvement de cours le plus significatif hier à New York concernait le pétrole : il progressait de 1% vers 95,1 $ sur le NYMEX. Cette hausse n’est pas le résultat de l’anticipation de bons indices d’activité au quatrième trimestre ; elle est due aux tensions qui montent entre Israël et l’Iran. Il s’agit de savoir quelle est la nature du programme nucléaire développé par Téhéran.
S’il peut déboucher sur des applications militaires — le rapport de l’AIEA à ce sujet est très attendu cette semaine — Tel-Aviv se réserve la possibilité de prendre toute initiative pour préserver sa sécurité. Chacun comprend la nature de cet avertissement : les approvisionnements en pétrole de la Chine et de l’Occident pourraient être affectés.
Cette toile de fond géopolitique qui s’assombrit a également dopé les cours du métal précieux, avec une once d’or qui grimpe de 1,5% à 1 785 $.
▪ En Europe, les préoccupations étaient davantage centrées sur les questions de mise en oeuvre du FESF et de tension des taux en Italie.
Le rebond de la mi-journée n’a pas tenu ses promesses. Le CAC 40 n’a pu se maintenir bien longtemps au contact des 3 140/3 143 points ; il a fini par rechuter au contact des 3 100 points.
Paris a lâché 0,65%… une consolidation d’apparence très banale, à l’issue d’une séance qui elle ne l’était pas, loin s’en faut. Difficile de deviner que la volatilité intraday a encore dépassé les 3% en voyant Londres s’effriter de 0,3%, ou Francfort de 0,6%.
Milan émergeait de ce concert modérément baissier et se détachait avec +1,4%, après avoir gagné jusqu’à 2,5% en début d’après-midi.
Une telle performance s’explique par les rumeurs de démission ou d’éviction de Silvio Berlusconi, démenties par la suite. Elles ont permis aux places européennes de revenir de -2,3% peu après l’ouverture à +0,5% en moyenne vers 15h30, malgré des taux longs italiens qui restaient très tendus à plus 6,50% (un record historique absolu) après avoir bondi jusque vers 6,60% lundi matin.
Une telle évolution est perçue comme un appel du pied aux sénateurs italiens pour qu’ils expriment leur défiance envers Sua Emittenza, Silvio Berlusconi, dès ce mardi.
▪ Au chapitre des données économiques, les nouvelles sont peu réjouissantes sur le Vieux Continent. En effet, la production industrielle allemande s’est contractée de 2,7% en rythme mensuel en septembre, après une diminution de 0,4% le mois précédent (révision pour août par rapport à -1% en estimation initiale).
En outre, le volume des ventes du commerce de détail a diminué de 0,7% dans la Zone euro et de 0,3% dans l’Union européenne en septembre 2011 par rapport à août 2011, selon Eurostat.
▪ Aucun chiffre n’est venu soutenir ou déprimer Wall Street ce lundi. Les indices américains poursuivaient leur repli à la mi-journée et les écarts à la baisse semblaient calqués sur ceux des indices européens, avec -0,65% sur le Dow Jones et le S&P. Nous avons assisté à une baisse un peu plus appuyée sur le Nasdaq qui cédait 1% à 2 660 points.
Et puis, à partir de la mi-séance, changement d’ambiance avec de nouvelles spéculations sur un vote défavorable du Parlement italien à l’encontre de Silvio Berlusconi. Ce dernier concentre sur sa personne tout le discrédit politique et budgétaire dont les taux longs se veulent le reflet dans son pays.
Les marchés américains se sont remis à croire à la constitution d’une nouvelle équipe gouvernementale de type technocratique — comme il est de tradition en Italie lorsqu’une coalition au pouvoir apparaît trop usée pour sauver sa majorité en concluant à la hâte de nouvelles alliances contre nature.
Cet espoir a généré une remontée régulière au cours des deux dernières heures de cotation. Le Dow Jones s’est donc adjugé 0,71%, refranchissant au passage le seuil des 12 000 points ; cela prend à contre-pied de nombreux indicateurs techniques passés négatifs mardi dernier.
Le S&P 500 a repris 0,63% à 1 261 points. Le Nasdaq se contente de 0,34%, il manque de peu le retracement des 2 700 en clôturant à 2 695 points. Mais au final, ces deux indices ont clôturé au plus haut du jour, reprenant ce qu’ils avaient perdu vendredi… ce qui apparaît plutôt encourageant.
Ce qui le fut moins, c’est l’étroitesse des volumes avec une activité nettement inférieure à celle observée (à la baisse) à la veille du week-end.
▪ Un des paradoxes de la fin de séance aux Etats-Unis, c’est que le repli de l’euro vers 1,3750 $ n’a pas perturbé la remontée de Wall Street. Pourtant, généralement, le raffermissement du dollar est généralement interprété comme un symptôme d’aversion au risque, notamment en période de tension des taux.
La flambée du 10 ans italien a été abondamment commentée, mais ce n’est peut-être pas le facteur le plus alarmant. En effet, le FESF — malgré son triple A — a éprouvé ce lundi toutes les peines du monde à lever 3,5 milliards d’euros destinés pour l’essentiel à financer un programme de prêt en faveur de l’Irlande prévu de longue date.
La prime offerte aux acheteurs a bondi de plus de 100 points de base par rapport à la précédente émission, avec un rendement qui s’envolait vers 3,60% — à comparer avec les 1,8% des Bunds allemands notés eux aussi AAA.
Les marchés nous démontrent — s’il en était encore besoin — que certains triple A sont plus égaux que d’autres : cela va donc du simple au double. Sans parler du double A des Etats-Unis qui offrait lundi soir un rendement de 1,99% contre 2,05% vendredi dernier. Jusqu’à quand les Européens vont-ils pouvoir entretenir impunément le suspens au sujet du rôle « d’acheteur en dernier ressort » de la BCE et du montage juridique et financier du FESF ?
D’après ce que nous venons de vous exposer, le concept même du FESF — et la crédibilité de l’Eurozone — sont au bord de la dislocation. Les bookmakers britanniques parient que la Grèce fêtera le retour de la drachme à Athènes avant Noël !