▪ Votre correspondante confesse une petite panne d’inspiration aujourd’hui. Ou peut-être une pointe de lassitude ?
Mais comment vous sentiriez-vous à ma place, cher lecteur ? Regardez un peu ce que nous ont amené les derniers jours :
Janet Yellen commence à prendre ses marques à la Fed, en attendant sa prise de position officielle… et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle ne déviera pas d’un pouce de la ligne actuelle.
Philippe Béchade nous en disait plus hier :
"La dauphine de Ben Bernanke n’a pas manqué hier de revendiquer ‘la pleine confiance d’Alan Greenspan’ et de marteler que le QE doit se poursuivre jusqu’à ce que la croissance se renforce durablement. Cela fait quatre ans que la Fed injecte… Autant dire qu’il ne s’agit que d’un hors d’oeuvre, d’un simple galop d’essai puisque cela fait 22 ans que le Japon use sans succès de la même stratégie".
22 ans d’injections monétaires au programme pour les Etats-Unis… alors que ça ne fonctionne pas, que seuls les riches deviennent plus riches, que l’emploi US ne connaît pas vraiment d’évolution positive…
… Il y a de quoi rester muet, non ?
▪ Sans oublier l’autre énormité qui est passée "inaperçue" des marchés (ou à peu près) — la nouvelle dégradation de la note française, bien entendu.
Tout juste si les journaux y ont consacré quelques articles en passant ; de quoi me donner l’impression croissante d’être Don Quichotte en train de se battre contre des moulins à vent.
Sauf que… les moulins en question sont peut-être quand même bien des géants, après tout.
Comme l’expliquait Mory Doré jeudi, "il existe beaucoup de similitudes avec les années 1990 et les crises du franc de 1992-1993 pourraient être remplacées en 2014-2016 par de violents krach obligataires sur la dette française avec les mêmes ‘prétextes’ pour les marchés financiers : le manque de crédibilité des politiques (il y a 20 ans pour parachever la construction monétaire européenne, aujourd’hui pour réduire la dette publique)".
Avec 15% d’opinions favorables pour le président Hollande actuellement, le manque de crédibilité est en effet en train d’atteindre des sommets (en forme de creux !)… et c’est dangereux.
Mory continue :
"En tout cas, lorsque 70% du stock de votre dette de 1 900 milliards d’euros est détenu par des investisseurs non-résidents comme cela est le cas pour la dette publique française, vous ne pouvez pas ou ne devriez pas ignorer les exigences des marchés et agences de notation. A moins de rejoindre l’absurde camp des extrêmes qui réclame tantôt un moratoire concernant la dette publique nationale — donc un défaut partiel suicidaire, tantôt une sortie de l’euro et une monétisation totale de la dette par une Banque de France redevenue souveraine pour créer de l’inflation à deux chiffres comme au bon vieux temps. Sauf que cette fois, les salaires ne suivraient pas"…
"La fermeture de l’accès de la France aux marchés de capitaux rendrait les banques françaises insolvables (avec la dévalorisation considérable de leurs actifs investis en titres d’Etat français)".
Hmmm… peut-être que les Don Quichotte, dans l’affaire, ne sont pas ceux qu’on croit, finalement. Et tandis que les marchés, les médias grand public et la majorité des investisseurs continuent de mettre la tête dans le sable… nous vous conseillons de garder sous le coude un peu d’actifs réels.
De la vraie protection — juste au cas où.
Meilleures salutations,
Françoise Garteiser
La Chronique Agora