La Chronique Agora

L’apogée de Pékin ?

Le pic de la Chine est-il derrière nous ou en a-t-elle encore sous le pied ?

« Je crois que Xi, Vladimir Poutine et l’Iran forment véritablement un axe du mal. Je pense qu’ils sont coordonnés. A mon avis, Vladimir Poutine continuerait à marcher à travers l’Europe si on le lui permettait. Il pourrait se rendre ensuite dans les Balkans. Il pourrait y avoir une confrontation avec la Pologne ou l’un de nos alliés de l’OTAN. » – Mike Johnson, président de la Chambre des représentants, le 18 avril.

La géographie n’est peut-être pas le sujet de prédilection de Mike Johnson. Et alors ? Il pense savoir où se trouve « l’axe du mal ». Cette expression a été inventée par le rédacteur de discours David Frum. Elle faisait référence à l’Irak, à l’Iran et à la Corée du Nord. Aujourd’hui, la Russie et la Chine ont été ajoutées à la liste.

(Frum a également écrit un livre intitulé An End to Evil. L’idée du livre est tellement absurde que nous pensions qu’il s’agissait d’une blague. Hélas, ce n’est pas le cas. Frum est aussi simple d’esprit et sérieux que Johnson.)

Forbes rapporte :

« Le Sénat a adopté le programme d’aide à l’étranger de 95 milliards de dollars destiné à l’Ukraine, à Israël et à Taïwan lors d’un vote bipartisan, et a envoyé la législation au président Joe Biden mardi, mettant fin à un retard prolongé dans l’obtention d’une aide militaire pour Kiev – qui s’est heurtée à une forte opposition de la part de plusieurs républicains à la Chambre des représentants. »

Il fut un temps où « l’aide étrangère » signifiait aider les pauvres, dans les pays pauvres. Aujourd’hui, il s’agit essentiellement de récompenser l’industrie américaine de la puissance de feu et le lobby israélien.

La façon dont cela va affecter la tendance primaire sera notre sujet du jour.

Nous avons vu comment les politiques fédérales ont créé une bulle à la fin de la tendance primaire 1980-2021.

Et nous avons vu comment leurs nouvelles politiques – taux d’intérêt plus élevés, déficits énormes – contribuent à l’émergence d’une nouvelle tendance primaire axée sur une baisse des prix des actions et des obligations (corrigés de l’inflation), et une hausse des niveaux d’inflation.

L’heure de la rémunération

Nous avons également examiné comment les politiques commerciales accentuent la tendance, en augmentant les prix à la consommation aux Etats-Unis et en gaspillant un capital précieux à tenter de mettre des bâtons dans les roues de ceux qui nous poussent dans nos retranchements.

Certains de nos chers lecteurs nous ont écrit pour exprimer leur mécontentement : « La Chine le fait aussi. » Mais il ne s’agit pas de déterminer si cela est juste ou injuste, bon ou de mauvais, bien ou mal. Nous nous concentrons uniquement sur l’effet des politiques publiques sur le monde financier.

Les véritables progrès économiques sont le fruit d’échanges volontaires de biens et de services. On peut obtenir le pouvoir politique, comme l’a dit Mao, à partir du « canon d’un fusil », mais pas le pouvoir économique. Avant que Deng Xiaoping ne libère les entrepreneurs chinois, la Chine de Mao était un enfer. Elle ne produisait à peu près rien que le monde voulait acheter. Aujourd’hui, elle est le premier exportateur mondial.

Mais aujourd’hui, les décideurs politiques américains suivent l’exemple de Mao… et non celui de Deng ; ils essaient d’intimider, d’imposer des tarifs douaniers et de sanctionner leur chemin vers le succès. Il est fort probable qu’ils ne feront qu’exagérer la tendance primaire. Les prix des actifs baisseront, la plupart des gens s’appauvriront.

Et si nous avons raison, nous verrons cette tendance se refléter dans le ratio Dow/Or. Le prix de l’or devrait augmenter. Nous conserverons l’or pour préserver notre patrimoine pendant que les prix baissent. Puis, lorsque le ratio Dow/Or descendra à cinq, grosso modo, nous nous tournerons à nouveau vers les actions.

Le pic de la Chine

Les macro-historiens sont de plus en plus nombreux à penser que la Chine a déjà atteint son pic. Selon eux, le pays a trouvé une place de choix dans le commerce mondial en faisant travailler des centaines de millions de paysans pour des salaires de misère. Ensuite, les Etats-Unis ont commis une grave erreur en ouvrant leurs marchés aux produits chinois bon marché.

