La Chronique Agora

2011… selon nos lecteurs

▪ Je vous demandais la semaine dernière votre avis sur la nouvelle idée de Bill… les prévisions de Jean-Claude Périvier, rédacteur en chef de Défis & Profits, et sur l’année 2011 en général.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que les réponses ont été abondantes et variées. Je vous en livre ci-dessous une petite sélection, en vous remerciant sincèrement d’avoir pris le temps de nous écrire.

▪ Commençons par R.V., qui ne partage pas tout à fait l’optimisme de Jean-Claude concernant la vigueur et les capacités de rebond américaines :

"M. Périvier prend les mots trop à la lettre : ‘être sur le déclin’ ne signifie pas ‘s’effondrer immédiatement’.", nous dit-il. "L’Europe a eu son apogée en 1900, et depuis nous sommes sur le déclin. Cela ne nous a pas empêché de magnifiques rebonds après des destructions totales. Mais pourtant, lentement, sûrement, parfois au prix de convulsions dramatiques, nous avons progressivement cédé la place aux Etats-Unis".

"A notre échelle de temps, M. Périvier a certainement raison d’être sceptique quant à un effondrement des Etats-Unis dans l’immédiat (encore que, je trouve que les choses vont parfois plus vite que prévu ces derniers temps…). Mais à l’échelle de l’histoire, ses arguments ne tiennent pas".

"Si on devait définir l’apogée en terme de prospérité pour l’ensemble de la nation américaine, je dirais que c’était plutôt 1960 que 2000. Car si l’année 2000 a vu l’apogée américaine d’une certaine élite (technologique, financière et militaire), l’apogée de la vrai prospérité était déjà loin derrière pour la masse de la population américaine".

"Bref, pour ce qui est des ‘plus forts’, ce ne sont donc pas ‘les Américains’, mais plutôt un club de quelques privilégiés américains. Plus précisément, je conclurais que si M. Périvier parle des entreprises américaines, il a raison. S’il parle de la nation américaine dans son ensemble, c’est W. Bonner qui a raison…"

▪ De l’autre côté du match Chine/Etats-Unis, M.C. semble avoir quant à lui une expérience de terrain en Chine, et il en a tiré une conclusion implacable :

"Voilà comment je vois la Chine, après avoir rencontré des responsables à Pékin : je considère que leur management global est d’une qualité supérieure à la nôtre (occidentale). Il ne s’agit pas seulement de ‘bas coûts’: la Chine produit autant d’ingénieurs que tout le monde occidental et ceux-ci ne vont pas perdre leur temps dans les salles de marché comme les meilleurs des nôtres. Ils produisent, perfectionnent, innovent et savent vendre. Il faut prendre la mesure du risque mortel que nous courons".

▪ A.C. est plus nuancé dans ces propos… mais je suis tout à fait d’accord avec sa conclusion !

"Je pense que les Etats-Unis sont dans une très mauvaise situation, mais ils ont un potentiel d’innovation très grand grâce à leurs chercheurs et à tous ceux qu’ils ont captés du monde entier. Ils ont en plus un moral bien supérieur aux Européens. Les Chinois vont rencontrer de nombreux problèmes. L’évolution du monde va être passionnante dans les 10 prochaines années".

▪ Je ne résiste pas à la tentation de vous livrer un petit extrait de l’analyse d’E.G. — qui ne mâche pas ses mots, a un sens prononcé de l’ironie, et dont la conclusion, une fois encore, va droit au but :

"Heureusement, je vois venir une lumière à l’horizon. Enfin le voilà poindre son nez comme un messie ! Oui c’est lui, le crash financier planétaire. Celui qui enfin va remettre un peu d’ordre sur cette planète d’individualistes et de c*** et qui va commencer à faire réfléchir les hommes avec d’autres façons plus logiques. La pauvreté a cela de fantastique : elle fait réfléchir".

▪ Enfin, j’ai gardé pour la fin l’analyse très complète et approfondie de M.A. — la voilà dans sa quasi-intégralité :

"Reprenant vos propos, je les partage entièrement. Et je ne cesse de me désoler de voir combien nos gouvernements tombent sous le charme des cassandres chinoises tels un Ulysse attaché au mât de son navire pour entendre le chant des sirènes qui n’aurait surtout pas fait boucher les oreilles de ses marins avec de la cire. Oui attaché malgré tout pour mieux nous expliquer les bienfaits à en tirer. Et je me souviens une phrase que mon père me répétait : ‘gouverner c’est prévoir’ (elle n’était certes pas de lui mais si vraie). Si mon père avait raison, et je le pense, dans ce cas nos gouvernants sont les marionnettes d’un guignol chinois… qui tourne bien !"

