Peut-être que Henry Paulson et Larry Summers (qui s’exprimaient cette semaine dans le Financial Times) avaient raison au sujet de leur plan de sauvetage ! Peut-être que les bureaucrates auraient si bien fait leur travail, en gérant le programme de renflouage, qu’ils auraient pu engranger des profits. Ce qui nous donne une idée, puisqu’on cherche des alternatives au TARP (tel était le nom du plan de renflouage) : pourquoi ne pas le coter en Bourse ? Donnons aux autorités l’occasion de gagner de l’argent, pour une fois… qu’ils mettent leur propre argent dans le sauvetage, aux côté de l’argent des contribuables
capitalisme
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On récolte ce qu’on a semé, déclare la Bible. Mais entre 1997 et 2007, les Américains ont pu récolter sans semer. Ils pouvaient consommer sans rien gagner. Ils pouvaient investir sans épargner, et dépenser autant qu’ils le voulaient sans se trouver à court d’argent. Ils étaient les gens les plus veinards de la terre — ils avaient la devise de réserve mondiale… et l’accès à tout le crédit planétaire
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Aujourd’hui, nous détournons notre regard des pauvres, des faibles et des masses qui en rang serrés luttent pour s’offrir leur riz quotidien… et nous nous concentrons plutôt sur les gens qui luttent pour assurer leurs remboursements de carte de crédit. Voici un groupe de gens si gâtés par la Nature qu’ils étouffent. Et leur richesse aussi est mise à mal
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A présent, une sorte de guerre financière semble avoir été déclarée. Selon nous, il ne s’agit pas simplement d’une guerre entre l’inflation et la déflation… mais d’une guerre de Liquidation Totale… durant laquelle les énormes dettes accumulées durant la phase d’expansion du cycle du crédit — soit entre 1980 et 2007, en gros, et en majorité en Occident, mais surtout aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne — seront passées en pertes et profits et effacées à coups d’inflation
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George Soros vient de publier un livre : The New Paradigm for Financial Markets ["Le nouveau paradigme pour les marchés financiers, ndlr.]. Il y explique les causes de l’effondrement actuel, qu’il fait remonter au virage à 180° pris en 1980… lorsque le président américain Reagan et le Premier ministre britannique Margaret Thatcher sont arrivés au pouvoir et que l’emprunt a grimpé en flèche. Hm… voilà qui nous semble une idée familière
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Leucadia National existe depuis longtemps. Depuis 1978, l’entreprise a augmenté sa valeur à un rythme annuel de 20%. Chaque dollar investi dans Leucadia en 1978 en vaut aujourd’hui 900 — un record qui n’atteint pourtant pas celui de S&P 500 sur cette période, avec un retour 16 fois plus important. Leucadia achète des actions démodées à bas prix, souvent en faillite, puis elle s’attelle à la réhabilitation de l’entreprise. En résumé, Leucadia est un vautour
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Durant le week-end, les gens ont eu le temps de penser. Dommage. La réflexion mène à l’action, qui mène aux problèmes. Ce à quoi pensent les commentateurs, les experts et les politiciens, c’est au moyen de "régler" les problèmes des marchés de capitaux. La plupart d’entre eux seraient incapables de changer un pneu — mais cela ne les arrête pas. Ils s’imaginent pouvoir trouver le trou dans le système monétaire mondial… et le réparer
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Le capitalisme fait simplement ce pour quoi il est fait. Le succès mène à l’excès… puis à l’échec. En ce qui concerne le jus qui alimentait le système du crédit, il s’est vite asséché. La banque britannique Northern Rock, par exemple, valait 5,3 milliards de livres sterling l’an dernier. Lorsqu’elle a été nationalisée, il y a quelques jours de ça, elle n’en valait plus que 375 millions — une perte de 93%. Le marché des produits dérivés complexes a eu des ratés dans le monde entier… en 2008, les émissions ont diminué de 97% par rapport à l’année précédente. Les primes ont chuté à Wall Street. Les prix des maisons de campagne ont baissé