Mais cette phase s’est achevée d’elle-même, disent-ils. Les salaires chinois ne sont plus aussi bas. Et les Etats-Unis ferment leurs portes. La Chine jouera un rôle moins important à l’avenir.

De plus, la Chine est dirigée par des communistes qui sont encore de plus mauvais planificateurs centraux que les décideurs américains. Est-ce vrai ? Les décideurs chinois sont-ils aussi nigauds que Frum et Johnson ? Oui, certainement. Font-ils les mêmes erreurs ? Oui, bien sûr. Ne sombreront-ils pas dans les guerres, les dépressions et la pauvreté qu’ils s’imposent à eux-mêmes ? Très probablement.

Nous n’avons pas la prétention de savoir comment l’avenir se déroulera. Mais l’apogée de la Chine est peut-être encore devant nous. Le Financial Times rapporte :

« Les gouvernements américains et européens ont beaucoup insisté sur la nécessité de ‘réduire les risques’ des chaînes d’approvisionnement en les éloignant de la Chine après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, et la fermeture des frontières en raison de la pandémie. Mais plus la Chine continentale devient compétitive, plus il est difficile pour les acteurs industriels internationaux de se retirer.

Les entreprises industrielles, anciennes et nouvelles, ne cessent de souligner la nécessité d’être présentes en Chine à des fins de recherche et pour accéder à son vaste marché. Windrose Technology, une start-up spécialisée dans les camions électriques qui a produit jusqu’à présent 13 véhicules, a pour objectif d’être cotée aux Etats-Unis, mais elle s’appuie actuellement sur des partenaires de Chine continentale, notamment le groupe public Anhui Jianghuai Automobile Group, pour la fabrication de ses véhicules. ‘En tant que fabricant de véhicules électriques, si vous n’êtes pas lié à la Chine et que vous prétendez être le meilleur camion au monde dans le domaine des véhicules électriques, personne ne vous croira’, a déclaré Wen Han, fondateur de Windrose. »

Et voici ce que nous dit l’AsiaTimes :

« Ces dernières années, la Chine est passée du statut de fabricant d’articles ménagers bon marché à celui de producteur avancé de produits électroniques et de technologies vertes. La main-d’oeuvre bon marché a été remplacée par des robots et l’IA. Une nouvelle usine de Xiaomi, fabricant de smartphones à l’origine, produit une nouvelle voiture électrique toutes les 76 secondes, soit 40 par heure, sans aucune intervention humaine. »

Et NikkeiASIA rapporte :

« Les voitures volantes chinoises sont prêtes à décoller grâce à la technologie EV

XPeng, EHang et d’autres entreprises chinoises vont commercialiser des voitures volantes cette année, exploitant les avantages du pays en matière de technologies de voitures électriques pour s’approprier une part importante du marché mondial émergent. 

XPeng AeroHT, une filiale de la startup spécialisée dans les véhicules électriques, vise à vendre un véhicule électrique à décollage et atterrissage verticaux (eVTOL) bimode, qui peut rouler sur terre comme une voiture et se détacher d’un module volant pour voyager dans les airs.

Le prix de l’appareil sera de l’ordre de 1 million de yuans (138 000 dollars). M. Qiu a déclaré que l’entreprise espérait un jour ramener le prix à quelques centaines de milliers de yuans.

‘Si la production de masse à grande échelle devient possible, nous pourrons réduire considérablement les coûts des matériaux tels que la fibre de carbone.’ »

Les dirigeants chinois feront-ils des erreurs ? Bien sûr. Mais vont-ils étouffer l’énergie de millions d’entrepreneurs et d’hommes d’affaires ? Peut-être pas.

Pendant ce temps, les sociétés développées occidentales (y compris le Japon) se débattent avec les problèmes du passé – ses institutions, ses promesses et sa dette. L’ordre de l’après-Seconde Guerre mondiale, avec l’Occident aux commandes, semble fatigué, vieux et affaibli. Les nations émergentes représentent une menace ; elles doivent être maintenues à leur place. Les nouvelles technologies doivent être réglementées et contrôlées. Le libre-échange doit être remplacé par un commerce administré. La liberté d’expression doit être encadrée par les élites. Et même le climat de la Terre ne doit pas changer.

En revanche, les sociétés plus dynamiques du « Sud » – Brésil, Indonésie, Afrique du Sud, Turquie, Inde, Russie et Chine… y compris le nouvel « axe du mal » – exigent un nouvel ordre mondial. Elles pensent qu’il est temps pour elles de se faire une place à la lumière.

Et pour cela, il faudra peut-être chasser de la plage les retraités de « l’Occident ».

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