"Alors derrière cette langue de bois qui veut que tout va pour le mieux (dormez tranquille bon peuple nous veillons sur vous), l’endettement des pays monte et monte comme une bulle qui jaillirait du fond d’une bouteille de Perrier géante. Mais si ‘Perrier, c’est fort’, cette bulle l’est aussi mais pas de la même manière. Qui peut sincèrement penser aujourd’hui que la faillite des Etats plus que surendettés peut être évitée par l’hyper-endettement? Qui peut croire que sans cette faillite la seule alternative est l’hyper-inflation?… Des autruches ! (et pas seulement celles d’Australie)"

"A mon avis, 2011 verra une inflation lentement atteindre les 3% voire 5% (et continuer à croitre en 2012) avec stabilité des salaires et hausse des impôts. Heu, rappelez-moi comment cela s’appelle-t-il, déjà ??? Appauvrissement, non ???? Certes, je ne nous imagine pas encore au niveau de l’Allemagne de Weimar ni à celui du Zimbabwe… Mais, campagne présidentielle oblige, peut-être la France s’enfoncera-t-elle davantage dans ce chaos d’endettement ? Bon d’accord, la France possède des moyens plus rassurants que ceux de l’Espagne et du Portugal, mais loin de ceux de l’Allemagne".

"J’entends ça et là des chants (pas de sirènes) qui proposent de quitter le navire euro. Cela semble inéluctable si l’on arrive à ce que seuls France et Allemagne contribuent à son maintien à flot. Je n’y crois pas pour 2011 mais ???? Donc appauvrissement pour 2011. Mais aussi la faillite de la Grèce car à force de mentir et de fournir des résultats trop éloignés des attentes et exigences du FMI et à moins de continuer à la financer en pure perte, cette faillite est inéluctable… Mais les Chinois sont là (je reviens aux cassandres chinoises, vous voyez). Oui, les Chinois sont là… qui se payent le Pyrrhée à bon marché… c’est-à-dire une des plus importante ressources de la Grèce".

"[…] Oui, les Chinois vont aussi aider le Portugal, comme ils le font en Afrique où ils achètent — à un prix tellement ridicule qu’aucun gouvernement n’aurait osé le proposer — les mines de charbon, les gisements de pétrole, les mines diverses utiles aux technologies modernes (terres rares entre autre dont ils détiennent toujours 95% de la production mondiale). Les exemples ne manquent pas"…

"[…] Et si notre monde me fait penser à celui qu’il était dans les années 1933-39 en Allemagne (que je ne connais que par les livres d’histoire non tronqués) nous avons pour nous que la probabilité d’une guerre sino-mondiale n’est qu’économique et donc peu probable au vu des niveaux économiques des divers Etats. Vous ne pensez tout de même pas que Hu Jintao va lancer ses troupes contre l’Allemagne… pour tuer l’euro ? Je le crois, cet homme, lorsqu’il donne une dizaine d’années au renminbi pour devenir l’égal de l’euro ou du dollar (traduire supplanter). Mais si votre article indique que les Américains disposent de ressources propres et individuelles, nous sommes semblables — voila pourquoi je ne vois ce yuan que rester ce qu’il est car la Chine n’est pas les Etats-Unis même si elle en rêve. Et sa ‘monnaie du peuple’ ne sera sûrement pas une monnaie de singe mais… sûrement mieux que son industrie de la triche et de la copie".

"La Chine est communiste et un communiste qui joue les capitalistes donc qui joue et non travaille. En matière de gestion on dit qu’une entreprise qui croît trop vite s’essouffle. Je n’en crois pas moins des Etats car Etat, Nations, Humains… nous fonctionnons tous par, pour et grâce aux humains que nous sommes (fussions-nous parfois inhumains)".

C’est sur cette dernière phrase que je vous laisse méditer pour le reste du week-end… avant de vous retrouver dès lundi avec le reste de l’équipe !

Meilleures salutations,

Françoise Garteiser
La Chronique Agora

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