La Chronique Agora

A l'image d'AIG, nous ne sommes pas plus avancés qu'au 1er janvier

** Paris avait entamé le premier semestre sur une hausse de 4,1%, le second démarre de façon tout aussi encourageante mais cela ne préjuge en rien d’une continuation du mouvement ascensionnel au-delà du 6 ou 7 juillet.

Le rendez-vous du 30 juin avec les 3 218 points s’était soldé par un lapin : les habillages de bilans avaient tourné court pour cause de chute de l’indice de confiance des consommateurs américains. Cependant, le CAC 40 sort moins de 24 heures plus tard un gain de 2,44% de son chapeau. Il s’en est fallu de 0,03% supplémentaires pour que l’indice phare affiche symboliquement un score positif sur l’année 2009.

Nous ne sommes pas de fétichiste du CAC 40 : nous remarquons que le SBF 120 arbore une hausse de 1,1% tandis que le SBF 80 (valeurs moyennes) revendique une envolée de 8,9% et que le CAC Small 90 affiche un tonitruant +32%.

Nous mettrons éventuellement l’euphorie de ce 1er juillet sur le compte d’un effet d’inertie dans le droit fil d’un second trimestre de rattrapage tous azimuts : les chiffres macroéconomiques du jour (certains étaient très attendus) n’avaient rien de particulièrement encourageant.

Mais circonstances obligent et vu de l’extérieur, le marché a choisi le verre à moitié plein : il n’a pas percuté sur les dernières déclarations de Janet Yellen (présidente de la Fed de San Francisco, en Californie — un état américain qui a dépassé le stade technique de la faillite).

Mme Yellen réaffirme que le principal péril pour les Etats-Unis demeure la déflation tandis que la reprise sera "si lente qu’elle frustrera beaucoup d’investisseurs".

** Pour dissiper l’illusion d’un moral des opérateurs revenu au beau fixe, il suffit de s’intéresser quelques secondes aux volumes négociés sur le CAC 40 : 2,66 milliards d’euros. Cela traduit plutôt l’absence de pression vendeuse que l’existence d’une vague de liquidités attendant la première séance du second semestre pour s’investir.

La hausse a pris une tournure essentiellement technique à partir de 16h, dans le sillage de Wall Street. Un véritable rally haussier s’est déclenché à Paris lors du débordement des 3 205 points, testés en vain lundi puis mardi.

Le CAC 40 a réalisé une échappée belle en culminant vers 16h30 à 3 233 points (+3% à 0,05% près), avec 39 titres en hausse et une seule exception : il s’agit de nouveau du titre Alcatel Lucent qui effectuait un cavalier seul à la baisse de -0,9%.

** Les indicateurs publiés mercredi après-midi aux Etats-Unis n’ont pas été perçus comme alarmants mais ils ne contenaient pas de bonnes surprises non plus.

D’après l’enquête mensuelle ADP National Employment, le secteur privé américain a supprimé 473 000 emplois au mois de juin, un chiffre globalement en ligne avec le consensus du marché. En revanche, ADP a revu à la baisse le nombre des emplois supprimés dans le privé en mai, de 532 000 à 485 000.

L’activité dans le secteur manufacturier s’est encore contractée mais à un rythme moins rapide au mois de juin. L’indice ISM manufacturier rebondit à 44,8, contre 42,8 en mai… une amélioration conforme aux estimations des analystes.

Wall Street ne peut toujours pas compter sur le concours du moteur immobilier car les dépenses de construction sont reparties à la baisse en mai aux Etats-Unis, avec un repli de 0,9% alors que les économistes prévoyaient un petit tassement de 0,5%.

** Pour l’heure, l’hypothèse de travail demeure une stabilisation du marché de la "pierre" (aux Etats-Unis, il s’agirait plutôt de celui de la charpente en bois et des cloisons creuses) et l’extinction progressive des foyers de pertes sur les dérivés de crédit. Ceci dit, les avertissements d’AIG sur de nouvelles lourdes pertes dans le secteur des CDS devraient rapidement dissiper cette illusion.

Mais après avoir compté pour zéro toutes les créances adossés aux prêts à risque consentis aux particuliers, un retour à une vision moins apocalyptique a permis aux obligations high yield d’offrir un retour sur investissement de 23% au deuxième trimestre 2009.

