▪ Les politiciens sont vraiment prévisibles. Aux Etats-Unis, la chaîne et le boulet du "séquestre" commençaient à leur faire mal à la cheville. Alors qu’ont-ils fait ? Sorti la scie à métaux, bien entendu !
On peut arrêter de se faire du souci. Les autorités n’ont aucune intention de maîtriser les zombies. La Fed n’a aucune intention de mettre le tapering en place. Et la grande crise à l’horizon n’a aucune intention de s’éloigner.
Oui, gardez votre or. Vous allez en avoir besoin.
Le problème, c’est trop de dépenses et de dettes. C’est une situation qui empire tous les jours. Le gouvernement fédéral américain (tout comme la majorité des gouvernements occidentaux) a fait aux électeurs des promesses qu’il ne peut pas tenir. S’il honore ses engagements, les dépenses dépasseront les recettes fiscales jusqu’à la fin des temps ou à peu près. Ou jusqu’à ce que les prêteurs reprennent leurs esprits, selon ce qui arrivera en premier.
Ensuite, il ne restera plus qu’une seule source de financement — la Fed. Cette dernière fournit déjà assez pour financer l’intégralité du déficit américain et plus — l’excédent faisant grimper les prix des actifs. Si la Fed continue d’acheter des actifs au rythme actuel, d’ici 2080, elle possèdera à peu près tout ce qu’il y a aux Etats-Unis : toutes les maisons, toutes les obligations, toutes les entreprises, tous les centres commerciaux et jusqu’à la moindre poussette de bébé.
Bref, les autorités américaines foncent droit vers le mur de la réalité. Elles ne peuvent pas dépenser éternellement plus qu’elles n’encaissent. Et elles ne peuvent pas éternellement financer le déficit avec de l’argent tout chaud sorti de la planche à billets. "Eternellement", c’est dans longtemps, c’est vrai. Mais en fin de compte, quelqu’un, quelque part, à un moment ou à un autre, d’une manière ou d’une autre, va devoir s’attaquer au problème.
▪ Comment faire ?
Il y a deux manières de s’y prendre. Volontairement. Ou involontairement. La Fed a fait un tout petit pas vers une solution volontaire quand elle a commencé à réduire son programme d’assouplissement quantitatif. Vous connaissez déjà notre point de vue : ça ne continuera pas.
Le Congrès américain avait lui aussi fait un petit pas dans la bonne direction lorsqu’il avait voté pour cesser de dépenser autant d’argent en mettant automatiquement "sous séquestre", une partie de ses dépenses. Sauf que la semaine dernière, les politiciens se sont réunis et ont passé un accord à 1 100 milliards de dollars qui, dans les faits, annule le séquestre — en majorité en faveur du Pentagone et du complexe militaro-industriel.
Vraiment, cher Congrès, merci. Vous avez renforcé notre croyance dans le capitalisme de connivence.