La Chronique Agora

Alimentation : trop chère ou pas assez ?

inflation alimentation

Avec des prix qui augmentent de plus de 30% sur un an, les produits alimentaires sont parmi les plus touchés par l’inflation. A la Commission européenne, cette hausse était attendue depuis longtemps… mais pour de toutes autres raisons.

Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), les prix de l’alimentaire explosent. Les huiles végétales sont particulièrement touchées avec une hausse de 9,6% par rapport à septembre, tandis que les prix des produits céréaliers ont augmenté de 3,2% sur la même période, et 22,4% par rapport à octobre 2020.

Sur un an également, les prix des produits laitiers augmentent de 15,5%, ceux du sucre de 40% (malgré une baisse de septembre à octobre, de 1,8%) et la viande de 22,1% (là aussi avec une baisse, de 0,7%, depuis septembre).

Sur l’année entière, les prix des produits alimentaires augmentent donc globalement de 31,3%. Tandis que, sur un mois, la hausse est de 3%, ce qui imite la performance des niveaux de prix de l’UE. Il s’agit toutefois d’une augmentation record des prix qui n’avait pas été observée depuis 2011.

On pourrait penser que cela inciterait les législateurs de l’Union européenne à réfléchir à leurs projets et à reconsidérer les politiques du passé qui ont entravé la production. Rêvez donc !

« Nous sommes habités depuis trop longtemps à des aliments bon marché »

Lors d’un discours prononcé devant la commission de l’agriculture et du développement rural du Parlement européen le 7 mai 2020, le Commissaire chargé de l’environnement, Frans Timmermans (un socialiste néerlandais), a déclaré que « nous sommes habitués depuis trop longtemps à des aliments bon marché » et que nous devons changer de paradigme en termes d’agriculture durable.

Il convient de noter que ce discours a été prononcé au plus fort de la première vague de la pandémie de coronavirus, alors que de nombreux jeunes et personnes à faibles revenus étaient sans emploi, sans savoir si l’économie va se redresser.

Ainsi, alors que le continent était en détresse, que ses citoyens luttaient pour joindre les deux bouts, la Commission européenne ne pouvait que penser à créer un système alimentaire plus cher, au nom de la durabilité.

Dans sa feuille de route agricole actuelle, baptisée « Farm to Fork », Berlaymont (le siège de la Commission européenne à Bruxelles) prévoit de porter la part des aliments bio à 25%, contre 8% actuellement. Ce qui se passera exactement lorsque les consommateurs n’achèteront pas les 17% supplémentaires est évident, même pour un étudiant en économie de l’enseignement secondaire : les prix s’effondreront.

Bien sûr, les syndicats d’agriculteurs ont sensibilisé la Commission à ce problème bien réel, mais les politiques avancent : les promesses ont été faites, il n’est plus possible de revenir en arrière.

En parallèle, la réalité est que le bio coûte plus cher, souvent le double des aliments produits par l’agriculture conventionnelle. En outre, les aliments bio utilisent davantage de ressources – plus d’eau, plus de sol, plus de terres, plus d’énergie – ce qui fait qu’ils émettent davantage de dioxyde de carbone.

La fantaisie de la Commission finira donc par coûter plus cher aux consommateurs, tout en étant incapable de s’attaquer au problème qu’elle veut résoudre. Une façon très européenne de résoudre un problème.

Dans l’intervalle, alors que les prix du gaz et de l’électricité s’envolent, les responsables politiques ne manqueront pas de revenir à leurs politiques disparates habituelles. Ils distribueront des subventions ici et là, comme ils ont déjà commencé à le faire en France pour l’augmentation des prix du gaz.

La prochaine étape ? Je ne peux que deviner, mais il est plus que probable qu’ils commenceront à blâmer la Banque centrale européenne, dont la politique monétaire incompétente est à l’origine de ce problème… Ha ! Je plaisante bien sûr ! Ils vont très probablement pointer du doigt les milliardaires et le capitalisme mondial, qu’ils sont si désireux de blâmer à tout bout de champ.

Le retour des fameuses attentes d’inflation

Ou bien ils vont faire ce que la gauche américaine en train d’expliquer au public : l’inflation, en vrai, est une bonne chose ! Un chroniqueur de MSNBC, James Surowiecki, a ainsi écrit, dans un article intitulé « Comment Covid est devenu le héros improbable de notre crise de l’inflation » :

« C’est également important parce que lorsque les gens voient l’inflation comme une force déconnectée de l’économie sous-jacente, leurs attentes en matière d’inflation sont susceptibles d’augmenter. Et lorsque les attentes d’inflation augmentent, l’inflation réelle a tendance à suivre…

Donc, au lieu de dire aux gens d’avoir peur, dites-leur plutôt d’être inquiets. En quelque sorte inquiets. Même s’ils achètent 12 gallons de lait [NDLR : environ 45l] par semaine. »

L’adage selon lequel tout le monde peut écrire un livre semble tout aussi vrai pour les articles de presse. Surowiecki nous explique même que l’inflation que nous sommes en train de voir est un produit du rétablissement de l’économie.

A la bonne heure ! L’intérêt historiquement élevé des investisseurs pour les cryptomonnaies et l’or ne doit donc être qu’une farce, destinée à jouer un mauvais tour aux chroniqueurs de la gauche américaine. Circulez, il n’y a rien à voir ici.

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