La Chronique Agora

Le mieux est l’ennemi du bien : acceptez l’imperfection et apprenez de vos erreurs

▪ Le coeur du nouveau livre de Bill Bonner, Hormegeddon, consiste à démontrer qu’en matière d’intervention de l’Etat dans l’activité économique, trop de bien conduit à la catastrophe. L’hormèse — en raccourci bordelais ou bourguignon, ou champenois — revient à énoncer : "un verre ça va, deux les dégâts commencent".

En matière de dirigisme, la France est plus proche de l’excès que de l’abstinence, du communisme que de l’anarchie

Dans un pays comme la France, où l’économie étatique représente 57% de l’activité nationale, ce livre est un défi ; en matière de dirigisme, la France est plus proche de l’excès que de l’abstinence, du communisme que de l’anarchie. Autant prôner l’ascèse dans un lieu de débauche plutôt que dans un couvent.

"Les planificateurs à grande échelle échouent parce qu’ils croient en trois choses qui ne sont pas vraies. Premièrement, ils pensent qu’ils connaissent entièrement et exactement la situation actuelle de la communauté pour laquelle ils planifient (ses besoins, ses désirs, ses espoirs, ses capacités, ses ressources). Deuxièmement, ils pensent savoir où la communauté devrait aller, c’est-à-dire de quoi son avenir devrait être fait. Troisièmement, ils s’estiment en mesure de créer l’avenir qu’ils souhaitent".

Le lecteur d’Hormegeddon revisitera avec un oeil neuf les principaux excès de notre époque. Nous sommes submergés d’informations. L’économie, présentée comme une science grâce aux statistiques, est censée pouvoir être parfaitement régulée. Les gouvernements modernes prétendent ainsi tout régenter. Même l’énergie "ne peut jamais être séparée de la vie et de la richesse elle-même. Une abondance de celle-ci est une bonne chose, mais seulement quand elle est utilisée à bon escient".

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Zut, voilà que je relis ces deux citations et — malgré leur intérêt — elles ne reflètent pas vraiment le livre de Bill. Car beaucoup de choses importantes sont écrites avec l’humour et la logique — tellement implacable qu’elle en devient burlesque — de Bill. Tout ceci nous conduira donc au chapitre de l’apocalypse des zombies.

"Combien de conflits mondiaux ont-ils été déclenchés par des gars avec des marteaux ou des clés à molette entre les mains ? Combien de crises financières provoquées par des boulangers ? Combien y-a-t-il de maçons coupables de crimes à grande échelle ? Combien de métallurgistes, d’ébénistes ou de livreurs sont-ils à l’origine d’une famine ? Le travailleur moyen peut être un lourdaud ou un imbécile, mais il est rarement responsable d’autres maux que les siens".

Un bon contrat satisfait les deux parties contractantes. C’est le fondement de la civilisation, de la politesse

▪ Erreurs et civilité
Mais un bon livre économique est un livre qui donne des biscuits intellectuels à son lecteur, quelque chose d’utile à grignoter longuement et souvent, toujours avec plaisir. Dans Hormegeddon, mon collègue américain Porter Stansberry avait quant à lui relevé la recette magique suivante : un bon contrat satisfait les deux parties contractantes. C’est le fondement de la civilisation, de la politesse. On ne peut avoir un contrat valide à moins d’avoir deux parties consentantes et éclairées. C’est vrai dans vos affaires personnelles et c’est aussi vrai dans les affaires publiques. Dans ce sens, le "contrat social" est une fraude. Le plus souvent, le peuple n’a jamais signé. On le voit encore aujourd’hui en Europe avec la Grèce.

De mon côté, j’ai trouvé mon biscuit dans le chapitre sur les erreurs :

"Supposez que vous n’ayez jamais à souffrir de vos propres erreurs. Supposez que quelqu’un d’autre en éprouve la souffrance à votre place. Assis confortablement dans mon salon à Baltimore, je mets ma main dans le feu et ne ressens aucune douleur mais c’est un autre en Virginie qui se retrouve avec des cloques sur les doigts. Je fais un investissement imprudent, mais c’est un autre à New York qui perd de l’argent […] Quelle leçon pourrais-je bien tirer de tout cela ?"

On apprend rarement de ses succès ; on apprend de ses erreurs si et seulement si on en supporte les conséquences. C’est qui explique que les erreurs privées n’aient finalement qu’une faible portée, au contraire des erreurs publiques de nos grands planificateurs dont une des plus grandes qualités est, hélas, la persévérance. N’ayant pas à souffrir des conséquences de leurs errements, ils pensent que si les maux s’aggravent c’est parce qu’ils n’en ont pas fait assez.

Mais en définitive, Hormegeddon est rassurant. Trompons-nous, trébuchons, apprenons, progressons et nouons des contrats "civilisés" avec notre entourage. "Le commerce civilisé enrichit les gens. Lorsque ses bénéfices augmentent, il reste de moins en moins de personnes qui n’y sont pas reliées… au point que nul ne peut y résister". Une organisation économique performante s’appuie sur la coopération et non la force.

[NDLR : Hormegeddon est désormais disponible en France ! Pour commander votre exemplaire sans plus attendre, cliquez ici.]

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