La Chronique Agora

2018, l’année où la blockchain a tué le capitalisme « intermédié »

blockchainLa blockchain permet de supprimer des intermédiaires financiers – banquiers et assureurs – qui se nourrissent de commissions sur des transactions.

La blockchain est devenue l’obsession du moment. Cette technologie « décentralisée » permet de développer des crypto-monnaies, comme le bitcoin par exemple. Et les autorités bancaires ne manquent pas une occasion d’en dire du mal. Il est désormais difficile d’ouvrir un journal sans lire les péripéties de cette étrange invention du XXIe siècle qu’est le bitcoin, première monnaie virtuelle de l’histoire.

Blockchain ou retour du cash

Depuis plusieurs années, les banques proscrivent le cash. Au fil de réglementations complaisantes obtenues auprès de pouvoirs publics complaisants, les banques sont parvenues à capter l’ensemble des flux financiers.

La France et ses banques nourries par des protections étatiques est l’une des pionnières de cette intermédiation bancaire obligée. Pensons à la généralisation de la carte de crédit. Ou encore aux limites étouffantes posées au retrait d’argent en liquide au nom de la lutte contre la corruption ou le blanchiment d’argent. Toutes ces mesures ont tari les possibilités de faire circuler des billets de banque.

L’expérience montre que les règlementations étatiques peuvent indéfiniment chasser le naturel monétaire, il revient au galop. L’invention de la blockchain en est la preuve. En effet, le système de chaîne décentralisée qu’elle propose permet de réaliser des transactions, y compris monétaires, sans intervention d’une banque centrale.

Inévitable désintermédiation bancaire

Avec la blockchain, il est possible de commercer, y compris d’échanger des monnaies, sans intervention d’un tiers. Seuls le vendeur et l’acheteur se connaissent. Cela sous réserve qu’ils soient acceptés dans le bloc de transaction auquel ils se rattachent. Cette mécanique encore mystérieuse pour beaucoup, ressemble assez à la logique du chèque cadeau. En effet, il s’agit d’un titre numéroté est échangé librement auprès de ceux qui l’acceptent. Et cela rend inutile l’existence des banques en tant que chambre de compensation des titres.

On voit tout de suite la dangereuse orientation, pour les banques, de cette technologie. Là où celles-ci pouvaient espérer avoir complètement capté et intégré le marché « libre » de l’argent liquide, elles sont confrontées à une concurrence nouvelle. Et cette dernière est bien plus dangereuse. Il s’agit de celle des crypto-monnaies. Elles sont compensables ou non sous forme de biens et elles s’échangent de façon sécure sans leur intervention.

La campagne de dénigrement commence

D’où une propension avérée des médias pour diaboliser les crypto-monnaies dont la concurrence faite aux banques, annonceurs massifs de la presse subventionnée, devient dangereuse. Il ne se passe pas un jour sans qu’un article de presse ne dénonce le caractère extrêmement spéculatif du bitcoin et autres.

Sur ce point, les banques elles-mêmes ont bien compris le danger. Et elles paient de leur personne pour arrêter la fuite des capitaux vers les crypto-monnaies. Même Mario Draghi met du coeur à l’ouvrage en déclarant urbi et orbi :

« Les monnaies virtuelles sont sujettes à une forte volatilité. Leur prix est entièrement spéculatif. »

On voit bien que la fureur réglementaire devrait rapidement s’emparer des Etats et des banques centrales pour imposer de sérieuses contraintes sur ces marchés désormais concurrents. Aux Etats-Unis, certaines banques ont d’ores et déjà interdit les achats à découvert de bitcoins. Elles ont également bloqué les transactions par carte de crédit.

Elles ne pouvaient exprimer plus clairement leur détermination à bloquer au maximum le développement de ce marché concurrent.

La Chine parie sur la blockchain

Pendant que certains veulent encore croire à des effets de mode autour du bitcoin et de la blockchain, des investisseurs plus avisés ont compris à quelle révolution nous devions nous préparer. L’assureur chinois LoCo vient par exemple de conclure un partenariat prometteur sur la blockchain.

Li Pu, le patron de la compagnie chinoise d’assurance, a déclaré, à cette occasion :

« La blockchain va devenir un moteur important pour stimuler le développement de l’assurance. L’assurance basée sur la blockchain va bousculer le secteur dans un proche avenir, pour faire fondamentalement partie de l’assurance, voire pour remodeler le secteur pour toujours ».

Et si, nous aussi, les Européens, décidions d’une stratégie offensive dans ce domaine ?

Plus d’articles d’Eric Verhaeghe sur son blog Décider & Entreprendre. (www.entreprise.news)

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