▪ Une croissance économique de plus de 7% par an jusqu’en 2030
Aujourd’hui, je ne vous le cache pas, je vais vous parler d’investissement de long terme. De très long terme, même, puisqu’il s’agit de l’Afrique. Mais ne tournez pas les talons tout de suite — nous allons voir dans quelques lignes que ce continent présente un magnifique potentiel pour l’investisseur… à condition d’être conscient de certaines conditions.
Un mot d’abord, pour éviter tout malentendu : lorsque je parle d’Afrique noire, je vise l’Afrique subsaharienne ou SSA (SubSaharian Africa, en anglais), c’est-à-dire le continent africain dont on exclut la Mauritanie, le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, la Libye, l’Egypte et le Soudan.
Le Niger, le Mali, et le Tchad sont pour moi à la limite. C’est un choix délibéré, même s’il est discutable, mais leur évolution est trop liée à la Méditerranée et au Moyen-Orient pour les assimiler au destin africain, sans pour autant ignorer les influences exercées sur l’Afrique noire.
Jusqu’à récemment, l’histoire de la croissance africaine a plutôt été divergente que convergente avec celle du reste du monde.
La raison principale en est l’instabilité politique, l’absence de règles juridiques réelles, le manque de formation des populations en âge de travailler et par une insuffisance dans le domaine de la santé, une démographie défavorable, une inflation forte et des investissements trop faibles.
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Par exemple, tandis que le PIB par tête augmentait de 3% par an après la Deuxième guerre mondiale dans les pays avancés, celui des pays africains après leur indépendance s’est contracté de 0,6% par an entre 1973 et 2000. Rien pour plaire, allez-vous me dire !
▪ Tout est en train de changer
Sauf que tout est en train de changer — même si c’est très progressif. Ainsi, depuis le milieu des années 90, beaucoup de pays africains sont devenus plus stables politiquement d’après les indicateurs de gouvernance de la Banque mondiale. Si vous prenez le Botswana, très stable, le PIB par tête a été multiplié par 3,5 entre 1980 et 2009.
Globalement, avec un environnement d’investissement en amélioration, une meilleure gestion économique et l’envolée de la demande chinoise pour les ressources africaines, la croissance annuelle de l’Afrique a été de 5,5% par an au cours de la dernière décennie, soit sa meilleure performance depuis l’indépendance dans les années 60.
Une main-d’oeuvre à bas coûts, un grand marché intérieur en croissance, des ressources naturelles, autant d’atouts pour un potentiel considérable de développement pour les 20 prochaines années.
L’Afrique subsaharienne compte plus de 800 millions d’habitants (12% de la population mondiale) sur 23,3 millions de km2 (17,5% de la superficie mondiale), produisant près de 2% du PIB mondial. Ces chiffres sont en soi une photo instantanée de ce qu’est l’Afrique aujourd’hui, mais voyons ce qu’elle va devenir…
Selon le FMI, l’Afrique subsaharienne ne représente en 2010 que 2% du PIB mondial pour 12,4% de la population de la planète (sources : Banque mondiale et INED). Pour autant, l’Afrique pourrait créer la surprise dans le bon sens, car le continent attire les investissements.
D’abord pour tirer profit des matières premières, et ensuite pour bénéficier de l’effet de levier que créent une population jeune et une classe moyenne en forte croissance. La consommation est d’ores et déjà une composante majeure de la croissance africaine.
Une étude de Standard Chartered Bank estime à 7% la croissance annuelle moyenne de l’Afrique jusqu’en 2030, en s’appuyant sur la croissance chinoise et indienne. Car la demande asiatique va en effet continuer à aider l’Afrique en maintenant des prix élevés pour les matières premières. De plus, comme vous l’avez vu, le rôle de la Chine devient significatif dans la fourniture d’aides au développement et dans la construction d’infrastructures.
Or le grand défi est de fournir des infrastructures et des emplois à une population qui devrait augmenter de 50% entre 2010 et 2030. Le problème est que la croissance générée par les matières premières n’est que peu créatrice d’emplois. Donc le grand défi du continent va être d’assurer le développement d’une économie non liée aux matières premières ; là sera la véritable clé du succès. Le pari n’est pas impossible.
Nous verrons la suite dès demain…