La Chronique Agora

Antibiotiques : allons-nous perdre la guerre contre les bactéries ?

▪ Une guerre meurtrière que beaucoup d’entre nous pensions avoir gagnée est en train d’être perdue et c’est un problème. Un gros problème. Après à peine quelques décennies — un point sur le radar de l’histoire — nous nous sommes habitués à vivre dans un monde où nous ne craignons pas un ennemi pourtant bien plus nombreux que nous.

L’ennemi dont je parle est très ancien. Lorsque les bombardements d’astéroïdes et de comètes ont diminué et que les continents se sont rassemblés, il a fait son apparition dans l’océan primitif. Il est sur cette planète depuis plus longtemps que nous et son domaine n’a jamais été sérieusement contesté. De ce point de vue, en fait, nous sommes les nouveaux arrivants envahisseurs.

Cet ennemi est aujourd’hui encore la principale forme de vie sur cette planète. Si on pouvait déterminer le poids de la totalité de ses individus, ils pèseraient plus lourd que toutes les plantes et tous les animaux de la terre. Il est dans l’air, même dans la haute atmosphère. Il est dans le sol et on peut le trouver dans les profondeurs marines et terrestres. Il peut vivre dans la roche et la glace et peut même consommer des déchets radioactifs. Dans et sur votre corps, il est 10 plus nombreux que vos propres cellules.

Cet ennemi est invisible et il est partout. Cet ennemi, ce sont les bactéries.

L’invisibilité de l’ennemi a persisté tout au long de la majeure partie de l’histoire. Ce n’est qu’au 19ème siècle que la recherche scientifique a révélé que les maladies infectieuses étaient propagées par des bactéries microscopiques. Toutefois, même avant que la théorie de l’origine microbienne des maladies soit acceptée, des visionnaires comme Oliver Wendell Holmes ont émis l’hypothèse que les maladies infectieuses pourraient être propagées par les médecins lorsqu’ils passent de patient en patient. Sa solution était le lavage de mains.

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En Autriche, l’obstétricien hongrois Ignaz Semmelweis a le premier proposé l’usage du lavage des mains avec des solutions antiseptiques pour réduire le taux d’infection dans les maternités. Malheureusement, la communauté médicale n’était pas prête à accepter ce qui était à l’époque une idée radicale. La pensée que les infections puerpérales étaient dues aux mauvaises habitudes des médecins fut considérée comme insultante. Le fait que Semmelweis était juif n’aida pas non plus et les préjugés de l’époque et du lieu ont empêché les médecins d’accepter ses excellentes idées.

Malheureusement, Semmelweis, mis au ban et ridiculisé, mourut du genre d’infection qu’il tentait d’éradiquer.

▪ Une des causes de mortalité les plus fréquentes autrefois
Cette cause de décès arrivait trop souvent. Il n’y a pas si longtemps encore, la mort due à une infection bactérienne était l’un des moyens les plus fréquents de quitter ce bas monde. Par le passé, des pestes d’origine bactérienne ont réduit de moitié les populations de continents entiers. La pneumonie bactérienne a également tué des millions de personnes et une simple égratignure pouvait mener une personne en bonne santé à développer une infection sanguine et à mourir.

Mais par la suite, les découvertes du 20ème siècle par des gens comme Alexander Fleming, Benjamin Duggar et Selman Waksman nous ont appris comment nous défendre avec de nouveaux médicaments appelés antibiotiques. Ils découvrirent que d’autres organismes avaient développé des moyens de résister aux bactéries et que nous pourrions adapter leurs méthodes pour nos propres défenses.

Fleming a trouvé le premier des antibiotiques majeurs, la pénicilline, dans ses cultures de moisissures. Duggar et Waksman découvrirent également des antibiotiques naturels, la tétracycline et la streptomycine entre autres. Il peut sembler ironique que ces antibiotiques soient secrétés par des bactéries, membres d’une famille endogée appelée actinomycètes.

Mais puisque les bactéries du sol vivent très près les unes des autres, elles sont en concurrence pour les mêmes ressources. Certaines espèces ont développé des mécanismes de défense pour gagner l’avantage concurrentiel et nous avons appris à les utiliser.

Et puis un basculement s’est produit… et tout a changé, comme nous le verrons lundi.

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