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Le génie de Reagan et de Thatcher a été de permettre au capitalisme de faire plus ou moins ses preuves. Arthur Laffer en a gribouillé les principes de base sur une serviette en papier : si les gens gardent une plus grande quantité de ce qu’ils gagnent… et ils gagneront plus. Baisser les taux d’imposition marginaux augmentera les recettes fiscales, prédit-il. Ronald Reagan simplifia les choses : que le gouvernement laisse le champ libre, et tout le reste s’arrangera. Résultat : un boom comme le monde n’en avait encore jamais vu
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Comment est-il possible que les Américains — les gens les plus privilégiés et les plus avancés de la planète — n’aient pas vraiment profité du Boom de la libre-entreprise entre 1980 et 2007, nous demandions-nous hier… Telle est la réponse que nous avançons : la libre entreprise n’est pas une formule magique. C’est le meilleur moyen de créer de la richesse, mais elle n’empêche pas les gens de commettre des erreurs. Le capitalisme offre aux gens la possibilité de gagner de l’argent. Mais il leur offre également la possibilité de se rendre ridicules. La libre entreprise — comme le reste de la vie — permet simplement à la Nature de suivre son cours
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Lorsque nous vous avons laissé hier, nous vous avons promis une théorie. Comment était-il possible, nous demandions-nous, que les meneurs du capitalisme soient les laissés-pour-compte de la plus vaste création de richesse que la planète ait jamais connu ? En plus, voilà que ces gens se retrouvent confrontés à une crise… voire une récession… sans épargne et sans marge d’erreur. Leur gouvernement n’est guère plus en forme et ne peut pas les aider
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Les journaux américains parlent des "premières pertes d’emploi en quatre ans" et de la venue d’un ralentissement économique… ou d’une récession. Les sondages effectués auprès d’économistes mettent les probabilités de récession à 40% ou 50% — pour ce que ça vaut. Mais les choses les plus importantes sont toujours celles dont on ne parle pas. On n’en parle pas parce qu’elles sont trop difficiles à comprendre ou trop laides pour être regardées en face
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Qu’est-ce que le " Capitalisme Win-Win " ? C’est une très bonne question, merci de l’avoir posée. C’est un système où personne ne perd. On fait une transaction — et il n’y a jamais personne de l’autre côté ! C’est remarquablement idiot en théorie… c’est encore plus crétin en pratique. Mais c’est ce que pensent les gens.
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Dans l’ancienne version du capitalisme, les propriétaires étaient radins. Leur idée, c’était d’exploiter la main d’œuvre… pas de se faire exploiter par elle. Mais ça a changé aussi. Les capitalistes semblent avoir perdu la tête ; ils pensent que le Zoo-capitalisme n’a que de bons côtés. Et puisqu’il n’y a que de bons côtés, il n’y a pas de raisons de s’inquiéter des mauvais. Contrôle des coûts ? Bah, tout le monde va s’enrichir — pourquoi se donner la peine d’être un grippe-sou ?
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Où trouve-t-on, dans le capitalisme, l’idée qu’on peut dépenser plus qu’on ne gagne ? Où, dans la vision d’Adam Smith, se cache l’idée que les étrangers subventionneront votre niveau de vie — indéfiniment ? Où, dans le concept de "laisser faire", trouve-t-on la notion que les banques centrales empêcheront les corrections en contrôlant le prix de la monnaie ? Qu’est-il arrivé à tout le sturm und drang ? Où est la "destruction créative" de Schumpeter ?
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Fut un temps ou le capitalisme à l’américaine ressemblait à un combat à mains nues — un match de boxe thaï où les compétiteurs se frappaient mutuellement jusqu’à ce qu’un vainqueur émerge. Mais le capitalisme à l’américaine moderne ressemble plus à un atelier d’arts plastiques dans l’une des luxueuses écoles maternelles de Manhattan. Toutes les créations "artistiques" des enfants dorlotés — peu importe qu’elles soient ineptes ou laides — attirent les félicitations de la maîtresse d’école. En fait, le moindre grognement justifie des louanges… et le moindre bobo fait apparaître un sparadrap.