Par Frédéric Laurent (*)
Parlons franchement : 2008 va être une année boursière difficile — très difficile — à négocier. Il va falloir à la fois protéger votre argent… générer un rendement supérieur aux maigres 3,5% (à venir) du Livret A… et éviter que l’inflation — qui n’est de loin pas limitée aux "2%" annoncés par Mme Lagarde — ne vienne laminer votre capital.
Donc, dilemme. Faut-il rester investi sur les marchés actions ? Tout reporter sur des liquidités ? Les obligations ? L’or ? Chercher les forts dividendes ? Préférer le monétaire ?… Bref… où et comment placer votre argent cette année pour être sûr de ne pas le perdre ? (Je vous rappelle au passage que le premier pas vers la fortune est déjà de ne pas perdre d’argent, quels que soient les marchés boursiers).
Commençons par débroussailler les principaux événements susceptibles d’avoir un impact sur vos placements ; cela nous permettra de dégager ensuite une stratégie adaptée.
2008 risque de vous faire perdre beaucoup d’argent
Prenons tout d’abord en considération les différents éléments économiques dont nous sommes sûrs :
** La crise du subprime et son impact sur l’économie globale
C’est bon, c’est un élément avéré : elle est là et bien là. Elle a commencé au printemps 2007 et aujourd’hui, tout semble confirmer que le pire reste à venir. Il parait évident qu’un certain nombre de mauvaises nouvelles soit toujours devant nous, car l’impact de la crise hypothécaire a nettement dépassé le seul marché immobilier américain. A ce titre, le premier trimestre devrait à nouveau connaître une forte volatilité.
La crise du subprime a heurté de plein fouet le secteur de la finance dans toute l’Europe… mais les choses vont en réalité bien plus loin : c’est une véritable crise du crédit qui a éclaté. Or vous savez parfaitement que l’économie américaine ne marche plus que grâce aux crédits à la consommation de ses ménages. Cette fameuse crise du subprime ne se contentera donc pas de peser sur le marché immobilier ; elle risque d’aggraver le ralentissement, déjà marqué, de l’économie américaine.
** Déception quant aux perspectives bénéficiaires des entreprises : marchés boursiers moroses
Les résultats d’entreprises ne manqueront pas d’être revus à la baisse en 2008, compte tenu du fait que les gains de productivité ont atteint un sommet l’an dernier. En effet, les entreprises ont enregistré en 2007 des résultats record… et par définition, qui dit "record" dit exceptionnel !
Les résultats 2008 devraient revenir à la moyenne ; ils seront moins bons, par comparaison… et décevront donc les investisseurs ! Du coup, les opérateurs boursiers, déjà bien douchés par la fin 2007/début 2008, devraient être frileux et ne pas bien accueillir ces "moins bonnes publications". Sanctions boursières en vue…
** Roulement de tambours… Mesdames et messieurs, voici le grand retour de l’inflation !
Eh oui, nous ne l’avions officiellement pas vue depuis des années et voilà qu’elle refait surface. Elle était déjà présente dans les pays émergents qui connaissent, il est vrai, une forte croissance. Le fait nouveau, c’est que maintenant, elle revient frapper à la porte des grandes économies occidentales. Et elle ne fait pas dans la discrétion ! Selon les chiffres officiels, elle est à des niveaux supérieurs à ceux présentés comme "acceptables" par les banques centrales (qui redoutent des demandes d’augmentation salariales afin de compenser la baisse du pouvoir d’achat).
Avec de tels chiffres officiels, imaginez ce qu’il en est réellement ! Notre ministre, Christine Lagarde, nous assure que l’inflation en 2007 est restée à un niveau inférieur à 2%. Evidemment, nous n’en croyons rien. Chacun sait que son panier de course, son loyer, le prix du plein d’essence, etc. a augmenté largement plus. Logique : cette inflation vient (entre autres) de l’augmentation du prix des matières premières et des prix de l’alimentaire — blé, maïs, soja, lait… Mangeons-nous plus de blé ou de pain dans nos pays pour expliquer cette croissance de la demande qui ferait grimper les prix ?
A nouveau, la réponse vient de ces puissances émergentes, Chine et Inde en tête, qui voient leurs classes moyennes se constituer. Ces nouvelles classes moyennes ont changé fondamentalement leurs besoins alimentaires : elles veulent avoir accès à une nourriture plus riche, avec de la viande. En conséquence, afin de développer l’élevage dans ces régions, il y a une forte augmentation de la consommation de céréales en tous genres.
L’inflation vous fera perdre de l’argent quoi qu’il arrive
Mais revenons à l’inflation qui rogne votre argent et votre pouvoir d’achat. De votre point de vue d’investisseur ou d’épargnant prudent, si vous mettez votre argent en liquidités sur un compte, à la fin de l’année il aura en fait perdu au moins 2% de sa valeur selon les statistiques officielles — sachant qu’en réalité, il en aura perdu bien plus.
Vous vous dites alors : "je vais placer mon argent sur un Livret A, il me rapportera ainsi 3,5% dans un an". Erreur, puisqu’il faut là aussi enlever les 2% (minimum) d’inflation ! Au final, votre argent vous aura réellement rapporté… 1,5%.
Avec ce premier tour d’horizon, le bilan est médiocre. Vous risquez vraiment de perdre de l’argent en 2008… ou en tout cas, ce ne sera pas facile d’en gagner. Eh oui, il faudra s’habituer aux mauvaises nouvelles en 2008.
Sauf qu’il y a aussi de bonnes nouvelles, comme nous le verrons dès demain…
Meilleures salutations,
Frédéric Laurent
Pour la Chronique Agora
(*) Gestionnaire de patrimoine et investisseur de talent, Frédéric Laurent aide depuis des décennies les épargnants français à protéger leur capital tout en le faisant prospérer. Il mettra bientôt toutes ses compétences à votre service — surveillez de près vos e-mails pour tout savoir !