Robert Shiller, professeur à Yale et lauréat du Prix Nobel, déclare que les actions sont à leur zénith.
Le soleil boursier éclatant serait à son zénith. Selon lui, il n’a brillé aussi haut dans le ciel qu’à deux reprises dans l’histoire : en 1929, en 1999… et à chaque fois avant un plongeon majeur des marchés actions.
Au lieu de rapporter le cours des actions aux bénéfices de l’année précédente, Shiller préfère le rapporter aux bénéfices moyens réalisés sur les 10 dernières années, corrigés de l’inflation.
Selon lui, cela permet de lisser les fluctuations d’une année sur l’autre et de produire une image plus claire de la valeur.
Avec un S&P 500 se négociant à un ratio de Shiller de 29 (en 1929, le marché a enregistré un pic affichant un ratio de Shiller de 30), les ombres s’allongent telles des ivrognes sur les trottoirs.
Préparez-vous à une épreuve de force.
Bloomberg indique que deux des initiés les plus influents de Wall Street, Larry Fink, à la tête de BlackRock, et Jamie Dimon, à la tête de JPMorgan Chase, ont commencé à remarquer que la lumière diminuait :
« Jeudi, Fink a déclaré que la croissance ralentissait en raison d’inquiétudes sur le vote d’approbation des mesures de Trump par le Congrès. Mardi, dans une lettre aux investisseurs, Dimon a déploré que ‘clairement, quelque chose ne tournait pas rond’ dans le pays. Ces deux dirigeants font partie d’un groupe de chefs d’entreprise qui conseillent le président Donald Trump.
Fink a exprimé sa déception concernant la cadence des changements, jusqu’à présent, sous ce nouveau gouvernement. Il a déclaré sur CNBC que l’économie mondiale ralentissait alors que les consommateurs et les entreprises attendaient de voir si le nouveau gouvernement pourrait faire passer des mesures concernant la réforme fiscale et la déréglementation, après l’échec de la loi sur l’assurance-maladie au mois de mars.
‘On craint de plus en plus que les changements proposés soient difficiles à mettre en oeuvre’, a déclaré Fink, jeudi, sur CNBC. ‘On constate un ralentissement de notre économie' ».
Un mythe coûteux
Voyons…
Pas de révocation de l’Obamacare… pas de réduction des dépenses militaires… pas de coupes sur les prestations sociales… pas de réforme du système fondé sur l’argent bidon.
Les conseillers de Trump, Steve Bannon et Jared Kushner « luttent non-stop », indique le Daily Beast. Le Congrès est une foire d’empoigne.
En attendant, l’Etat brûle de l’argent et se heurte à un plafond de la dette.
Quelles sont les chances que la Team Trump puisse rassembler les républicains du congrès pour faire passer des allègements fiscaux considérables et un vaste programme d’infrastructures ?
Elles sont faibles. Mais regardons de plus près…
Le « Boom Trump« pourrait bien appartenir à la pire sorte de mythes : ceux qui coûtent cher.
La réalité que nous observons est la suivante : le système ne peut être sérieusement réformé car les gens qui le contrôlent ne veulent pas le réformer. Comme les alcooliques qui n’ont pas encore touché le fond, ils ne sont pas prêts à l’abstinence.
Les compères, les prestataires, les banquiers, les politiciens, ceux qui financent les campagnes, les lobbyistes, les secteurs privilégiés par le Deep State — et en particulier Wall Street : aucun d’eux n’est prêt à renoncer à l’alcool.
Au contraire, ils en veulent plus.
D’où vient-il ?
Des impôts, des réglementations et du système monétaire.
Les recettes fiscales – que l’on fait tourner comme une bouteille de whisky – constituent l’une des sources de cette gnôle. Mais elle est limitée. Si l’on presse trop les contribuables, ils se mettent à hurler.
Les initiés s’en donnent à coeur joie également avec les réglementations.
Les lois, la paperasse, les restrictions, les permis : tous gonflent les charges des entreprises et des consommateurs… mais également le pot-de-vin versé à un compère, quelque part.
Qui est gagnant ?
Les initiés qui rédigent les lois, bien entendu.
Le détournement
La troisième source est la plus intéressante, pour nous : il s’agit du système de l’argent à crédit.
Qui se plaindrait d’un crédit bon marché ?
On embobine même les épargnants — qui selon les estimations auraient perdu 2 000 Mds$ depuis 2009 du fait du blocage des taux d’intérêt — en leur faisant croire qu’un crédit bon marché stimule l’économie.
Ce système est malhonnête et injuste. L’un de nos lecteurs l’explique…
« Avant 2009, je pensais comme beaucoup d’autres avoir de l’argent, des économies et une retraite acquise. La mission avait été accomplie. Ce krach a commencé à nous révéler que tout ce qui précède était faux.
[NDLR : Peut-être que vous aussi, vous comptiez sur les rendements de votre contrat d’assurance-vie en euro pour assurer votre retraite… et voilà que son rendement devient quasi-nul. Pire, le capital pourrait être gelé en raison de l’activation de la loi Sapin. Découvrez comment vous protéger en cliquant ici.]
Lorsque la monnaie d’échange peut être créée au gré de quelqu’un, et dépensée à ce même gré, ce quelqu’un est littéralement le Dieu de tous ceux qui utilisent ladite monnaie. A proprement parler, il s’agit là de capital politique ou d’une monnaie politique… Ce n’est rien d’autre que du vol avec un grand V, et nous y participons tous. »
Un autre lecteur nous apporte cette précieuse indication :
« Le Lévitique 19:35 indique la chose suivante : ‘vous ne commettrez point d’iniquité ni dans les jugements, ni dans les mesures de dimension, ni dans les poids, ni dans les mesures de capacité.’ Et le proverbe 11:1, ce qui suit : ‘la balance fausse est en horreur à l’Eternel, Mais le poids juste lui est agréable’.
J’ai vécu au Japon de 1992 à 2012 et, au cours de cette période, l’Amérique est devenue plus grossière et moins honnête. Cette distance m’a donné une perspective que trop peu d’entre nous possèdent. Je ne peux m’empêcher de croire que l’argent malhonnête est un facteur subtil mais significatif du déclin de la moralité chez l’homme de tous les jours. »
Le larcin est facile à repérer lorsqu’il est provoqué par l’inflation. Votre argent perd de la valeur chaque jour. Et cela revêt une certaine équité : on vole riches et pauvres proportionnellement.
Mais le vol commis par un crédit illimité et sous-évalué est plus subtil. C’est ce que John Galbraith, l’économiste, a qualifié de « bezzle* », dans le livre** qu’il a consacré à la crise de 1929. [Le bezzle est le mot par lequel les drogués de Manchester et Leeds désignent la kétamine qui est à l’origine un anesthésique, NDLR]
Il a remarqué que toute économie comporte une part de vol et d’imposture. Mais lorsque le crédit afflue et que les marchés partent à la hausse, le « taux de malversation augmente, le taux de découverte des cours s’effondre, et le bezzle augmente rapidement ».
La richesse passe du travailleur lambda à l’initié du Deep State… et ni l’un ni l’autre ne sait ce qu’il s’est passé. Le type lambda ne sait qui blâmer : les Mexicains, les Chinois, les robots ?
L’initié, quant à lui, se trouve génial.
Et l’économie – de même que sa richesse – décline.
* NDLR : Terme décrivant de l’argent détourné dont l’escroc profite alors que la victime ne sait pas encore qu’il lui a été dérobé.
** La crise économique de 1929, 2011, EditionsPayot.