La Chronique Agora

La fin des FAANG ?

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Les FAANG sont entrés en marché baissier mais même  aux prix actuels, il y a plus de marge de baisse que de hausse.

Les marchés sont de mauvaise humeur.

Les célèbres FAANG — Facebook, Apple, Amazon, Netflix et Google-Alphabet — sont désormais en phase baissière, chacun ayant perdu plus de 20% par rapport à leurs sommets d’un an.

« Il va falloir une reprise des valeurs technos pour qu’il se passe quelque chose », a déclaré Greg Luken, le PDG de Luken Investment Analytics. « Je pense que là où nous en sommes, dans le secteur, nous allons avoir du mal vers la fin de l’année. Je pense que des actions en baisse verront encore plus de pression à la baisse ».

Nous n’avons aucun moyen de savoir ce qui va se passer ensuite. Heureusement, nous n’avons pas besoin de le savoir. Nous n’avons pas besoin de nous baisser lorsque M. le Marché commencera à jeter la vaisselle à la tête des investisseurs.

Nous ne sommes même pas dans la pièce !

Les actions sont trop chères

Avec un Dow à 25 000 points, les actions sont trop chères. Le ratio Dow/or est désormais de 21. En d’autres termes, il faut 21 onces d’or pour acheter le Dow. Ce ratio n’a été plus élevé qu’à deux reprises ces 100 dernières années — à chaque fois, une chute de 85%-90% s’en est suivi.

Le ratio Dow/Gold indique le nombre d’onces d’or nécessaire pour acheter les actions de l’indice Dow Jones Industrial Average qui comprend 30 grandes entreprises américaines cotées.
Le DJIA est le plus vieil indice boursier.

Les actions FAANG sont particulièrement chères. Nous achetons une bouteille de vin à 60 $ de temps en temps. A l’occasion, nous logeons dans un hôtel à 400 $ la nuit, et il nous arrive parfois de dîner dans des restaurants où il y a des nappes sur les tables.

Mais nous n’achetons pas d’actions coûteuses. A quoi cela servirait-il ?

On n’achète pas d’actions pour le plaisir. On achète des actions pour gagner de l’argent, pas pour s’en débarrasser. Le principe même est d’acheter bon marché et de revendre plus cher. Acheter lorsque les prix sont élevés, c’est partir du mauvais pied.

Pour Netflix, par exemple, le PER frôle les 100. Le PER moyen pour le S&P 500 actuellement est de 21.

Vous investissez 100 $… et vous attendez 100 ans (aux niveaux actuels) pour que l’entreprise encaisse une quantité de revenus équivalente. Cela ne vous sert pas à grand-chose !

Netflix ne verse pas de dividendes. L’entreprise affirme qu’elle se concentre sur la « croissance ». Mais la croissance ne paie pas le loyer. Le temps qu’elle se produise, ses fruits iront probablement à quelqu’un d’autre.

Pour chaque nouvelle technologie, une autre technologie encore plus nouvelle est à venir… et elle apparaît généralement pendant que vous attendez que votre valeur de « croissance » se transforme en valeur profitable. Vous vous retrouvez alors avec un Palm Pilot, Atari, Hitachi, Compaq… ou un Polaroid, alors que tout le monde est à l’iPhone !

La rivière Amazon sera sans retour pendant 387 ans

Amazon est une autre de ces entreprises de la Big Tech qui n’ont jamais versé de dividendes. Même si ses fans affirment qu’elle va commencer à gagner de l’argent incessamment, son modèle de vente — réduire les prix pour obtenir des parts de marché — reste la « Rivière sans Retour ».

Elle le restera sans doute. Parce qu’il est très difficile de générer des bénéfices lorsque votre business model est basé sur le fait de ne pas avoir de marge bénéficiaire.

Si l’on se base sur les revenus de l’année passée, il faudrait attendre 387 ans pour récupérer sa mise sur AMZN. Les revenus ont été maigres… alors que le prix était élevé.

Dans la mesure où les situations déséquilibrées tendent à revenir à la moyenne… et dans la mesure où il est extrêmement improbable que les revenus puissent augmenter assez pour justifier une valorisation aussi élevée… le prix devra chuter pour atteindre un PER plus raisonnable.

En d’autres termes, les investisseurs perdront de l’argent.

Même si la technologie des FAANG survit, ces derniers ne rapporteront probablement pas beaucoup aux investisseurs.

Lorsqu’une nouvelle techno devient le chouchou des marchés, son prix atteint des niveaux qui n’ont pas vraiment de sens. Ces entreprises, même si elles prospèrent, ne peuvent jamais gagner assez pour offrir aux investisseurs un bon retour sur investissement.

C’est ce qui est arrivé aux actions américaines dites « Nifty Fifty » entre la fin des années 1960 et le début des années 1970. Il s’agissait de bonnes entreprises — dont Coca-Cola, Sears et General Electric. Elles avaient aussi des technologies de pointe — Polaroid, Xerox et Texas Instruments, par exemple.

Les investisseurs de l’époque avaient le sentiment que, pour réussir en Bourse, il suffisait d’acheter ces 50 actions en pleine ascension. L’investissement s’en trouvait simplifié. Il suffisait de prendre « une seule décision », et l’on était paré à vie.

Naturellement, les Nifty Fifty grimpèrent… jusqu’à atteindre le double du niveau du S&P 500. A leur sommet, elles s’échangeaient 42 fois les revenus, à peu près la même chose qu’Alphabet (maison-mère de Google) aujourd’hui.

Sauf que les investisseurs n’étaient pas parés à vie. Ces 50 valeurs étaient peut-être de bonnes entreprises, mais aux prix de 1972, rares furent celles qui se révélèrent être de bons investissements. Si vous les aviez achetées à leur sommet en 1972, vous auriez perdu deux tiers de votre argent dès 1975. Aujourd’hui, vous auriez encore perdu une bonne partie du reste.

Une seule des Nifty Fifty s’avéra être un excellent investissement — ce bon vieux Philip Morris. Enlevez les clopes et le portefeuille entier était perdant.

Arrivera-t-il la même chose aux FAANG ? Facebook, Apple, Amazon, Netflix et Google seront-ils bientôt « les technologies d’hier » ?

Nous n’en savons rien. Mais aux prix de 2018, il y a probablement bien plus de marge de baisse que de marge de hausse.

[NDLR : Il est possible de faire des gains dans les deux sens, cependant… Cliquez ici pour découvrir comment engranger des plus-values à deux chiffres que le marché grimpe ou baisse.]

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