Attention cependant, près des deux tiers des emprunts restructurés ces 12 derniers mois se retrouvent malgré tout en défaut de paiement. C’est une situation sans précédent depuis 1929… et le taux d’incidents sérieux sur leurs prêts Alt-A (emprunts classiques à taux variables de faible qualité) a pratiquement triplé en un an puisqu’il s’élevait à 2,9% au premier trimestre contre 1,1% à fin mars 2008.

Nous avons souligné que s’il fallait comparer les deux bombes à retardement des subprime et des Alt-A, nous avons vu exploser une camionnette au beau milieu de l’été 2007 — mais nous redoutons qu’il s’agisse cette fois-ci d’un semi-remorque… et l’onde de choc risque de faire voler en éclats pas mal de vitres du côté des supergéants de la finance fusionnés façon "haut fourneau" en fin d’année 2008.

** Nous lisons beaucoup d’études qui, s’appuyant sur la conviction que "le pire est passé", soulignent que même après un rebond de 33% à 50%, les cycliques et les bancaires n’ont jamais été aussi bon marché. Compte tenu de la gratuité de l’argent au jour le jour aux Etats-Unis, il est facile de démontrer que la prime de risque sur les actions est optimale.

Alors que les premiers résultats trimestriels vont commencer à déferler au lendemain du long pont du 4 juillet, de nombreux experts estiment que les prévisions de bénéfices demeurent trop "conservatrices", s’agissant d’entreprises suffisamment exposées sur les zones de forte croissance économique de l’Asie du Sud-Est.

Ils se réjouissent d’annoncer que le PER 2009 du S&P 500 s’établit autour de 15 à 16 fois les profits sur la base d’une réévaluation des chiffres publiés au premier trimestre — le pire des 30 dernières années.

Mais en réalité, même en ne retenant qu’une hypothèse basse de 13 fois (soyons fous), ce serait une valeur moyenne bien supérieure à ce qui a toujours été observé par le passé lorsque l’économie mondiale était en récession — sans insister sur la contraction de 5% du PIB en Europe et aux Etats-Unis, ce qui constitue une première historique depuis trois générations.

** Pas cher le marché américain ? C’est ce que semblait indiquer l’entame de la première séance du second semestre, le Dow Jones gagnant jusqu’à 1,5%. Toutefois, après une première heure prometteuse, les indices US ont entamé une lente décrue régulière jusqu’au coup de cloche final qui vit Wall Street en terminer pratiquement au plus bas du jour.

Le Dow Jones Industrial affiche au final une hausse de 0,68% à 8 504 points. Il clôturait ainsi juste au-dessus des 8 500 — mais dans des volumes étriqués, avec moins de 200 millions de titres échangés, soit une activité très inférieure à la moyenne des cinq dernières séances du premier semestre.

Pas de vague d’achat massive et pas de suivi dans les initiatives. Le Nasdaq se contentait de +0,58% à 1 845 points ; il ne parvient pas à franchir les 1 854 points sous lesquels il avait ricoché par deux fois successivement les 29 et 30 juin. Le Standard & Poor’s 500 affichait un score encore plus modeste de +0,4% à 923 points.

Rien de très spectaculaire en définitive ? A peu près rien en effet… sauf la confirmation d’une sérieuse alerte au mini-krach sur AIG qui s’est effondré de -9% puis -12,8% puis -22% successivement lundi, mardi et mercredi. Outre la difficulté de céder certaines filiales à un bon prix, des rumeurs de lourdes pertes récurrentes dans le secteur maudit des CDS refont surface.

S’agissant d’AIG, le second semestre ressemble étrangement à l’entame de l’année 2009 : le marché sera-t-il bientôt rattrapé par le même syndrome ?

Philippe Béchade,
Paris

RAPPEL URGENT — N’oubliez pas la Journée du FOREX, qui se déroulera à Paris le 10 juillet prochain. Vous y retrouverez de nombreux intervenants dans le cadre de cette journée de formation entièrement consacrée au marché des changes — avec une succession d’ateliers et conférences uniques. Point fort de cette journée exceptionnelle, un des meilleurs traders sur devises à Londres tradera sous vos yeux, en temps réel tout au long du FOREX day, et ceci sur l’une des meilleures plateformes de trading, celle de FXCM. Continuez votre lecture pour tout savoir… mais n’attendez surtout pas pour vous inscrire : c’est GRATUIT et le nombre de place est limité !

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile