▪ Même un voyageur expérimenté peut faire des erreurs remarquablement idiotes. C’est pour cette raison que nous vous écrivons de Baltimore plutôt que de Pékin. Pour la deuxième fois en une semaine, nous sommes arrivés à l’aéroport de Dulles hier et découvert que nous n’avions pas le bon visa pour aller en Chine. En fait, nous avions carrément oublié qu’il faut un visa pour aller en Chine.
On ne va pas toujours là où on avait l’intention d’aller, mais on termine toujours là où on devrait être. Pourquoi devrions-nous être à Baltimore ? Nous n’en savons rien. Mais nous y sommes.
Les investisseurs expérimentés peuvent eux aussi faire des erreurs. Actuellement, ils semblent vendre l’or. Oui, cher lecteur, notre métal préféré subit une volée de bois vert. L’or est passé sous les 1 600 $ en intraday lundi. On apprend que les meilleurs investisseurs seraient en train d’abandonner leur métal jaune en faveur de positions plus « productives ». Voici ce qu’en dit Bloomberg :
« Les investisseurs milliardaires George Soros et Louis Moore Bacon ont réduit leurs positions en produits cotés adossés à l’or au cours du dernier trimestre, alors que les contrats à terme subissaient leur chute la plus sévère depuis plus de huit ans. John Paulson n’a pas changé ses positions ».
« Les décisions […] de Soros et Bacon pourraient apporter du poids aux arguments selon lesquels le marché haussier aurifère de 12 ans est en train de prendre fin, alors que les données économiques des Etats-Unis à la Chine montrent des signes de reprise, calmant le besoin d’investissements refuge ».
Le Financial Times ajoute ceci :
« L’or passe sous les 1 600 $ grâce aux espoirs de reprise ».
« Les prix de l’or ont dégringolé […] pour la première fois en six mois, les investisseurs se tournent vers d’autres actifs grâce à des espoirs de reprise économique ».
▪ Tout dépend ce qu’on appelle une reprise…
La reprise ? L’Europe, les Etats-Unis et le Japon sont tous (selon les résultats trimestriels les plus récents) en train de reculer, pas de se développer. Quel genre de reprise est-ce là ?
Pourtant, les médias grand public pensent que ce n’est pas le moment de s’abriter dans la sécurité des liquidités… ou de l’or. Prenez des risques. Regardez Buffett : il s’est associé à un nabab brésilien ; ils ont payé 28 milliards de dollars pour un fabricant de ketchup.
Eh bien, qu’en pensez-vous ? Ont-ils raison ?
Pourquoi vouloir détenir de l’or, de toute façon ? Il est muet et sans vie. Il n’émet pas de communiqués de presse optimistes. Jamais on ne le voit « dépasser les estimations du consensus » lors des résultats trimestriels. Il n’annonce jamais l’invention d’un nouveau smartphone « trop classe »… ni la moindre acquisition majeure.
Aucune des bonnes nouvelles qu’on espère d’un investissement n’arrive de la part de l’or. Quelle que soit la quantité que vous détenez, il ne semble pas se soucier de vous ; il ne fait pas le moindre effort pour augmenter le rendement des actionnaires.
Non, il reste juste là… comme un vieux parapluie à côté de la porte d’entrée, utile seulement quand il pleut. Une guerre ? L’or grimpe. Un krach boursier ? L’or grimpe. L’inflation ? L’or grimpe.
La fin du monde ? Qui sait, peut-être que l’or grimperait.
Alors à vous de décider. Qu’est-ce qui nous attend ? De bonnes nouvelles… ou de mauvaises nouvelles ? Le consensus aura-t-il raison… ou tort ? Beau temps… ou tempête ?
Impossible à dire. Alors nous nous couvrons. Nous possédons quelques vrais investissements — des actions, des obligations, de l’immobilier — et espérons que les analystes composant le fameux consensus savent de quoi il parle.
Et nous gardons aussi notre or… au cas où ils se révèlent être les crétins qu’ils sont habituellement.